20/03/06 (B342-A) Rêve Djiboutien (Mlle Hadaya M. Hersi), étudiante)

Effectivement, nous ne pouvons en aucun cas résumer ou généraliser le rêve djiboutien à ce cas de figure. Mais malheureusement, ce cas englobe largement une majorité de nos concitoyens. Nombreux sont ceux qui idéalisent la vie en Europe, et n’espèrent qu’une chose décrocher un visa vers le vieux continent ou traverser l’outre atlantique. Dans le seul but précis est de trouver la belle vie.

Belle vie !

Une belle vie décrite confortablement, où l’avantage et la simplicité prennent les dessous. Non seulement, vous y accédez par voie aérienne, votre voyage sera effectué au bord dans une compagnie européenne, où le confort n’est nullement négligé. Une fois installé, grâce à l’Etat, vous percevez des aides financiers, matériels et bien sure psychologique (devons nous retirer cette suggestion ?

Vu que nous réclamons fort l’inutilité d’une quelconque aide psychologique, mais si cela permet de franciser et de l’idéaliser la chose. Pourquoi pas.). Puis vous serez cependant suivis par une assistante sociale. Cette dernière vous aidera à trouver un logement dans une résidence située en ville. Il sera de votre droit d’acquérir des aides financiers. Grâce à ces ressources, plus question de « kanbare »*, tout ceci est d’une vielle école, vous aurez droit à un salon, plus une cuisine équipée d’une plaque chauffante contrairement à la « choola » (peut être que karima allait rivaliser avec ces plaques chauffante hormis le four).

Plus besoin de chauffer le plat avec la vielle quincaillerie, l’Europe vous offre le micro onde qui en 2 cliques permet de faire tout le travail. A cela s’ajoute au baignoire, certains djiboutiens rêvent de prendre un bain moussant entouré de bougies. Absolument la vie à l’occident vous permet de le réaliser. Et sans oublier la présence d’une intimité, là bas, il est facile de concevoir votre planning, chaque visite doit être rentable. Il est indiscret de se rendre chez une personne sans prendre un rendez vous. Et dans cette optique, les visites sont assez rares, en un seul mot chacun chez soit.

Par ailleurs, l’assistante est chargée aussi de vous trouver un travail avec la collaboration d’une Agence pour l’emploi afin d’arrondir vos fins de mois. Pendant le week-end, vous serez en mesure de faire les courses, cependant il vous sera utile de vous rendre dans des grandes surfaces, en l’occurrence des centres commerciaux comme Galerie Lafayette, Mango, Morgane pour vos faits personnelles ou Father and Sons, sport ; avant de faire une virée dans Auchan, Carrefour pour ceux qui relèvent de la nourriture.

Durant la soirée, vous avez qu’à choisir entre une soirée pizza Hut ou dominos devant les intégralités de Canalsat et de TPS sinon dîner avec les amis dans un restaurant italien ou chinois. Finis les soirées passées devant RTD avec ces théâtres et ces chansons mélancoliques, ainsi que ces émissions de cultures enrichies avec les échanges des vieux et vieilles voisins, enfin la compagnie du voisinage (Au fait, Qu’est ce l’intimité ?), en menu haricot « wadani » ou de « waadi » ou l’incontournable de « furine iyo shaah »*.

En Europe, le dîner a un rôle prépondérant. Contrairement à Djibouti, où rien n’est organisé de façon harmonieuse et prévisible. Dites combien de fois, vous est il arrivé de chercher du pain à la boulangerie d’Ambouli dans des heures tardifs ?

D’où le manque d’organisation.

Les vacances occidentales portent bien leur appropriation. En effet, il vous sera possible de faire le tour des régions ainsi que les pays voisins grâce au TGV, et cela en quelques heures ou d’entreprendre des vacances au ski ou des vacances au soleil, enfin selon la saison.

Ainsi est évoquée la vie en occident. Apres un tel récit, plusieurs questions trouvent leurs réponses, en l’occurrence : « Pourquoi la majore partie des filles djiboutiennes dansent elle les regards figés vers les cieux ? ». Certains disent qu’elles souhaiteront emprunter cette voie pour quitter la ville de Djibouti pour ainsi prendre goût à son tour.

La boulimie autour de la question de l’Europe privilégie certains pendant leurs arrivées à djibouti. Nous allons prendre un exemple très concret celui « des étudiants ». Une fois arrivée dans leur ville natale, ces derniers changent de comportement, dirait on qu’il endosse le rôle du « Allaah ! francisca ayu kahimide » traduction « Mon Dieu ! Il vient de la France ».

Effectivement pour une personne ayant déjà réalisée ce cursus, ces mots sont simples rien d’abracadabra, nous dirons plus, l’exclamation ne devrait pas figurer dans cette phrase ainsi que la mention Mon Dieu. Mais pour la jeune fille qui plonge son regard dans les cieux, ces quelques mots sont évocatrices. Ça représente les euros, la tour Eiffel. Mine de rien, il se vante au fait qui occupe un poste dans un bureau, sauf que ce poste relève d’ordre ménager.

Belle vie !

Les Euros, TGV, TPS, Canalsat, restaurant italien ou chinois, pizza hut ou dominos, micro onde, les vacances au ski ou sous les plages….etc, enfin toute cette cavalerie est peut être vrai. Mais vit on confortable et aisé en Europe à peine arrivé ? La réponse à une telle suggestion trouve ses sources dans des causeries de fantaisies et des rêveries.

A peine Arrivée, et même dans l’aéroport, vous sentez l’air d’un invité, enfin si c’était seulement le statut d’invité qui vous aie imputé. Mais le terme exact qui nous fera cogiter et nous semblera familier est un « Oromo »*. Bien que les oromos soient des peuples connus, mais ici il soit concevable de tenir compte que le côté péjoratif du terme. Racisme, Xénophobie, Discrimination, Préjugé et le « rentre chez toi » sont des rigueurs, malgré les soit disants interdictions ; des mots qui à Djibouti avaient leurs places dans les livres.

Dés lors et spontanément, vous allez essayer de chercher du regard celle qui vous a si souvent servie de protection et de refuge, Djibouti. Continuellement, le confort et l’aisance deviennent les fruits d’une illusion. Vivre en Europe se référe à une existence autour de laquelle toutes difficultés de la vie gravitent. Une vie où le chacun pour soit règne, le stress s’est installé. Prétendre que la belle vie se trouve dans l’occident n’est autre que de l’hypocrisie.

Fraternité, Egalité, Respect et paix sont les composants de notre chère patrie. Djibouti tient magistralement son coté de pays de braves et de la tolérance. Une nation où rien n’est forcé par des lois. Tout se réalise naturellement. Nous ne parlons nullement d’une intégration et d’un racisme. Exemple le vendeur de stands à la place rainbow face à un acheteur de race blanche, ce premier n’est nullement gêné de l’appellation « cousin ». Alors que ces deux personnes n’ont rien en commun. Nous, autant que djiboutien nous ne nous arrêtons pas sur des détails, mais sur des questions de principes.

Combien de fois vous est il arrivé de crier « jooji »*, alors que le bus avait à peine démarré ?

Où trouves t’on un bus que le conducteur ne démarre pas tant que la gente féminine soit bien installée ? Vous est il arrivé de prendre un bus dans lequel tout le monde fait la tête à tout le monde, et dans lequel le stress et la solitude prennent place ? Cette dernière situation ne trouve pas refuge à Djibouti.

Le chacun chez soi, l’intimité et les plannings ; ces termes sonnent la mélancolie et la tristesse. Cela engendrent à une atmosphère d’égoïsme. En occident, grands nombres des personnes sont soit transportés au service de psychiatrie à cause de la solitude, soit se jettent des ponts. Et pour combattre ceux-ci, les personnes de ces pays soient soit obligées de s’inscrire dans des associations, soit dans des cours, soit organisées des réceptions entre voisins. La vie en communauté fait partie de l’une des richesses culturelles de notre pays.

Où rencontre-t-on un pays dans lequel vous rentrez chez des gens, en s’invitant : « Na mantaa k’est ce que vous avez cuisiné ». Et ceci quotidiennement.

Vous est il arrivé de lire à plusieurs reprises les ingrédients d’une boite de conserve de peur de prendre du porc ou des aliments alcoolisés ?

L’occident et notre chère religion, L’Islam.

L’absence des appels à la prière, l’absence de la célébration de l’Aid, le Ramadan négligé, le mépris de la porteuse de voile et récemment les caricatures de Notre Prophète (SAW) sont au menu.

Grâce à notre organisation et les diffusions spontanées de nos medias et de notre presse écrite, nous pouvons être non seulement informés mais aussi encouragés à y prendre goût, en l’occurrence la RTD et le mois de ramadan.

Rien ne vaut Djibouti, et toutes les perspectives qu’elle nous offre.

Kanbare : objet traditionnel pour s’asseoir
furine iyo shaah : pain avec du thé
Oromo : peuple éthiopien
Jooji : Stop ou arrêtez s’agissant du bus

Melle Hadaya M. Hersi
Etudiante en psychologique