28/07/06 (B361) Panapress : L’Ethiopie accuse l’Erythrée de destabiliser la Corne de l’Afrique.

Le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, a déclaré mardi à Addis-Abeba que son pays est bien préparé pour réagir à toute menace à ses frontières, accusant l’Erythrée de semer le chaos et l’instabilité dans la Corne de l’Afrique.
« Nous pensons disposer de suffisamment de troupes et d’armement pour faire face à d’éventuelles menaces contre notre pays », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse, confirmant que son pays a déployé des troupes le long de sa frontière avec la Somalie.

« La menace que représente Al-Itihad Al-Islamia pour l’Ethiopie est évidente. Il est absolument nécessaire pour nous de prendre des mesures de précaution », a-t-il dit.

« Il est tout à fait clair que l’Ethiopie n’a pas violé l’embargo militaire de l’ONU sur la Somalie, mais l’Erythrée arme les groupes terroristes somaliens », a ajouté M. Meles.

Il a souligné l’adhésion de son gouvernement à la position de la communauté internationale pour l’envoi de forces de maintien de la paix en Somalie.

« Nous n’avons pas envoyé de troupes au-delà de notre frontière avec la Somalie. Cependant, nous avons renforcé nos lignes de défense le long de cette frontière pour parer à toute activité d’Al-Itihad pouvant entraîner une situation d’insécurité dans la région », a affirmé le Premier ministre éthiopien.

« Nous suivons avec attention les développements en Somalie avec l’espoir que nous n’aurons pas à agir », a-t-il poursuivi.

En faisant allusion aux récents incidents à Mogadiscio, quand des foules agitées ont mis le feu à des drapeaux éthiopiens, M. Meles a indiqué que ce n’était pas une surprise.

« Il y a quelques mois, Al-Itihad Al-Islamia a posé des bombes dans des hôtels d’Addis-Abeba. Le fait qu’ils brûlent des drapeaux est tolérable. Ce qui nous inquiète c’est de savoir s’il vont franchir la ligne rouge. Autrement, ils ne représentent pas un danger immédiat pour l’Ethiopie », a-t-il déclaré.

Il a souligné que son gouvernement espérait que l’Union africaine (UA) et l’Autorité inter-gouvernementale pour le développement (IGAD) allaient apporter le soutien nécessaire au gouvernement fédéral de transition de la Somalie en tant qu’autorité légitime dans ce pays afin d’instaurer une paix durable.

« Pour l’instant, l’Ethiopie n’a pas besoin de contrecarrer les activités de l’UA ou de l’IGAD, à cet égard », a-t-il déclaré, en expliquant pourquoi son pays n’agirait pas seul pour régler la crise en Somalie.

Selon M. Meles, tous les groupes ou personnes associés au processus tournant autour de l’Union des Tribunaux islamiques à Mogadiscio, ne sont pas des terroristes.

« Il se trouve qu’ils sont dirigés par des terroristes, mais on y trouve de tout. Il y a ceux qui cherchent à rétablir l’ordre à Mogadiscio où règne l’anarchie, mais ce ne sont pas nécessairement des Djihadistes. Et il y a des Djihadistes dirigés par Al-Itihad qui ont semé l’anarchie », a-t-il affirmé.

« Notre réponse à Al-Itihad est catégorique. Nous n’allons prendre aucun risque. Nous ne tolérerons aucune menace à notre sécurité. Nous espérons qu’ils vont engager le dialogue avec le gouvernement de la Somalie et prendre leurs distances avec les Talibans », a-t-il ajouté.

M. Meles a accueilli avec prudence le réchauffement des relations entre l’Erythrée et le Soudan, se déclarant toutefois n’être pas convaincu qu’il s’agissait d’une stratégie d’engagement et d’arrangement.

« Rien ne semble indiquer que l’Erythrée est en train de changer sa stratégie du désespoir et du chaos. Il est de notoriété publique que l’Erythrée soutient les rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) du Darfour, au Soudan », a-t-il dit.

« D’après moi, c’est une stratégie de désespoir et je pense qu’elle va s’effondrer sous son propre poids », a-t-il ajouté.