30/01/07 (B380) RSF : ETHIOPIE /Un journaliste renvoyé en prison pour une affaire de diffamation datant de 2002

Reporters
sans frontières dénonce la décision de la Cour suprême
éthiopienne de renvoyer en prison Abraham Reta, journaliste de l’hebdomadaire
privé Addis Admas, après le rejet de son appel contre sa condamnation,
en mai 2006, à un an de prison pour "diffamation".

"On ne pourra pas parler de liberté de la presse en Ethiopie tant
que de lourdes peines de prison seront prononcées, dans des conditions
aussi anormales, contre les journalistes que le gouvernement classe, selon
son bon vouloir, dans les rangs de l’opposition. Il est urgent qu’une solution
soit trouvée pour que les journalistes incarcérés soient
libérés. Maintenir une partie de la presse en prison et faire
vivre l’autre partie dans la peur d’être jetée en cellule ne
conduit qu’à une détérioration de la situation générale
dans le pays", a déclaré l’organisation.

Le 26 janvier 2007, la Cour suprême a rejeté l’appel interjeté
par Abraham Reta contre sa condamnation, en mai 2006, à un an de prison
pour "diffamation" pour un article publié en 2002, lorsqu’il
était rédacteur en chef de l’hebdomadaire aujourd’hui disparu
Ruh. Il lui était reproché d’avoir cité sans preuves
crédibles les noms de trois hauts fonctionnaires dans une affaire de
corruption. Arrêté le 24 avril 2006, il avait purgé trois
mois de prison avant d’être placé en liberté conditionnelle,
en attendant le résultat de son appel. Après plusieurs audiences,
au cours desquelles Abraham Reta a plaidé non-coupable et été
contraint d’identifier la source de son article, il a été renvoyé
en prison pour purger les neuf derniers mois de sa peine.

Le recours à des affaires datant de plusieurs années est une
pratique fréquente en Ethiopie. Le 27 décembre 2006, l’ancien
rédacteur en chef de l’hebdomadaire aujourd’hui disparu Dagim Womchif,
Leykun Engeda, a été renvoyé en prison pour purger les
quinze mois de prison auxquels il avait été condamnés,
en décembre 2005, et contre lesquels il avait fait appel devant la
Cour suprême. Il était poursuivi pour un article paru en 1999
sur un mouvement rebelle nommé Ethiopian Patriotic Front. Le 5 mai
2006, Tesehalene Mengesha, ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire
privé Mabruk, a été condamné à dix-huit
mois de prison pour "diffamation", dans une affaire datant de plus
de sept ans. En mars 2006, Abraham Gebrekidan, rédacteur en chef de
l’hebdomadaire privé aujourd’hui disparu Politika, a été
condamné à un an de prison pour "publication de fausses
nouvelles", à cause d’un article paru en 2002. En décembre
2005, Wosonseged Gebrekidan, rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé
Addis Zena et ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé
Ethiop, a été condamné pour "diffamation" à
huit mois de prison pour un article paru en 2002, dont il n’était pas
l’auteur.

En tout, 21 journalistes sont détenus en Ethiopie. Quinze d’entre eux
font partie du groupe d’au moins 76 membres de l’opposition, de la société
civile et de la presse privée poursuivis depuis fin 2005 pour "trahison",
"conspiration" en vue de renverser le gouvernement et "génocide".
Deux autres journalistes, Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, de la chaîne
de télévision publique Ethiopian Television (ETV) sont accusés
depuis avril 2004 d’avoir été des informateurs du mouvement
sécessioniste Oromo Liberation Front (OLF).

Leonard
VINCENT
Bureau Afrique / Africa desk
Reporters sans frontières / Reporters Without Borders
5, rue Geoffroy-Marie
75009 Paris, France
Tel : (33) 1 44 83 84 76
Fax : (33) 1 45 23 11 51
Email : afrique@rsf.org / africa@rsf.org
Web : www.rsf.org