02/12/06 (B372) AFP MOGADISCIO – Somalie : au moins 8 morts après une attaque à la voiture piégée à Baïdoa. (Info lectrice)

Une
attaque suicide à la voiture piégée, revendiquée
par les islamistes somaliens, a fait au moins huit morts et quatre blessés
jeudi à Baïdoa, ville où siège le fragile gouvernement
de transition, soutenu par l’Ethiopie qui menace d’intervenir militairement
contre les islamistes.

"Huit
personnes ont été tuées dont un officier de police, et
quatre blessées, dont un policier" également, a déclaré
un officier supérieur de la police qui était présent
sur les lieux au moment de l’explosion.

"Il
y avait deux voitures suicide chargées d’explosifs", avait indiqué
un peu plus tôt à l’AFP le chef de la police du gouvernement,
le général Ali Hussein, qui avait fait état de 12 morts.

Parmi
les huit morts figurent des occupants des deux voitures, dont une femme, cinq
passagers de véhicules proches de l’explosion et un policier, a précisé
l’officier de police Bashir Ali.

"Il
y avait une femme à l’intérieur (de l’une des deux voitures)
mais nous ne savons pas si était informée de la présence
d’une bombe ou si elle n’était qu’une innocente passagère",
a pour sa part relaté un policier à la retraite Abdi Mursal
également présent sur les lieux du drame.

Selon
plusieurs habitants, une seule voiture piégée a explosé,
les deux autres ayant été victimes de l’explosion.

Les explosions
se sont produites à un barrage des forces de sécurité
gouvernementales situé dans le quartier de Boynunay, à la sortie
Est de la ville (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), où la police
surveille étroitement les entrées et sorties de véhicules.

A Mogadiscio,
un haut responsable des tribunaux islamiques somaliens a affirmé jeudi
que les islamistes avaient mené une attaque à la voiture piégée
à Baïdoa, ajoutant qu’elle avait visé un poste militaire
éthiopien et fait au moins 20 morts.

"Il
y a eu une attaque contre un poste militaire éthiopien à Baïdoa",
a déclaré ce responsable à l’AFP sous couvert d’anonymat,
ajoutant: "au moins une vingtaine (de militaires éthiopiens) ont
été tués".

"Six
civils ont été blessés lorsque les Ethiopiens ont ouvert
le feu autour" du poste, a-t-il encore affirmé.

Un autre
responsable islamiste, Mohamed Ibrahim Said Bilal, commandant de milice à
Al Bayan, dans la région de Bay où se trouve Baïdoa, a
affirmé que les attaques étaient l’oeuvre de "kamikazes
islamistes".

Le général
Hussein a démenti que des Ethiopiens aient été touchés
par les explosions et ajouté qu’un occupant d’une des voitures piégées
avait été capturé vivant.

Selon
certains habitants du quartier, les kamikazes ont utilisé une seule
voiture. "Ils ont utilisé une seule voiture, les deux autres voitures
ont été victimes de l’explosion", a commenté l’un
d’eux, Mukhtar Hassan. Un autre habitant du quartier, Afweyne Yasin, soutenait
la même version et évaluait le nombre de morts à 27.

Le 18
septembre, le cortège du président somalien Abdulahi Yusuf Ahmed,
avait été la cible d’un attentat suicide qui avait fait 11 tués
dans la ville.

Le gouvernement
de transition avait alors mis en cause les islamistes qui ont pris le contrôle
de Mogadiscio et de la majeure partie du sud et du centre du pays.

Depuis
l’échec de pourparlers de paix entre gouvernement et islamistes, les
relations sont de plus en plus tendues entre les deux camps, faisant craindre
un conflit généralisé dans la Corne de l’Afrique.

L’Ethiopie,
pays majoritairement chrétien, a une importante minorité somalie
dans sa population et le gouvernement d’Addis Abeba s’alarme de la montée
en puissance des islamistes chez son voisin, les accusant de représenter
"une menace" pour l’Ethiopie.

Addis
Abeba, tout en niant avoir déployé son armée en Somalie,
soutient ouvertement le gouvernement de transition, incapable d’établir
son autorité dans un pays en guerre civile depuis 1991.

Les islamistes
accusent de leur côté l’Ethiopie d’avoir déployé
des troupes aux côtés du gouvernement et ont appelé au
jihad contre l’armée éthiopienne.

Plus tôt
jeudi, le Parlement éthiopien a donné son blanc-seing à
une opération militaire d’Addis Abeba contre les islamistes somaliens,
en autorisant le gouvernement de Meles Zenawi à prendre "toutes
les mesures légales et nécessaires pour contrer toute invasion
du pays".