20/08/06 (B363-A) Une mascarade de plus ! Ismaïl Omar Guelleh tente une manœuvre dilatoire en octroyant l’immunité diplomatique aux « témoins assistés » convoqués par la justice française dans l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard Borrel et dans celle de tentative de subornation de témoins. (Justicia)


Roger Picon

Dans l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard Borrel, la diplomatie française n’a eu de cesse de réfléchir à deux fois avant …de ne rien faire qui abonderait dans le sens de la Justice et de l’émergence de la vérité. Il est vrai que Paris est très perturbé par cette affaire qui n’a que trop duré et qui est loin de prendre le chemin d’une résolution allant dans le sens des « intérêts privés » et inavouables, impliqués dans ce dossier.

Si la diplomatie française et ses représentants à Djibouti ont réagi immédiatement après le décès du magistrat en accréditant la thèse officielle du suicide par immolation, ses silences gênés qui ont succédé depuis – face à une Elisabeth Borrel qui ne ménage pas sa peine – pourraient passer pour la plus claire des explications auprès d’une opinion publique très attentive et qui ne saurait cautionner que l’on puisse laisser assassiner impunément SA justice. Justice que l’on décrie parfois par ce qu’elle est humaine mais auquelle ont tient car elle est l’un des garants des Libertés.

Dans cette affaire, la franchise eut été la meilleure des diplomaties ; elle n’aurait pas fait de tort à l’émergence de la vérité, fut-elle « politiquement » inavouable. Il n’y donc pas de droit du plus sage, du plus honnête mais bien plus assurément hélas un droit des plus forts qui utilisent tous les moyens pour contrecarrer la marche de la justice du pays des Droits de l’Homme.

Nous sommes choqués et scandalisés de constater toutes les entraves et les manœuvres utilisées pour éviter qu’une quelconque poursuite ne soit engagée à l’encontre des responsables de ce crime odieux, des suborneurs de témoins et du « donneur d’ordres ».

Empêtré, acculé, réduit aux dernières extrémités et à faire usage des manœuvres les plus dilatoires pour éviter que la Justice française ne vienne un jour prochain frapper à sa porte, Ismaïl Omar Guelleh a décidé d’octroyer l’immunité diplomatique à TOUS les témoins assistés – mis en cause – et convoqués par la Juge Sophie Clément. Si c’est la force et le droit qui sont censés régler toutes choses en ce monde ; à Djibouti et sous un tel régime politique, c’est la force et le chantage politique imposé par IOG qui règnent et perdurent …en attendant le droit qui se fait désirer depuis si longtemps.

Immunité diplomatique …après coup !

Tout ceci revient à dire que la sacro sainte « immunité diplomatique » est elle aussi bafouée dans ce dossier d’assassinat du magistrat français car ne couvrant, par principe, que les délits commis par un diplomate dans l’exercice de ses fonctions.

Or ni le Colonel Mahdi, ni Hassan Saïd Kaireh – directeur de la Police politique (Services Djiboutiens de Sécurité), ni le Procureur Djama Souleïman Ali n’étaient « diplomates » résidants sur le territoire français – ou accrédités – aux moment des faits qui leurs sont reprochés.

Ils ne bénéficiaient donc pas de telles prérogatives diplomatiques au moment des délits qu’ils sont censés avoir perpétrés et pour lesquels ils refusent obstinément de se présenter comme « témoins assistés » devant la Juge Sophie Clément.

Cette immunité leur a été octroyée – à tort et récemment – par le président djiboutien et leur permettra peut-être d’espérer d’échapper ainsi à toute présentation devant la Justice française. On assiste là à l’un des plus flagrants travestissements diplomatiques qu’il soit.

Notre question est :

« Le service des privilèges diplomatiques du ministère des Affaires étrangères de la république française et tout particulièrement le Ministre vde tutelle, ont-ils accepté que le Colonel Mahdi, Hassan Saïd Kaireh et Djama Souleïman Ali puissent bénéficier de l’octroi des privilèges diplomatiques sur le territoire français et à quel titre ? ».

Si c’était le cas, ceci équivaudrait, pour nous, à une approbation officielle de l’Etat français de ce crime et tendrait à prouver l’impunité dont bénéficient les meurtriers alors que parmi eux, certains ont la double nationalité de Djiboutien et de Français.