15/01/07 (B378) AFP : Somalie: raid à Mogadiscio à la recherche d’islamistes (Info lectrice)

Par
Ali MUSA ABDI

MOGADISCIO
(AFP) – Les troupes gouvernementales somaliennes ont mené dimanche
un raid contre des caches présumées d’islamistes dans la capitale
Mogadiscio, où le gouvernement a affiché sa volonté de
ramener la sécurité au lendemain du vote du Parlement instaurant
l’état d’urgence dans le pays.

L’opération,
appuyée par les troupes éthiopiennes, a été menée
dans des maisons du quartier de Towfiq (sud) où des caches d’armes
(notamment d’AK-47) ont été découvertes et dans un hôpital
privé dont les gardes ont été désarmés.

"Les
forces gouvernementales ont entamé des opérations de sécurité
dans la capitale et le raid d’aujourd’hui a été mené
dans ce cadre", a déclaré à l’AFP un haut responsable
de la sécurité sous couvert d’anonymat.

"Elles
ont reçu l’ordre de saisir toute arme illégale et d’arrêter
ceux qui ont mené des opérations violentes dans la capitale",
a-t-il précisé.

Un habitant
du quartier, Muhidin Roble, a confirmé ce raid à l’AFP. Les
troupes "ont saisi quelques AK-47 dans des maisons mais nous n’avons
vu aucune arrestation", a-t-il ajouté.

Le personnel
de l’hôpital Arafat, situé dans le même quartier, a confirmé
que les troupes avaient saisi les armes des gardes de sécurité
en faction devant l’établissement privé.

Lors d’un
point de presse à Mogadiscio, le porte-parole du gouvernement, Abdirahman
Dinari, a martelé que la capitale "ne serait pas un refuge pour
des hommes armés".

"L’époque
où l’on terrorisait les gens est terminée. Le gouvernement est
déterminé à renforcer la sécurité à
Mogadiscio, la sécurité de notre population est notre priorité",
a-t-il dit.

Il a en
outre annoncé la saisie d’un nombre conséquent d’armes légères
et lourdes dans le quartier d’Huriwa (sud).

Le sud
de la capitale somalienne était le bastion des miliciens des tribunaux
islamiques, qui ont pris la fuite avant l’entrée dans la ville le 28
décembre des forces gouvernementales somaliennes et des soldats éthiopiens.

L’insécurité
persiste à Mogadiscio, où armes et miliciens pullulent depuis
les 16 ans que dure la guerre civile en Somalie. Au total, une douzaine de
personnes ont été tuées dans des incidents armés
depuis le 28 décembre, attribués à des islamistes par
le gouvernement.

Ce raid
intervient au lendemain de l’approbation par le Parlement de l’instauration
de l’état d’urgence et de la loi martiale dans le pays, décrétés
fin décembre par le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed.

Cet état
d’urgence l’autorise notamment à publier des décrets concernant
la sécurité nationale ou à interdire des manifestations
non autorisées.

Une délégation
de l’Union africaine (UA), en visite à Mogadiscio, a rencontré
dimanche le président Yusuf et plusieurs hauts responsables.

Selon
M. Dinari, les discussions ont porté sur les modalités de déploiement
de la force africaine en Somalie, basé sur la résolution 1725
du Conseil de sécurité de l’ONU.

"Dès
que la force sera déployée (en Somalie), elle remplacera les
troupes éthiopiennes et (ce déploiement) devrait prendre environ
un mois", a-t-il commenté.

Evoquant
les récentes attaques aériennes menées par l’Ethiopie
et les Etats-Unis dans le sud de la Somalie – où se cacheraient, selon
Washington, des agents d’al-Qaïda -, le porte-parole a réfuté
les informations émanant de témoins et de l’ONG Oxfam faisant
état d’au moins 70 civils tués.

"Le
nombre de victimes (civiles) est très peu élevé",
a-t-il affirmé, estimant que les "agences humanitaires avaient
exagéré" ce bilan.

"Le
gouvernement envoie ces condoléances à ceux qui ont été
affectés par ces attaques", a-t-il dit, tout en jugeant que "la
faute" revenait "aux tribunaux islamiques et leurs combattants étrangers".

Il a par
ailleurs affirmé qu’après avoir été chassés
du village côtier de Ras Kamboni, situé près de la frontière
kényane, vendredi soir, les derniers miliciens islamistes se seraient
réfugiés dans le district d’Afmadow (environ 200 km au nord
de Ras Kamboni).