27/07/06 (B360) Crise en Somalie. AP Somalie: le chef de la milice islamiste rejette les tentatives de médiation de l’ONU, qui aurait demandé à l’Ethiopie d’avoir une certaine retenue, mais qui confirme l’aide que l’Erythrée apporte aux milices islamistes.

______________________________ Note de l’ARDHD.

Nous avions annoncé depuis longtemps, le fait que Guelleh approvisionnait les milices islamiques en armes, en collaboration avec l’Erythrée. Une information avait été publiée par les Nouvelles d’Addis, dont nous nous étions aussi fait l’écho.

Guelleh pratique le funambulisme le plus extrême.

Un froid diplomatique s’est développé progressivement entre Guelleh et les Ethiopiens à cause de divergences au sujet du Port en particulier (dont il voulait augmenter sans cesse les tarifs) et d’autres thémes (par exemple la présence d’opposants djiboutiens en Ethiopie, etc..).

Pour contrer l’Ethiopie, Guelleh avait renoué les liens qui étaient autrefois rompus avec l’Erythrée ; puis il s’est engagé en faveur des milices / tribunaux islamiques de Somalie, qui sont aussi de bons clients pour son négoce d’armes légères et lourdes.

Une partie des armes proviennent sans aucun doute d’Erythrée et transiteraient par Djibouti, à la barbe des Américains et des Français, momentanément aveugles – le temps du transit – mais surtout en violation des résolutions internationales sur l’embargo d’armes à destination de la Somalie.

Guelleh poursuit deux objectifs :

– celui de s’enrichir dans un commerce de gros fortement lucratif (plus le commerce est interdit officiellement, plus on peut augmenter la marge … car il y a moins de concurrence ….)

– celui de provoquer l’Ethiopie à la frontière avec la Somalie, ce qui aura pour incidence de desserer sa présence à la frontière avec l’Erythrée. Les responsables erythréens n’ont jamais accepté le tracé des frontières qui leur avait finalement été imposé par la communauté internationale et ils ne seraient certainement pas fâchés de constater un affaiblissement de la présence militaire éthiopienne, fortement mobilisée de l’autre côté sur le front somalien.

La seule question est de savoir, dans la mesure où des combats s’engagent véritablement (comme on peut le craindre) entre Ethiopiens et forces islamistes, si l’Erythrée sera tentée d’en profiter pour tenter de percer ses frontières avec l’Ethiopie qu’elle conteste toujours.

Guelleh est comme un poisson dans l’eau dans ce jeu de billard, qu’il affectionne particulièrement. Probablement Français et Américains n’apprécient pas ce genre de numéro de voltige qu’il leur sert ni son double jeu permanent … Mais que peuvent-ils faire pour autant ? Hormis le fait de mettre Guelleh à la retraite anticipée et forcée, ils n’ont pas beaucoup de choix ….

Et s’ils le faisaient ! Qui mettre à sa place ? Jusqu’à présent l’opposition djiboutienne exilée ne se manifeste pas très vigoureusement et donne l’impression d’un certain désordre, comme l’attestent les dernières informations sur la récente réunion de Paris.. L’opposition interne et légalisée (UAD) ne dispose pas de moyens suffisants : Guelleh lui a coupé les ressources, les supports de communication et fait peser l’épée de Damoclés (Traduction : Séjour de repos imposé à Gabode en dialecte Djiboutien !) sur tous ceux qui élèvent un peu trop haut, la voix de la contestation ….

Donc IOG peut espèrer se maintenir au pouvoir pendant de nombreux mois, assuré d’un non interventionisme des puissances occidentales, faute de remplaçant ayant acquis un niveau de crédibilité convenable.

Sa seule faiblesse et son seul risque pourraient venir de l’affaire Borrel, dont des développements probables, de nouveaux témoignages et des mandats lancés contre ses exécutants de basse oeuvre pourraient finalement contraindre la France à soutenir sa propre Justice aux détriments du dictateur qui asservit sa population et qui s’enrichit en toutes impunité et sans cause.

Tout laisse penser que la Justice française pourrait prendre de nouvelles initiatives dans les prochains jours. A suivre, car c’est le talon d’achille de Guelleh qui le sait très bien et qui essaye maladroitement de trouver des parades avec les conseils de Djama Grandes oreilles et des deux avocats soumis : Martinet et Aref.
_________________________________ AP | 25.07.06 | 21:55 – NAI104-0724060741

MOGADISCIO (AP) — Cheikh Hassan Dahir Aweys, chef de la milice islamiste qui contrôle la majeure partie du sud de la Somalie a rejeté mardi les tentatives des Nations unies pour organiser des pourparlers de paix, affirmant qu’il ne négocierait pas avec le fragile gouvernement somalien, quasiment sans pouvoir, tant que des troupes éthiopiennes se trouveraient en Somalie.

Des soldats éthiopiens ont franchi la frontière il y a cinq jours pour protéger le gouvernement somalien des avancées de la milice, selon des témoignages répandus.

« Tant que les troupes éthiopiennes n’auront pas quitté le sol somalien, nous ne négocierons jamais avec le gouvernement », a déclaré cheikh Hassan Dahir Aweys.

Un membre plus modéré du Conseil suprême de l’union des tribunaux islamiques a toutefois laissé ouverte la possibilité de pourparlers après une rencontre avec le représentant spécial de l’ONU pour la Somalie, François Lonseny Fall. Cheikh Chérif cheikh Ahmed a expliqué que le « comité de paix » de l’organisation devait encore examiner l’appel de l’ONU à des négociations la semaine prochaine à Khartoum au Soudan.

La prise de pouvoir de la milice islamiste inquiète beaucoup les Etats-Unis qui accusent le groupe d’héberger des chefs du réseau Al-Qaïda responsables des attentats meurtriers de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.

A Washington, Jendayi Frazer, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires africaines, a estimé que les appels à la guerre sainte contre l’Ethiopie entravaient les négociations, une allusion aux récents propos de Cheikh Hassan Dahir Aweys.

Elle a précisé que Washington avait « demandé de la retenue aux Ethiopiens ». Mais, a-t-elle ajouté, l’Erythrée aide de son côté les milices islamistes. « Il y a des parties extérieures impliquées de chaque côté. C’est un problème ».

AP