20/10/06 (B366) Affaire Borrel : le grand tournant ? Nous en parlions ce matin. Les déclarations du MAE français le laissent penser ce soir. Peut-on dire que la volte-face des autorités françaises est amorcée ? (Dépêche Reuters)

Douste-Blazy
souhaite toute la lumière sur l’affaire Borrel

PARIS (Reuters)
– Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy,
a reçu la veuve du juge Bernard Borrel, tué il y a onze ans
à Djibouti, et souhaité que "toute la lumière soit
faite" sur cette affaire.

Elisabeth
Borrel, qui a eu un entretien avec le ministre à la mairie de Toulouse,
voulait parler avec lui de la saisine dans ce dossier de la Cour internationale
de justice (CIJ).

Philippe
Douste-Blazy a précisé à Elisabeth Borrel ainsi qu’à
ses avocats "qu’il souhaitait que toute la lumière soit faite
sur cette affaire et qu’il n’entendait pas s’immiscer dans les procédures
judiciaires en cours", a précisé le Quai d’Orsay.

La France
a accepté en août dernier la compétence de la CIJ, saisie
par Djibouti qui accuse Paris de manquer à ses devoirs d’entraide judiciaire
dans l’enquête sur la mort du magistrat.

Mais Elisabeth
Borrel estime qu’il s’agit d’une "mascarade de justice", les Djiboutiens
cherchant par ce biais à connaître les détails du dossier
d’assassinat.

La juge
française, Sophie Clément, a refusé de transmettre son
dossier à la justice djiboutienne en invoquant l’attitude dans ce dossier
du procureur de Djibouti.

Sur le
recours devant la CIJ, Philippe Douste-Blazy a "rappelé que la
question soulevée portait sur l’interprétation donnée
par chacune des parties à la mise en oeuvre de la Convention d’entraide
judiciaire entre la France et Djibouti", a dit le ministère des
Affaires étrangères dans un communiqué.

"Il
a souligné la nécessité, là encore, de laisser
la Cour mener la procédure jusqu’à son terme et d’éviter
tout commentaire à ce propos".

"SIGNAL
FORT"

Cette
nouvelle démarche d’Elisabeth Borrel, qui se bat depuis des années
pour démontrer que son mari à été assassiné
à Djibouti, intervient au lendemain de la délivrance de mandats
d’arrêt contre deux assassins présumés du juge Bernard
Borrel, en dépit des réquisitions du parquet.

Ces mandats
d’arrêt visent deux repris de justice en fuite, Awalleh Guelleh et Hamouda
Hassan Adouani, soupçonnés d’être des exécutants
du meurtre.

"C’est
un signal très fort de la volonté d’un juge indépendant
de mettre en cause les assassins de Bernard Borrel et c’est un désaveu
cinglant pour le parquet de Paris", souligne vendredi dans le quotidien
Libération Me Olivier Morice, avocat d’Elisabeth Borrel.

Le Syndicat
de la magistrature (SM) avait critiqué la semaine dernière l’avis
défavorable du parquet de Paris concernant ces mandats d’arrêt,
accusant les autorités françaises de faire "obstacle à
la manifestation de la vérité dans cette affaire".

Selon
ce syndicat, partie civile au dossier d’enquête judiciaire, Paris cherche
à bloquer l’enquête pour protéger ses intérêts
diplomatiques et militaires à Djibouti, qui abrite la plus grande base
française d’Afrique.

Le corps
de Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique
auprès du ministère de la Justice djiboutien, a été
retrouvé carbonisé en octobre 1995.

L’hypothèse
du suicide avait été initialement retenue. Après plusieurs
changements de magistrats et des expertises, notamment médico-légales,
la piste criminelle est désormais suivie.


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