28/07/06 (B360) Une lettre ouverte de Mme Paulette Le Chamelier, en voyage actuellement à Dubaï, adressée à l’ensemble du Peuple djiboutien avec un message personnel d’encouragement aux plus pauvres. (Humour – équipe ARDHD)

Très chères Djiboutiennes,
très chers Djiboutiens,

Veuillez pardonner toutes ces absences répététives du pays, mais il faut que vous compreniez que la vie, ici, à Djibouti est insupportable pour moi, en ces périodes de grande chaleur.

Vivre à Djibouti, en été, exige des efforts immenses, une grande abnégation et des sacrifices inhumains, que je n’ai plus l’envie d’assumer …

De plus, je dois veiller en permanence à la décoration de notre nouveau Palais de Dubaï sur l’île des milliardaires. Vous n’imaginez pas la flambée des prix de la construction : les devis explosent ! Et je dois sans cesse trouver de nouveaux financements. Je dois reconnaître, Chers concitoyens, que votre contribution et votre soutien financier permanent sont vitaux et que nous n’en avons pas terminé. D’autres projets se profilent : ranch sud africain, appartement de Paris, …

Rassurez-vous, je gère vos économies en bonne mére de famille et je discute chaque devis. Grâce à l’effort national du Peuple djiboutien, notre Palais est déjà considéré comme l’un des plus luxueux du quartier : pas un robinet qui ne soit en or massif. Pas une poignée de porte qui ne soit en argent massif. Pas un bouton électrique qui ne soit en pierre précieuse. Vous pouvez être fier de vous !

Par ailleurs, je suis trés occupée et passablement fatiguée des ces réceptions mondaines incessantes : le Champagne c’est bon, mais on s’en lasse au final …

Permettez-moi de remercier en particulier tous les miséreux des quartiers populaires qui ont contribué et qui contribuent toujours par leur sacrifice personnel quotidien et exemplaire à financer ce grand rêve qui sera la fierté de notre Pays, rassemblé dans un élan d’orgueil partagé.

Que ceux qui attendent toujours le paiement de leurs salaires soient patients et qu’ils se consolent en pensant que leur argent est bien utilisé pour acquérir des meubles sur mesure, réalisés par les meilleurs ouvriers du moment et plaqués à l’or fin.

Comme moi, ils auront la satisfaction de savoir que nous serons bientôt en mesure de représenter dignement la République djiboutienne et d’étaler devant le monde entier admiratif, les immenses ressources cachées que notre pays, injustement considéré jusqu’à présent, comme un pays pauvre, peut aligner grâce à la solidarité nationale d’un peuple entièrement mobilisé derrière ses dirigeants librement choisis.

Guelleh est un peu fatigué de son côté et j’ai été contrainte de reprendre en main la direction des affaires nationales. Je procède à la nomination de nouveaux haut-fonctionnaires qui sont plus dévoués, plus fidèles et plus obéissants, que les précédents. Ils sauront colmater toutes les fuites afin que plus un seul centime ne nous échappe …

Toutes les finances du pays doivent maintenant converger vers nos comptes bancaires, même s’il faut pour cela, que nous nous privions (enfin vous ! pas moi, bien sur) des services de santé et d’éducation, d’électricité, d’eau et de produits de première nécessité qui représentent une charge financière disproportionnée face au niveau d’exigence minimum de notre peuple.

Je vous envoie ma photo en signe de gratitude. Accrochez-là à côté du portrait de mon cher époux (*), qui est un peu volage par les temps qui courent .. mais c’est normal avec l’âge et la chaleur et je lui pardonne bien volontiers, en échange de l’autonomie qu’il me consent pour gérer le pays à sa place.

Je pense revenir vous saluer en septembre où je ferai une brève apparition, entre deux voyages. J’inaugurerai mon nouveau 4×4 aménagé sur mesure par un grand carrossier, au cours d’un tour royal de la Ville et j’espère que vous viendrez nombreux pour m’applaudir au passage. Je vous ferai un petit signe de la main.

 

(*) Selon votre goût personnel, vous pouvez soit remplacer sa photo par la mienne soit l’accrocher à côté. Une fois n’étant pas coutume, je vous accorde la liberté … de ce choix !