02/03/07 (B384) KAMPALA (AFP) – Somalie : deux morts à Mogadiscio, la force de paix attendue (Info lectrice)

Les
premiers soldats de la force de paix en Somalie, dont la mise en place est
laborieuse, sont attendus début mars pour aider le gouvernement à
pacifier le pays, deux mois après la chute des islamistes déterminés
à attaquer les militaires étrangers.

Des hommes armés non identifiés ont tendu jeudi matin à
Mogadiscio une embuscade contre le convoi du directeur du port de la capitale
somalienne, provoquant un échange de tirs qui a fait deux morts, a-t-on
appris auprès de témoins.

"Des miliciens ont tendu une embuscade contre le directeur du port (de
Mogadiscio, Abdi Jiidow) et ont tué l’un des gardes assurant sa sécurité.
Les gardes ont tiré à leur tour et ont tué l’un des assaillants",
selon un témoin.

L’Ouganda enverra les premiers éléments de la force de paix
africaine, appelée Amisom et dont l’Union africaine (UA) a décidé
le 19 janvier le déploiement pour une période de six mois. La
date exacte du déploiement de l’Amisom, approuvé la semaine
dernière par le Conseil de sécurité de l’ONU, reste floue
pour des raisons logistiques et de sécurité, mais elle se précise.

Les premiers soldats devraient arriver "la première semaine du
mois de mars", a annoncé lundi le président somalien Abdullahi
Yusuf Ahmed, tandis que l’armée ougandaise évoquait mercredi
un déploiement "la semaine prochaine". L’UA, elle, n’avance
pas de date.

L’Amisom comptera à terme 8.000 hommes, mais l’UA cherche désespérément
des troupes pour rétablir la paix dans un pays dévasté
par 16 ans de guerre civile qui ont fait au moins 300.000 morts. A ce jour,
seuls 4.000 soldats d’Ouganda, du Burundi, du Nigeria, du Ghana et du Malawi,
selon l’UA, sont disponibles.

Le premier contingent de l’Amisom attendu à Mogadiscio devrait compter
environ 200 soldats, selon une source proche du gouvernement ougandais.

Sur le plan logistique, des officiers ougandais, essentiellement des services
de renseignements, sont déjà à Mogadiscio et Baïdoa
(250 km au nord-ouest de Mogadiscio), qui abrite le Parlement. "Ils essaient
de préparer le terrain" en vue du déploiement, selon un
porte-parole de l’armée ougandaise, le capitaine Paddy Ankunda.

Des avions fournis par l’Algérie assureront le transport des troupes,
mais ils n’étaient toujours pas arrivés à l’aéroport
international et militaire d’Entebbe (Ouganda) mercredi en fin d’après-midi.

Les camps où seront hébergés les soldats de la paix sont
prêts, selon les autorités somaliennes. L’Amisom utilisera pour
commencer les campements actuellement occupés par l’armée éthiopienne,
qui a chassé fin décembre-début janvier les islamistes
qui contrôlaient depuis plusieurs mois la majorité du centre
et du sud de la Somalie.

La chute des islamistes, accusés par Washington d’abriter des membres
d’al-Qaïda, représente pour la communauté internationale
une occasion unique pour tenter de rétablir la paix dans ce pays pauvre
de la Corne de l’Afrique.

L’Amisom, qui remplacera à terme les troupes éthiopiennes, sera
la troisième opération de maintien de la paix de l’UA depuis
son lancement en 2002. Jusqu’à présent, ces opérations
-au Darfour (ouest du Soudan) et au Burundi- ont montré leurs limites
en raison d’un manque de moyens financiers et humains.

L’Amisom arrivera dans un environnement extrêmement tendu. Les islamistes
ont promis de s’en prendre à eux, et Mogadiscio est secouée
depuis janvier par des violences meurtrières, visant essentiellement
les forces éthiopiennes et somaliennes et les autorités somaliennes.
Le président ougandais Yoweri Museveni a exhorté mardi les assaillants
non identifiés à l’origine de ces opérations d’épargner
ses troupes.

La communauté internationale reste traumatisée par ses précédentes
missions en Somalie, organisées de 1992 à 1995 pour aider les
victimes de la famine et rétablir la paix: au moins 151 Casques bleus
ont été tués pendant la mission de l’ONU.

L’Amisom aura pour tâches, selon une résolution du Conseil de
sécurité de l’ONU, d’"assurer la protection des institutions
fédérales de transition" et d’"aider à la mise
en oeuvre du plan national de sécurité et de stabilisation de
Somalie".