15/03/07 (B386-B) RFI : Paix fragile à Mogadiscio

Au total
dix-huit personnes auraient été tuées suite aux attaques
attribuées aux groupes islamistes, le 13 mars.

Les Tribunaux islamistes, chassés de Mogadiscio depuis la fin de l’année
dernière, ont promis de rendre la vie dure au gouvernement officiel
qui s’installe dans la capitale. Le 13 mars a été la journée
plus meurtrière. Pour cette seule journée, 18 personnes, pour
la plupart des civils, ont trouvé la mort dans différentes attaques
attribuées aux groupes islamistes.

Le président
somalien, Ahmed Adbdullahi Yusuf, avait choisi la date du 13 mars pour entamer
le retour progressif et effectif de son cabinet dans la capitale somalienne.
Ce n’est donc pas un hasard si des groupes armés ont attaqué
la résidence du président ce même jour. Les assaillants,
dont le nombre n’a pas été déterminé, auraient
agi en toute quiétude avant de prendre la fuite. Les assaillants «n’ont
pas dissimulé leur visage. Ils ont dit aux civils de ne pas s’approcher»,
a rapporté l’agence ATS, citant un témoin.

Plusieurs obus ont
été tirés contre la résidence du président.
Ce dernier n’aurait pas été touché. Les mortiers
tirés par des hommes en armes sont aussi tombés sur des habitations
limitrophes de la résidence présidentielle. Une famille entière,
de huit personnes, aurait été décimée par un tir
d’obus qui a touché leur maison.

Le même jour, d’autres attaques ont été menées
contre des édifices officiels tuant des employés de la mairie
de Mogadiscio. Au total dix-huit personnes auraient été tuées
suite aux attaques attribuées aux groupes islamistes.

Ces violences ont
été condamnées par le Conseil de sécurité
de l’Onu qui invite tous les protagonistes de la politique et de la
guerre civile en Somalie à se retrouver dans «un processus politique
représentatif et le plus large possible». Les membres du Conseil
de sécurité ont également appelé à un rapide
déploiement sur le terrain des troupes de l’Union africaine (Amisom).
Ses unités, qui arrivent progressivement dans la capitale somalienne,
comptent déjà 1 200 soldats. Cette force africaine qui doit
remplacer les troupes éthiopiennes, soutien principal du gouvernement
somalien, a essuyé plusieurs attaques. Mais aucune information n’a
été fournie par les états-majors sur d’éventuelles
victimes.

Responsables
mais pas coupables

Le Premier
ministre, Ali Mohamed Gedi, en visite officielle à Nairobi au Kenya,
déclare avoir une certaine idée de l’origine des coups
portés au processus de paix.

Il les attribue à «des éléments terroristes extérieurs»,
alors que tout le monde semble accuser les «Tribunaux islamistes»,
chassés de Mogadiscio en décembre dernier. Ali Mohamed Gedi
affirme avoir des contacts avec la branche modérée de ce mouvement.
«Ils veulent rejoindre le processus de paix et de réconciliation»,
a-t-il déclaré. Le gouvernement somalien qui prépare
la conférence de réconciliation nationale, à partir du
16 avril prochain, invite, par ailleurs, les Tribunaux islamistes à
venir avec «leurs clans et sous-clans». Autrement dit, il exhorte
les chefs des Tribunaux islamistes à exercer un meilleur contrôle
sur leurs troupes.

Cette indulgence
du Premier ministre a certainement été nourrie par les exigences
de certains bailleurs de fonds qui soumettent leur participation financière
à la présence des islamistes modérés à
la conférence de réconciliation nationale.

Justement, Ali Mohamed Gedi mène actuellement des négociations
à Nairobi pour boucler le budget de la conférence qui s’élève
à quelque 42,2 millions de dollars.