23/03/07 (B388-A) LE FIGARO : Somalie : la guerre reprend contre les islamistes. (Info lectrice)

PATRICK
DE SAINT-EXUPÉRY.


Les autorités de transition, de retour à Mogadiscio, ont lancé
l’assaut afin « d’éradiquer » les milices de la capitale.

POUR la deuxième journée consécutive, d’importants combats
se sont déroulés hier à Mogadiscio, capitale d’un pays
emporté depuis 1991 par la guerre civile. Jusqu’ici limités
au sud de la capitale, les combats ont gagné le nord : « De violents
tirs d’artillerie lourde sont effectués par les forces du gouvernement
et les insurgés, racontait hier à l’AFP un habitant du nord
de la capitale. Nous sommes terrorisés dans nos maisons et nous voyons
des balles fuser partout. »

Au sud de Mogadiscio, la situation n’était guère différente
: « Il y a des tirs de mitrailleuses et de batteries antiaériennes,
rapportait un habitant. Les deux camps utilisent toutes les armes à
leur disposition. »

La reprise des violences fait suite à l’installation dans la capitale
du gouvernement somalien de transition, constitué sous l’égide
de la communauté internationale. Depuis 2004, le gouvernement était
installé à Baidoa, à 250 km de Mogadiscio.

Appuyés par un fort déploiement de l’armée éthiopienne,
les responsables de la transition ont voulu frapper un grand coup à
l’occasion de leur retour dans la ­capitale. Mercredi, à l’aube,
les forces de sécurité somaliennes ont lancé une importante
opération contre les milices. L’annonce du lancement de l’opération
a été faite par l’ambassadeur de Somalie au Kenya : «
Tôt ce matin, a annoncé Mohamed Ali Nur, les forces somaliennes
ont commencé une opération militaire à Mogadiscio pour
exterminer les milices. »

Un plan d’éradication

Le jour même de cette annonce, l’une plus hautes autorités des
anciens Tribunaux islamiques, Cheikh Hassan Dahir Aweys, est sortie pour la
première fois d’un long silence. Intervenant sur la BBC depuis un lieu
non révélé, l’ancien responsable a affirmé que
ses hommes allaient « se défendre ». Les autorités
ont répondu en faisant savoir qu’elles entendaient mener à bien
leur plan d’« éradication ».

À la pointe de l’assaut, le vice-ministre de la Défense, Salad
Ali Jelle, a revendiqué l’action : « Le gouvernement combat les
terroristes à Mogadiscio, a-t-il affirmé. Les combats ne cesseront
pas tant que nous ne les aurons pas défaits. Le plan ne sera pas empêché
par des individus. »

Selon Salad Ali Jelle, les récentes attaques dans la capitale seraient
dues « à des résidus d’islamistes conduits par Aden Hashi
Ayro ». Ce dernier aurait, toujours selon l’officiel, été
désigné comme responsable des opérations d’al-Qaida à
Mogadiscio.

Les États-Unis soupçonnent de longue date Ayro de liens avec
l’organisation islamiste. Selon leur ambassadeur à Nairobi et Mogadiscio,
Michael Ranneberger, Ayro s’efforcerait de réorganiser les forces islamistes
dans la capitale somalienne.

Ayro, qui a suivi un entraînement en Afghanistan, dirigeait Chabab,
la redoutable aile militaire de l’Union des tribunaux islamistes, qui a chassé
il y a un an de Mogadiscio les chefs de guerre qui y faisaient régner
depuis quinze ans leur loi.

Quatorze personnes, dont au moins six soldats, ont été tués
dans les affrontements de mercredi. Aucun bilan des violents combats à
l’arme lourde d’hier n’a encore été donné. Selon un rapport
publié à la mi-mars par le Bureau de coordination des affaires
humanitaires de l’ONU, plus de 40 000 personnes ont quitté Mogadiscio
au cours du mois dernier.