16/11/06 (B369) Libération : Armes, la poudrière somalienne. La course aux armements a plus profité aux milices islamistes. Par Christophe AYAD (Info lectrice)

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QUOTIDIEN : jeudi 16 novembre 2006

Tout est réuni pour qu’un conflit de grande ampleur éclate
entre les tribunaux islamiques, qui contrôlent, outre la capitale Mogadiscio,
la majeure partie du centre et du sud de la Somalie, et le Gouvernement fédéral
de transition (GFT), basé à Baidoa.

Non seulement,
la logique de conquête des islamistes ne peut que finir par se heurter
au GFT, soutenu par l’Ethiopie voisine. Surtout, les deux camps ont accumulé
des quantités considérables d’armes, comme le révèle
un rapport d’experts de l’ONU, qui doit être présenté
demain au Conseil de sécurité.

Malgré
un embargo international, la Somalie fait face depuis plusieurs mois à
un «afflux endémique d’armes» dont le panel d’experts décrit
en détail les modalités et les relais. Ce sont les tribunaux
islamiques, un ensemble de milices relativement informelles jusqu’à
la prise de Mogadiscio en mai, qui ont le plus bénéficié
de cette course aux armements : ils sont approvisionnés par de puissants
intérêts officiels ou privés en Erythrée au premier
chef, mais aussi de Djibouti, d’Egypte et de Libye, d’Arabie Saoudite, d’Iran,
de Syrie et même du Hezbollah libanais.

Les islamistes
ont aussi bénéficié de l’armement le plus sophistiqué,
qui leur permettrait de mener une guérilla «à l’irakienne»,
note le rapport. Le GFT, pour sa part, est approvisionné par l’Ethiopie,
l’Ouganda et le Yémen. Dans le cas de l’Ethiopie et de l’Erythrée,
ce soutien va jusqu’à l’envoi de plusieurs centaines, voire de milliers
d’hommes.

Les deux
pays, qui restent à couteaux tirés après le conflit qui
les a opposés de 1998 à 2000, se livrent, en Somalie, à
une guerre par procuration aux implications régionales et internationales
dangereuses.