22/03/06 (B342-B) Critique littéraire et culture « du crime »: à signaler la parution cette semaine d’un nouvel ouvrage intitulé « Les quarante arnaques les plus incroyables » dans la collection « La vérité dépasse la fiction » aux Editions du Petit dictateur épinglé. A lire absolument, mais avec modération ! (humour)


Illustration Roger Picon

Cette semaine est paru aux Editions du Petit dictateur épinglé, un ouvrage frot bien documenté sur les quarante arnaques les plus incroyables des vingt dernières années.

Dès le premier chapitre, le lecteur est captivé par l’audace même des protagonistes. On les suit dès leurs débuts, on apprend à les connaître, à les comprendre et même à les apprècier pour leur culot. Ils sont là, hésitants. Ils échafaudent leurs premiers méfaits.

Plongé au cœur de l’action, le lecteur est conduit à évaluer les risques et les enjeux de chaque nouvelle opération criminelle présentée en grandeur nature …

La force de l’auteur est de prendre en permanence le lecteur à contrepied. Lecteur honnête, vous pensez naturellement : « C’est trop gros, cela ne marchera jamais ! ». Et l’auteur vous démontre qu’au final, plus l’arnaque est colossale, mieux elle réussit. Ce livre est véritablement un plaidoyer en faveur des crimes les plus abjects, les plus honteux et les plus sordides. Son charme est là !

L’auteur dissèque tous les rouages des manipulations. Il n’hésite pas à faire intervenir la psychologie pour expliquer le cheminement qui les a conduit à ce niveau de criminalité absolue et permanent. Le personnage central du roman, est présenté comme une sorte de héros fascinant, tant par son inculture que sa bêtise. Il pourrait être par exemple, dictateur d’un petit pays africain, dont le nom n’est jamais cité, mais que tout le monde imagine …

Après avoir volé le fauteuil de son oncle, il accapare tous les pouvoirs et il s’arroge par la force, le droit de vie et de mort sur tous ses sujets. Jamais à court d’idées, il invente de nouvelles méthodes pour faire disparaître ceux qui pourraient se mettre en travers de son chemin : au gré de sa fantaisie, il peut achèter des consciences ou empoisonner des boissons. Un jour, il récompense, le lendemain il fait tuer dans une rue sombre.

Parmi les passages les plus captivants, citons, d’abord le moment où notre héros est informé de l’arrivée d’un containeur rempli de fausse monnaie : en l’occurrence des faux dollars, mais cela a peu d’importance. L’un de ses collaborateurs s’aperçoit de l’arnaque gigantesque et avant même qu’il n’ait le temps de réagir, notre héros a déjà échafaudé un plan bis, qui lui permettra de faire une énorme plus-value qu’il mettra au nom de son épouse … pour ne pas apparaître officiellement. Quel talent !

Citons aussi le meurtre d’un étranger, qui avait découvert ses manipulations. Faire disparaître un étranger, ce n’est pas une affaire simple pour le commun des mortels que nous sommes. Eh bien notre héros ne s’embarrasse d’aucun scrupule. Il monte une double opération qui consiste à faire chanter le pays dont cet étranger est ressortissant et en parallèle à demander à quelques amis de l’assommer. Malheureusement l’affaire tourne mal et le ressortissant succombe à un coup trop violent porté à la tête.

Le suspens est à son comble. Mais notre héros trouve la solution. Faire croire à un suicide !! C’est tellement énorme ! Mais cela aurait pu marcher. Dommage pour lui, car ses ordres sont mal exécutés par les comparses mal entrainés et ils ne jettent pas le cadavre au fond d’un Goubet quelconque. Pris la main dans le sac, la carrière de notre héros ne s’arrête pas pour autant … Le chantage est son arme favorite et il possède des billes … Le pays en question sera contraint d’accréditer pendant de nombreuses années, la thèse du suicide ….

Bref, ce roman, que vous terminerez le jour même où vous l’avez commencé, est véritablement un hymne à la fois à la Gloire du crime mais aussi au soutien inconditionnel et indéfectible d’un Gouvernement étranger.

Les quarante arnaques les plus incroyables, c’est vraiment la vérité qui dépasse la fiction. Bonne lecture à tous.

Une ultime réserve : à déconseiller aux Djiboutiens et aux mineurs de moins de 14 ans.