20/10/06 (B365) Nouvel Obs : DJIBOUTI / Douste-Blazy reçoit la veuve Borrel.


Elisabeth Borrel dénonce la "mascarade de justice" autour
de l’assassinat de son mari, dont le corps a été découvert
à Djibouti en 1995.

Le
ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy devait
recevoir, vendredi 20 octobre à la mi-journée à la mairie
de Toulouse, la veuve du juge Borrel, assassiné à Djibouti en
1995.

Elisabeth
Borrel a sollicité ce rendez-vous au sujet de la saisine du dossier
par la Cour internationale de Justice (CIJ), a précisé son avocat
Me Olivier Morice. Elle considère en effet que cette saisine est une
"mascarade de justice". L’instance a été saisie par
Djibouti, qui accuse Paris de manquer à ses devoirs d’entraide judiciaire
dans l’enquête sur la mort du juge. En août dernier, la France
avait accepté la compétence de la CIJ. "La demande de Djibouti
à la Cour de La Haye n’est qu’un artifice supplémentaire pour
savoir ce qu’il y a dans le dossier d’assassinat", avait alors affirmé
l’avocat d’Elisabeth Borrel.

Deux
mandats internationaux

Par ailleurs,
cet entretien intervient le lendemain de l’annonce de la délivrance
de mandats internationaux à l’encontre des deux suspects. La juge d’instruction
française Sophie Clément, en charge de l’affaire, a décidé
jeudi de passer outre l’avis du parquet de Paris qui avait demandé,
avant toute délivrance de mandats d’arrêt, de comparer l’ADN
du short du juge à celui de militaires qui auraient aidé à
mettre en bière le corps du juge. Les mandats concernent Awalleh Guelleh
et Hamouda Hassan Adouani, deux repris de justice. Ils ont été
lancés onze ans jour pour jour après la découverte du
corps de Bernard Borrel.

Relations
tendues entre Djibouti et Paris

La cour
d’appel de Paris a également validé jeudi une information judiciaire
visant l’ancien porte-parole du Quai d’Orsay, Hervé Ladsous, pour de
supposées pressions sur la justice française.

Le 29
janvier 2005, ce dernier avait assuré qu’une copie du dossier (d’instruction)
relatif au décès du juge Borrel serait "prochainement transmise
à la justice djiboutienne" qui en avait fait la demande.

Mais le
8 février 2005, Sophie Clément avait refusé cette transmission
en soulignant notamment le rôle trouble joué par le procureur
de Djibouti dans cette affaire.

Début
octobre, deux mandats d’arrêt ont été délivrés
par la cour d’appel de Versailles à l’encontre du procureur de Djibouti
et du chef des services secrets pour une éventuelle "subornation
de témoins".

Le 19
octobre 1995, le corps à demi-calciné du juge Bernard Borrel
était retrouvé au bas d’une falaise à 80 km de Djibouti.

Mohamed
Saleh Aloumekani, un officier de la garde présidentielle et témoin-clé
dans cette affaire, a affirmé avoir vu Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan
Adouani rendre compte de l’assassinat du juge à l’actuel président
djiboutien Ismaël Omar Guelleh, alors chef de cabinet du président
Gouled Aptidon.

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Le Nouvel Observateur