26/07/06 (B360) La crise en Somalie – 1 – BBC : le chef des tribunaux islamiques refusent le dialogue tant que les troupes éthiopiennes seront sur le territoire de la Somalie. – 2 – Al Ahram : Somalie – Ethiopie : risque d’élargissement des troubles. (Infos lecteur)

__________________________________ 1 – BBC

Ethiopian troops ‘are in Somalia’

Ethiopian troops are in Somalia, a United Nations envoy has confirmed.

But Francois Fall told Reuters news agency after a one-day trip on Tuesday to Baidoa and Mogadishu that reports of 4,000-5,000 troops were "exaggerated".

Sources have confirmed to the BBC that arms shipments have been arriving at the airport in the capital – monitored by the UN.

Mogadishu is controlled by the Union of Islamic Courts and the UN is trying to prevent conflict between the two sides.

Both the Ethiopian government and the weak transitional government have refused to confirm the presence of Ethiopian troops on Somali soil.

The UN says it has monitored that Eritrea is sending arms to the Islamists in Mogadishu and that Ethiopia is arming the government based in Baidoa.

Analysts say there is a real danger that Somalia could end up being a battleground for a proxy war being fought between Ethiopia and Eritrea – who went to war over their joint border between 1998 and 2000.

Talks

Earlier, the United States called on the UIC, which control much of southern Somalia, to resume talks with the country’s interim government.

Islamic court leaders have ruled out further discussions while Ethiopian troops remain in Somalia.

The Islamist militia walked out of talks in Sudan’s capital, Khartoum, last week before they got under way after the Ethiopians crossed the border in support of the government.

President Abdullahi Yusuf’s government has little influence outside its base in Baidoa, but has the diplomatic support of the UN and the African Union (AU) and the strong backing of neighbouring Ethiopia.

Mr Fall said that the indication are that there are some Ethiopian troops around Baidoa and some in Wajid – another central town.

"The Ethiopians are justifying their presence inside Somalia for their own security

"They’re saying that some Ethiopian dissidents are in the ranks of the Islamics and those are ready to fight Ethiopia," he said from his office in the Kenyan capital, Nairobi.

Troops

Meanwhile, the AU has re-iterated its support for sending a peacekeeping force into Somalia.

At its meeting on Monday, the AU’s Peace and Security Council called for the deployment of peacekeepers as soon as possible.

Anybody who sides with Ethiopia will be considered a traitor

President Yusuf has repeatedly called for troops to be sent to bolster his government.

But the UIC that controls the capital and a large area of central Somalia has opposed the deployment.

Mr Fall had talks on Monday with the government in Baidoa and Islamic leaders in Mogadishu, in an effort to get them to resume talks.

He called on neighbouring countries to exercise maximum restraint and "not to interfere at this particular moment in Somalia".

He also praised the impact of the Islamic courts on the streets of Mogadishu – where road blocks or gunmen are now no seen on every street corner.

"I take note that [the UIC] has achieved great things in Mogadishu. I have seen it," he said.

__________________________ 2 – Al Ahram

Somalie-Ethiopie. Addis-Abeba s’implique dans le conflit somalien, laissant craindre un débordement régional de la crise.

Risque d’élargissement des troubles

La situation critique en Somalie dépasse désormais largement les frontières de ce petit pays de la Corne de l’Afrique, en proie à une guerre civile depuis 1991. De vives tensions planent en effet aux frontières entre l’Ethiopie et la Somalie.

Et les menaces d’une guerre régionale, ou du moins de troubles frontaliers, se font de plus en plus pesantes.

Après une accalmie relative sur le terrain en Somalie, le gouvernement de transition a accusé les tribunaux islamiques de préparer une offensive contre Baïdoa, ville siège du gouvernement de transition, après une incursion de miliciens dans une localité située à une quarantaine de kilomètres de la ville.

Le Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), dont les troupes se sont repliées dans cette localité, a nié toute intention belliqueuse et a accusé à son tour le gouvernement de chercher une intervention militaire éthiopienne. Fidèle alliée du président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed, l’Ethiopie, qui joue un rôle politique prépondérant en Somalie, a prévenu qu’elle soutiendrait militairement le gouvernement somalien en cas d’attaque c tre Baïdoa.

En effet, l’Ethiopie possède une des armées les plus aguerries et les mieux équipées d’Afrique.

Face à la menace islamiste, l’Ethiopie a fait savoir qu’elle surveillait tous les mouvements militaires des milices islamiques somaliennes et réprimerait toute initiative dirigée contre le président du gouvernement intérimaire.

Sur le terrain, et selon les habitants de la région de Baïdoa, de nouveaux soldats éthiopiens sont arrivés dimanche en Somalie dans une localité située à mi-chemin entre la frontière des deux pays et Baïdoa.

La veille, environ 250 soldats éthiopiens sont arrivés à Wajid (au nord de Baïdoa) avec de l’armement lourd, selon des habitants. Wajid se trouve sur l’un des axes routiers reliant l’Ethiopie à Baïdoa. Mais les gouvernements éthiopien et somalien ont démenti toute présence militaire éthiopienne en Somalie.

Pour contrer toute avancée des troupes éthiopiennes en Somalie, le chef des islamistes somaliens, cheikh Hassan Dahir Aweys, a appelé les Somaliens à la « guerre sainte » contre l’Ethiopie. « Les Ethiopiens ont envahi notre pays et nous devons les forcer à le quitter et cela sera une guerre sainte », a affirmé le chef du SICS.

Répondant aux annonces du cheikh Aweys, Addis-Abeba a menacé d’« écraser » les islamistes somaliens tout en se disant confiants qu’ils n’oseraient pas attaquer, même si leur chef a appelé à la « guerre sainte » contre l’Ethiopie. « Je pense qu’ils (les islamistes somaliens) n’oseront rien faire, car ils savent qu’il y a une force (NDLR : l’armée éthiopienne) capable de faire ce qu’elle a dit, une force capable d’écraser quiconque, au sens propre du terme », a déclaré sous couvert d’anonymat un haut responsable gouvernemental éthiopien.

L’Ethiopie a fait savoir clairement à plusieurs reprises qu’il y a une frontière « qu’ils (les islamistes somaliens) ne doivent pas franchir. S’ils le font, ils seront écrasés », a insisté cette source.

Le ministre éthiopien de l’Information, Berhan Hailu, a été allé plus loin en déclarant : « Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour écraser le groupe islamiste s’il tente d’attaquer Baïdoa, le siège du gouvernement fédéral de transition ».

Cette fois-ci donc, il ne s’agit plus simplement pour les Ethiopiens de défendre leurs frontières.

Selon le Dr Gamal Zahran, professeur à la faculté de sciences politiques de l’Université du Canal de Suez, « l’Ethiopie cherche à sauvegarder ses intérêts dans la région. Il n’est pas dans son intérêt de voir un régime islamiste s’installer chez son voisin, elle y voit une menace en tant que pays chrétien ». « Les récentes déclarations éthiopiennes sont inspirées par les Etats-Unis qui craignent la progression de l’autorité des tribunaux islamiques. Ils pourraient soutenir économiquement et politiquement l’Ethiopie, mais sans intervention directe », ajoute Zahran.

Face à ces tensions, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Somalie, François Lonseny Fall, a appelé les dirigeants du gouvernement fédéral de transition et le Conseil suprême des tribunaux islamiques à faire preuve de retenue.

« J’appelle les deux parties à respecter le cessez-le-feu et les autres dispositions de l’accord signé à Khartoum le 22 juin, notamment leur engagement à s’abstenir de toute provocation de nature à entraîner une escalade de la situation », a affirmé le représentant spécial, qui a rappelé que les différends devaient être réglés à la table de négociations.

Mais le gouvernement de transition somalien a conditionné toute négociation à « une garantie internationale » sur l’application des décisions de tels pourparlers.

Le gouvernement a justifié cette exigence par le caractère « imprévisible » des islamistes qui ont violé, selon lui, l’accord de Khartoum. Quant aux islamistes somaliens, ils font porter la responsabilité de l’escalade à l’Ethiopie, lui demandant de retirer ses troupes et « d’arrêter de s’ingérer dans les affaires somaliennes » .

Maha Salem