13/03/06 (B341-B) Le pragmatisme ou la révolution : il faudra choisir ! (Lecteur)

L’histoire de ces militants du FRUD éjectés manu militari des bureaux de vote dans lesquels ils officiaient, puis incarcérés illustre toute l’impossibilité d’une démocratie à Djibouti.

Surtout qu’il s’agissait d’une bataille sans enjeu : participer à ces élections régionales sur la base d’une compétition politique faussée et d’une loi de Décentralisation sans substance revenait à juste accepter le semblant d’appât que le régime tendait à ses alliés.

Pour tout homme politique un tant soit peu honnête, une question doit normalement se poser : est-il nécessaire de laisser des militants se faire tabasser et incarcérer parce qu’ils ont naïvement pensé librement exercer les droits politiques fondamentaux ?

Puisqu’il est de toute évidence impossible de choisir ses représentants à quelque élection que ce soit, n’est-il pas préférable, par respect pour cette base sincère, d’arrêter de participer à la comédie électorale ?

Tout le monde se souvient que, lors des législatives du 10 janvier 2003, de nombreux représentants de l’opposition avaient été passés à tabac par les « forces de l’ordre ». Comme il était moralement insoutenable d’envoyer d’innocents militants à la boucherie, l’UAD avait décidé de ne participer à aucune consultation électorale tant que les conditions de transparence n’étaient pas garanties. Ainsi que les conditions de sécurité pour ses militants !

Le FRUD, pensant peut-être que ce genre de terrorisme d’Etat était réservé aux seuls opposants, vient aujourd’hui d’en faire l’amère expérience : Ismael Omar semble bel et bien se comporter en mauvais mari avec ceux de son alliance. Reconnaissons au moins au Président de cette formation politique le courage d’avoir dénoncé des violences et des fraudes que d’autres avaient subi auparavant.

Alors, ceux qu’un ministre arriviste ose qualifier de « chameaux de la caravane d’Ismael Omar » (ce qui sonne bien quand il s’agit du Chamelier) seraient bien inspirés de choisir :

1) soit accepter leur rôle dans l’alliance et au moins épargner à leurs militants l’humiliation d’être tabassés comme des femmes ;

2) soit oser dénoncer cette dictature incompatible avec la démocratie et se donner les moyens de la détruire.

Pour qui veut laisser une empreinte honorable dans l’Histoire, il n’y a pas à hésiter : se comporter en vulgaire pion n’est pas un plan de carrière.

Les militants envoyés à la boucherie seraient reconnaissants de cette franchise ou de ce courage : nul n’a envie de se faire taper dessus pour à peu près rien par des soldats fanatisés.