21/12/06 (B374) L’Humanité 2 articles /Somalie / Les tribunaux islamiques prêts au combat /

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– Dépêche

« La décision d’attaquer les Éthiopiens a déjà
été prise, mais nous sommes maintenant dans les derniers préparatifs
d’une guerre à grande échelle », a déclaré
hier à l’AFP un haut responsable militaire des tribunaux islamiques,
Mohamed Ibrahim Bilal, ajoutant toutefois que les combats ne débuteront
pas nécessairement après l’expiration, mardi, de l’ultimatum
fixé par les islamistes aux troupes éthiopiennes pour quitter
la Somalie. Les islamistes ont étendu ces derniers jours leur emprise
militaire autour de Baïdoa, ville où siège le gouvernement
transitoire, soutenu par l’Éthiopie.

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2 – MONDE

Guerre ouverte en Somalie ?

Baidoa
. Des affrontements ont éclaté entre tribunaux islamiques et
gouvernement provisoire soutenu par l’Éthiopie.

Cela
ressemble à une claque. Des combats violents ont éclaté
hier entre les deux parties somaliennes en conflit, les tribunaux islamiques
et le gouvernement de transition, alors même que Louis Michel, commissaire
européen au Développement et à l’Aide humanitaire,
se rendait sur le terrain pour tenter une médiation. Les affrontements
ont débuté dans la nuit de mardi et avaient gagné hier
plusieurs localités aux environ de Baidoa, seule ville contrôlée
par les institutions transitoires.

« C’est maintenant
une guerre ouverte et nos forces ont reçu l’ordre d’attaquer
sur tous les fronts », a déclaré hier à l’agence
IRIN Salad Ali Jelle, ministre de la Défense du gouvernement transitoire,
précisant que Baidoa était attaquée conjointement par
le Nord et par le Sud. Des dizaines d’habitants ont continué
hier à fuir la ville par crainte des combats.

Cette nouvelle offensive
survient à la date prévue par l’ultimatum lancé
la semaine dernière par les tribunaux islamiques. Ces derniers avaient
alors donné sept jours aux Éthiopiens pour quitter le pays,
sous peine de s’exposer à une attaque.

Depuis qu’ils ont
pris la capitale, Mogadiscio, à la mi-juin, les tribunaux reprochent
aux institutions transitoires d’être soutenues par l’Éthiopie.
Celle-ci a toujours nié mais, hier encore, une source gouvernementale
a expliqué à Reuter que 13 camions remplis de soldats éthiopiens
s’étaient rendus sur le champ de bataille. Selon certains experts
militaires cités par l’AFP, 15 000 à 20 000 militaires
éthiopiens seraient en Somalie.

L’intervention éthiopienne
est d’autant plus mal vue, bien au-delà du cercle des islamistes,
que l’antagonisme entre les deux pays est ancien. Addis-Abeba est en
outre soupçonné par les tribunaux islamiques de bénéficier
dans sa croisade en Somalie du soutien des États-Unis, qui les ont
récemment accusés d’être « désormais
contrôlés par des individus appartenant à des cellules
d’al Qaeda ».

« La situation sur
le terrain n’offre pas beaucoup de raison d’être optimiste
quant aux résultats de l’initiative de Louis Michel »,
a déclaré hier le porte-parole du commissaire européen.
Pour présenter son plan de paix et inviter les parties à renouer
le dialogue, le commissaire européen a été à Baidoa,
en plein combat. Louable effort qui risque néanmoins d’être
emporté dans la fureur de la guerre.
Camille Bauer