01/08/06 (B361) Jeune Afrique : 4 Ministres somaliens ont démissionné lundi soir. Les tribunaux islamiques affirment avoir agrandi leur secteur d’influence avec la reddition sans combats d’un groupe de miliciens du clan des Hawiye.

Somalie: les islamistes affirment étendre encore leur influence

Les islamistes ont affirmé mardi avoir étendu leur emprise sur une partie du centre de la Somalie après la reddition, sans combats, de miliciens locaux qui se sont engagés à les aider à imposer la charia dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

Des miliciens du principal clan somalien des Hawiye ont remis mardi au moins 50 véhicules équipés de mitrailleuses au Conseil suprême islamique de Somalie (SICS) dans la ville de Adado, située dans la région centrale de Galgudud, selon un chef coutumier, Sultan Ali Ahmed Nur.

« Nous sommes venus ici à la demande des habitants, pas par la force », a déclaré à l’occasion de cette remise Cheikh Hassan Dahir Aweys, qui dirige le SICS.

« Notre principal objectif est d’établir un tribunal islamique ici dans les régions centrales », a-t-il ajouté devant les miliciens qui se sont rendus.

Selon lui, les islamistes, qui contrôlent la capitale Mogadiscio, une grande partie du sud du pays et désormais une partie du centre, veulent étendre leur contrôle sur la région de Mugud, située au nord de celle de Galgudud, afin de mettre fin à la piraterie à Haradere, ville portuaire à environ 300 km au nord de Mogadiscio.

« Nous allons éradiquer les pirates somaliens en atteignant leur base », Haradere, a assuré M. Aweys.

De leur côté, des responsables locaux de la région de Galgudud ont affirmé qu’ils soutiendraient les islamistes. « Nous donnons aux tribunaux les armes pour les aider à appliquer la charia » (loi islamique), a déclaré Sultan Ali Ahmed Nur, interrogé par l’AFP.

Depuis juin, les tribunaux islamiques ne cessent de monter en puissance en Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique totalement morcelé.

Quatre nouveaux Ministres et Secrétaires d’Etat du Gouvernement de transition ont démissionné lundi soir, ce qui porte le nombre à 22 en quelques jours. Sans oublier un Ministre assassiné vendredi en sortant de la mosquée.

Par ailleurs, quatre nouveaux ministres et secrétaires d’Etat du gouvernement somalien ont démissionné mardi, estimant que le cabinet était « impopulaire », portant à 22 le nombre de membres du gouvernement qui ont démissionné depuis la semaine dernière.

Dimanche, le gouvernement avait échappé au renversement par le Parlement, qui avait rejeté une motion de défiance visant le soutien militaire éthiopien et la politique menée face aux islamistes qui contrôlent une partie du pays.

Jeudi, 18 ministres et secrétaires d’Etat avaient déjà démissionné pour dénoncer la politique du Premier ministre, ce qui porte à 22 le nombre total de membres du gouvernement qui ont démissionné en moins d’une semaine.

Le gouvernement, mis en place en 2004, comptait 102 membres.

Il se montre incapable de rétablir l’ordre dans ce pays en guerre civile depuis 1991: il ne contrôle que la région de Baïdoa (ville située à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio) où il est installé, et fait face depuis plusieurs mois à la montée en puissance des tribunaux islamiques, qui contrôlent la capitale Mogadiscio, une grande partie du sud du pays et une partie du centre.

Vendredi, le gouvernement avait enregistré un autre revers avec l’assassinat du ministre des Affaires constitutionnelles et fédérales, Abdalla Derrow Issak, à Baïdoa.

La guerre civile en Somalie a fait entre 300.000 et 500.000 morts.