23/03/07 (B387-B) LIBERATION : La Somalie sombre dans la guerre civile. Une opération de «ratissage» des combattants islamistes a été lancée.

Par
Christophe AYAD

Si
l’on a pu parler, à tort ou à raison, de «talibans noirs»
à propos du bref règne des Tribunaux islamiques en Somalie,
il est de plus en plus évident que, depuis leur chute, Mogadiscio est
en voie d’«irakisation» accélérée.

Depuis mercredi, la capitale somalienne est en proie à une véritable
guerre civile. Hier, les combats ont gagné les quartiers nord, jusque-là
épargnés. Trois civils ont été tués par
un obus de mortier qui a explosé dans leur maison. «Nous sommes
terrorisés dans nos maisons et nous voyons des balles fuser partout»,
a raconté à l’AFP Bashir Mohamed, résident du quartier
de Gupta.

Dans le sud de Mogadiscio, les combats de la veille se sont poursuivis hier.
Mercredi, au moins 14 personnes, dont six soldats, ont été tuées
dans des violences entre insurgés et soldats somaliens et éthiopiens.
Cette explosion de violence a, semble-t-il, été provoquée
par le lancement d’une grande opération de «ratissage»
visant les combattants islamistes. Le gouvernement, qui a annoncé son
installation dans la capitale, estime pouvoir venir à bout des islamistes,
dirigés par Aden Hashi Ayro et que les autorités désignent
comme le «chef d’Al-Qaeda à Mogadiscio». Le chef des Tribunaux
islamiques, cheikh Hassan Dahier Aweys, a donné, mercredi, sa première
interview depuis sa disparition fin décembre.

En fait, les insurgés, qui se sont rendus maîtres du quartier
du ministère de la Défense, ont même capturé, traîné
dans les rues et brûlé cinq ou six soldats éthiopiens.
Cette image rappelle celle, il y a quatorze ans, des Casques bleus américains
lynchés par la foule à Mogadiscio. L’armée éthiopienne,
déterminante dans la victoire éclair du gouvernement contre
les Tribunaux islamiques en décembre, se trouve dans une posture de
plus en plus délicate. Ciblés par les attaques des islamistes
et de miliciens claniques hostiles à leur présence, les Ethiopiens
comptent sur l’arrivée de la mission de l’Union africaine en Somalie
(Amisom), dont un détachement ougandais est déjà sur
place. Mais ils n’ont pas pris part aux combats de ces deux derniers jours.
Plus de 170 blessés, dont des femmes et des enfants, ont été
admis depuis mercredi dans le principal hôpital de Mogadiscio.