02/03/07 (B384) LIBERATION Somalie : pirates et islamistes réinstallent la violence. (Info lectrice)


En deux mois, plus de soixante civils sont morts dans les attaques.

Les pirates sont de retour, les islamistes aussi. Deux mois après
la chute de Mogadiscio aux mains du gouvernement fédéral de
transition (GFT), aidé par l’armée éthiopienne, la capitale
somalienne glisse lentement mais sûrement vers la violence et l’instabilité.

Plus d’une soixantaine de civils sont morts en deux mois dans les attaques,
désormais quasi quotidiennes, menées par la guérilla
islamiste, dont le dernier fait d’armes en date consiste à avoir tué
le beau-frère du Premier ministre Ali Gedi, l’ennemi juré des
tribunaux islamiques.

Manière forte.

En prenant, sans effusion de sang, le contrôle de Mogadiscio fin décembre,
le gouvernement fédéral de transition avait mis fin à
sept mois de règne des tribunaux islamiques, une coalition hétéroclite
dont la frange la plus extrémiste, les Shebabs, avait promis de mener
le jihad contre les troupes éthiopiennes et les nouveaux maîtres
somaliens de la capitale. Une semaine plus tard avaient lieu les premières
actions armées, menées par de mystérieux petits commandos.
Les attentats sont allés ensuite crescendo : le port et l’aéroport
international de Mogadiscio ont été visés. Les combattants
islamistes, cachés dans la population, semblent jouir du soutien de
certains clans de la capitale, hostiles au gouvernement, où ils sont
sous-représentés.

Le gouvernement, qui finit par promettre de tenir une conférence de
réconciliation nationale, notamment avec les éléments
modérés des tribunaux islamiques, semble pour l’instant plus
tenté par la manière forte : le Parlement de transition doit
adopter cette semaine une loi antiterroriste, qui prévoit la peine
de mort pour les auteurs d’attaques terroristes

Mais l’insécurité n’est pas le seul fait de la guérilla
fondamentaliste. Les bandits et chefs de guerre sont aussi actifs. Une quinzaine
de barrages sont réapparus à Mogadiscio, où les tribunaux
islamiques avaient réussi à faire régner le calme de
juin à décembre 2006.

Force de paix.

Pour couronner le tout, les pirates, qui avaient quasiment cessé toute
activité, ont capturé un bateau du Programme alimentaire mondial
chargé d’aide humanitaire. Résultat de ce retour de l’insécurité
: depuis début février, quelque 15 000 personnes ont quitté
Mogadiscio en raison des violences, selon le Bureau de coordination des affaires
humanitaires des Nations unies (Ocha).

C’est dans ce contexte que doivent débarquer les premiers soldats ougandais
de la force de paix africaine de 8 000 hommes, l’Amisom, censée prendre
la relève des troupes éthiopiennes. A ce jour, seuls 4 000 soldats
d’Ouganda, du Burundi, du Nigeria, du Ghana et du Malawi ont été
promis. Des tracts diffusés par les islamistes ont promis de chasser
ces nouveaux occupants étrangers. Dans les années 90, l’Onusom
avait quitté la Somalie après avoir perdu 150 hommes.

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