07/07/06 (B357-B) Djibouti –Somaliland. Pour des raisons d’ordre privé (suites de l’affaire Borrel), IOG brave les lois internationales et ordonne à ses militaires de violer la frontière du Somaliland. (Justicia)


Roger Picon

Sans faire abstraction des risques potentiels d’une grande gravité encourus par la famille d’Ali Abdillahi Iftin à Borama au Somaliland, constat est fait – une nouvelle fois – qu’Ismaïl Omar Guelleh n’a reculé et ne reculera devant rien lorsqu’il s’agit pour lui de tenter de contraindre au silence l’un des témoins principaux dans l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard Borrel, en octobre 1995 à Djibouti.

Lorsque quelqu’un met en colère un tyran, c’est en fait le jugement qu’il a de lui-même qui l’exaspère et le met en colère.

D’après ce que nous en savons, dès l’instant où Ismaïl Omar a visionné l’émission de Canal + en comité restreint, il est entré dans une vive exaspération, voire frénésie.

Si le témoignage déterminant de l’ex gardien de prison de l’époque, Ahmed R., réfugié depuis peu en Belgique, a mis à mal l’affirmation mensongère du Palais de l’Escale jurant par tous les saints que « Nul ne peut s’échapper de la prison de Gabode », c’est bien plus la présence d’Ali Abdillahi Iftin – ex commandant de la garde présidentielle – aux côtés d’Ahmed R sous les caméras de Canal + qui aurait poussé IOG à décider – sous l’emprise d’une brusque fureur (dixit un témoin) – d’envoyer des militaires en unité constituée ainsi qu’un avion à Borama pour se saisir de membres de sa famille.

Qu’espérait IOG en prenant en otages le vieux et respectable soldat Abdillahi Iftin ainsi que son épouse ?

Qu’Ali allait baisser la tête et lui « embrasser » les pieds comme hélas beaucoup ont agi en faisant abstraction de leur dignité d’homme et de leur amour propre ?

C’est bien mal le connaître !

En quittant Djibouti pour la Belgique, sacrifiant en cela sa maison et ses biens comme les honneurs et les promotions offertes par son cousin Ismaïl Omar Guelleh afin qu’il se taise, l’ancien commandant de la garde présidentielle a agi en conscience.

La liberté d’Ali Abdillahi Iftin et de son clan fut de choisir entre deux esclavages ; le déshonneur égoïste et la conscience.

Ils/elles ont choisi le difficile chemin de la conscience ce qui en fait des hommes et des femmes libres, en opposition avec la bestialité dont fait démonstration Ismaïl Omar Guelleh à leur égard.

Le triomphe appartient à l’homme/femme courageux (se) qui croit en la Justice et espère en l’émergence de la vérité ; sa postérité devient amie et maîtresse des temps à venir et contre cela la tyrannie abjecte dont fait usage IOG contre des personnes âgées n’y peut rien.

Comment un supposé chef d’État – bien qu’autoproclamé – peut-il avoir si peu de respect pour des personnes âgées ; de plus de sa propre famille ?

Ceci est une leçon à méditer par ceux qui au sein des Issas se laissent bercer par les promesses sans lendemain, par le chant des sirènes et soutiennent Ismaïl Omar Guelleh, car les « amis » d’aujourd’hui feront les « victimes » de demain qu’il sacrifiera sans aucune hésitation.

Quant à Ali Abdillahi Iftin, c’est dans le feu que lui impose IOG que le fer – dont il fera usage le moment venu – se trempe de jour en jour et devient acier. C’est dans la douleur qui est imposée au clan Iftin, que chacun/chacune trouve la véritable révélation de sa force pour s’opposer à la tyrannie et à l’ignominieux.

Pour des raisons d’ordre privé (suite de l’affaire Borrel), IOG ordonne à ses militaires de violer la frontière du Somaliland.

Le village de Borama est situé au Somaliland et non point à Djibouti.

C’est un village étape pour les nomades et calme par excellence, il se situe à l’extrême Nord-Ouest du pays. La population est à forte majorité Gadaboursis.

C’est une terre de frontières entre trois pays, coincée entre les plaines de Djibouti au nord, le reste du Somaliland au sud et l’Éthiopie à 5 Kms à l’ouest.

Un arbre au milieu d’un espace constitue schématiquement le symbole marquant l’unique indication de frontière possible là où il n’existe quasiment aucune carte, ni poste de douane frontalière.

L’incursion des militaires djiboutiens au Somaliland, sur ordre d’Ismaïl Omar Guelleh, pour tenter de se saisir du père et de la mère d’Ali Abdillahi Iftin a constitué une violation caractérisée des frontières du pays concerné.

L’occupation du village par des militaires djiboutiens habillés en civils est à l’évidence non point un incident mais un délit international de par la volonté d’Ismaïl Omar Guelleh clairement exprimée d’occuper le terrain et de s’y maintenir.

On ne peut que s’étonner de l’absence de réactions, tant au niveau des responsables locaux qu’à celui du chef de l’État somalilandais. Quant aux instances internationales et l’ONU, observons qu’elles sont restées – elles aussi – muettes sur ce délit, et pourtant les textes internationaux sont on ne peut plus explicites.

Le franchissement de la frontière du Somaliland par des troupes en armes constitue une violation caractérisée du droit international selon la Charte de l’ONU, la Convention de Vienne sur les lois et traités (1980)…Et si l’on veut aller plus loin, nous sommes fondés à affirmer que c’est un acte caractérisé de « banditisme international » suivi d’une appropriation d’une zone située en pays étranger décidés par un chef d’État autoproclamé – Ismaïl Omar Guelleh – à l’encontre d’un pays dont le président a été – quant à lui – démocratiquement élu.

En ne réagissant pas, le monde occidental et l’ONU laisseraient violer impunément l’Article 2 de la Charte des Nations Unies qui interdit l’usage de la force ( troupes militaires, en tenues et en armes ) à l’encontre d’un État souverain qui n’a pas commis d’agression contre d’autres États.

D’évidence, le Palais de l’Escale réfute au Somaliland le qualificatif « d’État souverain » et s’octroie arbitrairement d’y effectuer des incursions, quand il le veut et autant qu’il le voudra, non point pour des raisons de défense et de garantie des limites de la république de Djibouti mais EXCLUSIVEMENT pour des intérêts d’ordre privé.

Autre objectif d’IOG : créer – au sein des populations locales – les conditions du rejet de l’autorité d’Hargeïsa sur les régions limitrophes de la république de Djibouti.

Ajoutons à cela qu’Ismaïl Omar poursuit un autre objectif en ressortant de ses caves nauséabondes un vieux plan d’annexion d’une partie du Somaliland par Djibouti. Ce plan existe depuis les années 80 et a impliqué alors la création discrète d’un « Comité d’annexion » composé de 5 membres.

Ismaïl Omar Guelleh fut à l’origine des multiples attentats à l’explosif perpétrés par des militaires djiboutiens sur des navires étrangers à quai et les installations dans le port de Berbera.

Au fil des années, il a utilisé les compétences de hauts fonctionnaires (originaires de différentes régions du Somaliland) se situant en périphérie du pouvoir de Gouled puis du sein, pour servir d’intermédiaires auprès de dignitaires locaux dans la perspective d’une possible annexion à moyen terme des régions concernées.

Là encore, des sommes importantes furent et sont encore prélevées sur les aides internationales (affectées à Djibouti pour un autre usage) lui ont permis de tisser une « toile » dans le pays, toile dont il tire les ficelles.

En créant par ses réseaux localement implantés – dans les régions limitrophes en territoire somalilandais – des opérations de déstabilisation par des attentats, des meurtres d’opposants mais aussi l’achat de consciences locales par l’entremise de certains de ses ministres et hauts fonctionnaires, IOG créé les conditions de révolte au sein des populations somalilandaises et de rejet vis-à-vis du pouvoir d’Hargeïsa.

Reste à savoir ce que pourrait être la réaction des Issaks ? et celle des autorités d’Hargeïsa ?.

N’oublions pas que les Issaks du Somaliland disposent de gros soutiens financiers de la diaspora Issak dans le Golfe, au Yémen du Nord, en Arabie saoudite, aux USA et en Europe ce qui leur procure une indépendance et une solidarité à toutes épreuves que beaucoup lui envient.