21/12/05 (B329) Djibwatch : texte de la lettre ouverte qui a été remise aux Ambassadeurs de France et des USA devant lesquelles s’est arrêté le cortége, lors de la manifestation du 19 décembre à Ottawa.

Lettre ouverte de Djibwatch aux Ambassadeurs de la France et des Etats-Unis au Canada lors de la manifestation du 19 décembre à Ottawa.

La manifestation d’aujourd’hui a d’abord pour objectif de rendre hommage aux victimes d’un massacre commis le 18 décembre 1991, par les Forces armées, sous le commandement du Président de la République de l’époque Hassan Gouled Aptidon et de son successeur Ismaël Omar Guelleh.

Vers 6h00 du matin, les forces de l’ordre ont encerclé puis investit le quartier d’Arhiba au cœur de la Capitale. Elles ont ouvert le feu sur les habitants, tuant 58 personnes et faisant des centaines de blessés, enfants, femmes, hommes et vieillards sans aucune distinction.

Mais elle a aussi pour objectif d’alerter l’opinion mondiale et la communauté internationale sur la situation dramatique qui se développe à Djibouti sous l’autorité dictatoriale d’Ismaël Omar Guelleh.

Le massacre d’Arhiba de 1991 a été réédité le 30 novembre 2005, faisant 8 morts et des dizaines de blessés. Les Droits de l’homme sont violés quotidiennement : exécutions sommaires ou disparitions mystérieuses d’opposants, emprisonnements arbitraires, harcèlement et licenciement des syndicalistes, viol des femmes, tortures dans les locaux des services de Police ou de la sécurité, expulsion de milliers de citoyens de leurs maisons sans solutions d’indemnisation ou de relogement.

Le pays, autrefois actif, s’enfonce progressivement dans la misère. Le Pouvoir accapare toutes les ressources économiques de gré ou de force et il détourne toutes les aides internationales à son profit.

Les Djiboutiennes et les Djiboutiens n’ont plus d’espoir, hormis le fait de faire immigrer leurs enfants dans des conditions précaires, en espérant qu’ils pourront construire de meilleures conditions de vie au Canada ou en Europe.

Ismaël Omar Guelleh est suspecté dans l’implication du meurtre d’un magistrat français en exercice à Djibouti. Sa possible implication est évoquée très sérieusement par la Justice française qui a déposé une demande d’audition à laquelle il a refusé de se rendre.

Toutes les libertés ont été suspendues, y compris celle de s’exprimer. S’exprimer, c’est l’assurance d’être arrêté et torturé. Le 14 décembre, par exemple, le Président de la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme a été incarcéré arbitrairement au motif qu’il avait dévoilé certains cas de violation des Droits de l’Homme. Seule une forte mobilisation internationale des Associations, dont l’UIDH et la FIDH a permis d’obtenir sa libération après douze heures d’incarcération.

Nous demandons aux pays donateurs, au Canada, aux USA et à la France, en particulier de cesser de soutenir et de subventionner le régime dictatorial qui asservit la population et dont la conduite est en opposition avec toutes les règles démocratiques et les recommandations des instances internationales.

Omar Ali
Président de Djibwatch