06/03/07 (B385-A) AFP / Otages étrangers : l’Ethiopie dédouane l’Erythrée, Londres mobilise les commandos d’élite

Par
Emmanuel GOUJON

ADDIS ABEBA (AFP) – Les autorités éthiopiennes se sont,
pour la première fois lundi, explicitement refusé à mettre
en cause leur voisin érythréen dans un rapt d’Européens
la semaine dernière, alors que, selon la presse britannique, Londres
a mobilisé des commandos d’élite pour les libérer.

Dans le même temps, des consultations se poursuivaient à Addis
Abeba entre diplomates britanniques et responsables éthiopiens pour
trouver une issue à la crise, ouverte le 1er mars avec la disparition
dans le nord-est de cinq européens liés à l’ambassade
du Royaume-Uni, et d’une dizaine d’Ethiopiens.

Selon des témoins, les disparus ont été enlevés
par des hommes armés, dans le nord-est du pays, près de la frontière
avec l’Erythrée, avec laquelle l’Ethiopie entretient des relations
tendues depuis leur guerre frontalière (1998-2000).

« Nous ne pouvons accuser personne »,
a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère
éthiopien des Affaires étrangères, Solomon Abebe.

Auparavant, un responsable local avait affirmé que
des soldats érythréens étaient impliqué dans ce
rapt. Asmara avait formellement démenti ces accusations.

L’Erythrée a affirmé lundi que les otages enlevés n' »étaient
pas en Erythrée ».

« Aujourd’hui, au moins nous savons qu’ils ne sont pas en Erythrée
et qu’ils n’ont pas traversé la frontière illégalement »,
a déclaré à l’AFP Yemane Gebremeskel, le directeur de
cabinet du président érythréen Issaias Afeworki.

« Il n’y a aucune indication que ces groupes se soient infiltrés
en Erythrée de quelque manière que ce soit », a-t-il ajouté
à Asmara.

« Le gouvernement poursuit ses efforts », a ajouté M. Solomon
Abebe. « Nous n’avons rien de nouveau pour le moment ».

L’armée et la police éthiopiennes ont lancé des recherches
pour localiser les touristes, dont le rapt n’a pas été revendiqué.
Aucune demande de rançon n’a été faite publiquement,
et l’identité des ravisseurs n’est pas officiellement connue.

Le groupe de touristes a été attaqué le 1er mars à
Hamed Ela, localité située à une cinquantaine de kilomètres
de la frontière érythréenne, selon la police éthiopienne.
Leurs véhicules ont été retrouvés détruits,
et les passagers ont été emmenés vers une destination
inconnue, selon des sources concordantes.

Le groupe visitait la région Afar réputée pour ses lacs
de sel et ses volcans, non loin de la frontière avec l’Erythrée.
Cette zone est très peu sûre notamment à cause de la présence
de groupes nomades qui se transforment parfois en bandits de grand chemin,
et d’au moins trois groupes armés autonomistes afars plus ou moins
actifs.

Selon la presse britannique, la Grande-Bretagne a placé en
alerte ses forces spéciales SAS (Special Air Service) pour intervenir
afin de libérer les otages. Selon le tabloïd britannique Daily
Mirror, une soixantaine de commandos sont arrivés dimanche à
Djibouti, pays frontalier de l’Ethiopie et qui borde la région Afar.
Pour The Guardian, les SAS se tiennent prêts au Royaume-Uni, et deux
hommes de cette unité d’élite ont été envoyés
sur place.

Parmi les cinq Européens – deux femmes et trois hommes -,
l’une des touristes a la double nationalité britannique et italienne,
selon le ministère italien des Affaires étrangères. L’autre
pourrait être de nationalité française, alors que les
trois hommes sont britanniques, selon des sources proches du dossier.

Les Ethiopiens sont des chauffeurs, guides, cuisiniers et policiers, ainsi
que des responsables du gouvernement de la région Afar, selon des sources
concordantes. Cinq des 13 Ethiopiens enlevés ont été
retrouvés par les forces de sécurité éthiopiennes.

Lundi, l’ambassadeur britannique en Ethiopie, Robert Dewar, a été
reçu au ministère éthiopien des Affaires étrangères
pour évoquer cette affaire. Et à Londres, l’ambassadeur éthiopien,
Berhanu Kebede, a affirmé que des « consultations au plus haut
niveau » avaient lieu.

« Des experts (britanniques) sont partis vendredi, ils aideront notre
personnel sur le terrain », a-t-il ajouté, précisant « ne
pas être au courant » d’un projet d’intervention militaire britannique.