02/12/06 (B372) BAIDOA (AFP) – Somalie: deux suspects interrogés après l’attentat de Baïdoa.

Les
autorités du gouvernement somalien, qui soupçonnent les islamistes
pour l’attentat-suicide (neuf morts) de la veille à Baïdoa, siège
des institutions de transition, interrogeaient vendredi deux suspects.

"Nous
sommes actuellement en train d’interroger deux personnes, que nous pensons
impliquées" dans l’attaque, a déclaré le ministre
de l’Information Ali Jama à l’AFP à Baïdoa (sud).

"Nous
ne voulons pas précipiter nos conclusions, mais tout indique que l’attaque
a été menée par les islamistes de Mogadiscio, parce que
ce sont eux qui ont +invité+ en Somalie des étrangers ayant
l’expertise" pour mener de tels attentats, a-t-il ajouté.

Les deux
suspects ont été arrêtés peu après l’explosion
d’au moins un véhicule rempli d’explosifs à un barrage à
Baïdoa, la ville qui abrite les très fragiles institutions du
gouvernement de transition mises en place fin 2004 dans ce pays en guerre
civile depuis 1991.

"Toutes
les indications montrent que (…) leur objectif aurait pu être de tuer
des responsables gouvernementaux. Nous espérons en savoir plus avec
les interrogatoires", a ajouté M. Jama.

La sécurité
a été encore renforcée vendredi à Baïdoa,
située à 250 km au nord-ouest de la capitale somalienne, Mogadiscio,
contrôlée depuis le mois de juin 2006 par les islamistes qui
ont depuis étendu leur emprise sur une grande partie du sud et du centre
de la Somalie.

"Nous
avons bien sûr augmenté la sécurité à Baïdoa,
mais on insiste sur le fait que les attaques-suicides ne feront pas tomber
le gouvernement", a déclaré M. Jama.

Cette
ville avait déjà été le théâtre d’un
attentat-suicide le 18 septembre, qui avait visé le cortège
du président somalien Abdulahi Yusuf Ahmed et fait 11 morts.

Comme
pour l’attentat du 18 septembre, le gouvernement a accusé les islamistes
d’être les auteurs de l’attentat de jeudi.

Depuis
l’échec de pourparlers de paix entre gouvernement et islamistes, fin
octobre, les relations sont de plus en plus tendues entre les deux camps,
faisant craindre un conflit généralisé dans la Corne
de l’Afrique.

Les islamistes
avaient démenti être impliqués dans l’attaque contre le
président Ahmed, mais jeudi ils ont affirmé avoir mené
une attaque à la voiture piégée à Baïdoa,
ajoutant qu’elle avait visé un poste militaire éthiopien et
fait au moins 20 morts.

Selon
les autorités somaliennes, il n’y avait pas d’Ethiopiens parmi les
victimes de l’attentat.

L’Ethiopie,
pays majoritairement chrétien et frontalier de la Somalie, soutient
ouvertement les autorités de transition somaliennes.

Selon
un rapport de l’ONU obtenu par l’AFP au mois de novembre, les Ethiopiens ont
envoyé des milliers de soldats en Somalie pour assister le gouvernement
de transition, mais Addis Abeba a toujours démenti avoir des troupes
dans ce pays.

A plusieurs
reprises, les islamistes somaliens ont déclaré la guerre sainte
contre l’Ethiopie, dont le Parlement a adopté jeudi une résolution
autorisant le gouvernement d’Addis Abeba à "prendre toutes les
mesures pour défendre" l’Ethiopie.

Le gouvernement
somalien a par ailleurs de nouveau demandé vendredi une levée
de l’embargo sur les armes en direction de la Somalie décrétée
par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1992. Il réclame
cette levée pour permettre le déploiement d’une force de paix.

"Plus
on reporte (la levée de l’embargo), plus les problèmes apparaissent.
Si le Conseil de sécurité avait levé l’embargo il y a
deux ans, la situation serait meilleure aujourd’hui", a estimé
M. Jama.

Mercredi,
le Conseil de sécurité a adopté une résolution
dans laquelle il réitère l’obligation pour tous les Etats de
respecter cet embargo, qui est de fait violé par de nombreux pays alliés
aux deux camps, selon le rapport de l’ONU.