11/12/06 (B373) AFP / Somalie: affrontements entre soldats gouvernementaux et islamistes Par Mustafa HAJI ABDINUR.

MOGADISCIO
(AFP) – Les combats ont repris samedi pour le second jour consécutif
entre les forces loyales au gouvernement de transition somalien et les miliciens
islamistes au sud de Baïdoa, siège des institutions de transition
et cible des milices islamistes.

Vendredi,
de violents combats avaient opposé les deux camps rivaux autour de
la ville de Dinsoor, sous contrôle islamiste et située à
110 km au sud de Baïdoa.

Depuis
Mogadiscio, le porte-parole du Conseil suprême islamique de Somalie
(SICS), Abdurahim Ali Muddey, avait annoncé vendredi que le but des
miliciens islamistes étaient "d’attaquer et de prendre Baïdoa".
Après plusieurs heures passées à organiser leurs renforts
samedi matin, les combats ont repris samedi lorsque les troupes gouvernementales,
soutenus par des soldats éthiopiens selon les islamistes, ont tenté
de reconquérir les territoires perdus dans les affrontements de vendredi.

"Les
combats ont repris et ils font rage dans la même région qu’hier
(vendredi)", a déclaré Cheikh Osmail Addo, commandant islamiste
de la région de Bay. "Les soldats gouvernementaux et leurs alliés
éthiopiens ont déclenché les combats en attaquant les
tribunaux islamiques basés près du (village de) Safarnooles",
a-t-il ajouté.

Un autre
haut commandant islamiste, Cheikh Mohamed Ibrahim Bilal, a confirmé
que les combats étaient violents dans les villages de Safarnooles et
de Maddoy, situés respectivement à environ 75 km et 40 km au
sud de Baïdoa. Aucun responsable gouvernemental n’était joignable
dans l’immédiat pour commenter la reprise des combats samedi.

Des témoins
ont affirmé avoir vu le président du gouvernement de transition,
Abdullahi Yusuf Ahmed, portant – contrairement à son habitude – un
uniforme militaire dans un pick-up monté de mitrailleuses dans Baïdoa.
"Mon village ressemble à une région fantôme (…)
les mouvements militaires massifs ont terrorisé les gens et c’est pourquoi
j’ai décidé d’envoyer mes enfants à Baïdoa",
a déclaré Cheikh Abdi Garre, résident de Maddoy.

Vendredi,
les deux camps avaient revendiqué la victoire et s’étaient rejetés
la responsabilité du déclenchement des combats. Mardi, les forces
du gouvernement avaient affirmé avoir repris, après d’intenses
combats, la ville de Dinsoor qui était tombée aux mains des
islamistes au cours du week-end dernier. Les islamistes avaient démenti
la perte de la ville.

En outre,
les islamistes ont annoncé samedi avoir déployé des centaines
de combattants dans la ville de Burhakaba, à une cinquantaine de km
à l’est de Baïdoa. Des habitants de Baïdoa ont également
affirmé samedi avoir vu plusieurs camions transportant des troupes
éthiopiennes se dirigeant vers Dinsoor.

Selon
les islamistes, les combats de vendredi ont fait au moins 50 morts (30 soldats
gouvernementaux et 20 islamistes). Ce bilan n’a pas pu être confirmé
de source indépendante. "Nous avons perdu beaucoup d’hommes",
a déclaré de son côté un commandant des troupes
gouvernementales, Ibrahim Batari, se refusant à donner des chiffres.

Les islamistes
accusent l’Ethiopie d’avoir engagé son armée en Somalie pour
défendre le fragile gouvernement de transition et ont appelé
à plusieurs reprises au jihad (guerre sainte) contre les Ethiopiens.
Le gouvernement éthiopien dément et reconnaît seulement
l’envoi d’instructeurs militaires pour former les troupes du gouvernement
somalien, mais a prévenu qu’il était prêt à une
opération militaire contre les islamistes pour défendre le gouvernement
de transition.

La Somalie
est en guerre civile depuis 1991. Les institutions de transition, mises en
place en 2004 et soutenues par l’Ethiopie, se montrent incapables de rétablir
l’ordre devant la montée en puissance, depuis 2006, des islamistes,
qui contrôlent une grande partie du sud et du centre du pays.