31/03/07 (B389) REUTERS Combats intenses à Mogadiscio, un hélicoptère abattu

MOGADISCIO
(Reuters) – Des insurgés ont abattu un hélicoptère de
combat éthiopien vendredi à Mogadiscio, où les affrontements
se sont intensifiés au deuxième jour d’une offensive des forces
somaliennes et éthiopiennes contre des islamistes et des miliciens
affiliés aux clans locaux.

Face aux obus qui pleuvaient sur la capitale et aux tirs assourdissants de
chars d’assaut qui ébranlaient les habitations, des centaines d’insurgés
ripostaient en faisant usage de mortiers, de roquettes et de grenades.

Tandis que des habitants terrifiés se terraient chez eux, des journalistes
ont vu deux hélicoptères éthiopiens ouvrir le feu sur
un bastion des insurgés avant que l’un d’eux soit touché par
une roquette ou une grenade.

« De la fumée est sortie en tourbillonnant de la cabine et il s’est
tourné vers l’océan », a dit le journaliste suisse Eugen
Sorg, posté à proximité sur un toit. « Il s’est écrasé
à l’extrémité sud de la piste d’aéroport. »

Des témoins ont signalé une fumée noire et plusieurs
explosions en provenance du lieu où l’appareil était tombé.


Trente personnes au moins, et sans doute beaucoup
plus, ont été tuées dans les combats, les plus violents
engagés depuis le nouvel an à Mogadiscio. L’offensive somalo-éthiopienne
a aussi fait plus de 200 blessés depuis jeudi.

Un porte-parole de Ban Ki-moon a fait savoir que le secrétaire
général de l’Onu était « profondément préoccupé »
par l’intensité des affrontements. « Il s’inquiète en particulier
du recours aux raids aériens et de l’introduction de chars et de pièces
d’artillerie lourde dans des parties de la ville à forte densité
de population », a ajouté le porte-parole.

« Un obus de mortier vient de tomber dans la maison voisine de la mienne »,
a déclaré à Reuters Faisal Jamah, un habitant du sud
de la capitale. « Nous avons à peine dormi cette nuit. Le ciel
était illuminé par les explosions. Il y a un grand nombre de
blessés, mais il n’y a aucun moyen de les évacuer vers des hôpitaux
en raison des combats de rue. »

INQUIETUDE A L’ONU

Jeudi, des cadavres de soldats éthiopiens ont été traînés
dans les rues et des miliciens aux allures bravaches ont posé à
côté des corps. Scènes qui rappellent la destruction de
deux hélicoptères américains Black Hawk en 1993 à
Mogadiscio au cours d’une opération avortée contre les chefs
de guerre locaux.

Certains miliciens de clan qui faisaient naguère la loi dans la ville
combattent avec les islamistes. Les affrontements ont torpillé une
trêve précaire entre l’armée éthiopienne et le
principal clan de Mogadiscio, les Hawiye.

Selon des analystes, Addis-Abeba semble résolu à livrer
une guerre tous azimuts aux insurgés, qui ont pu se sentir encouragés
par des épisodes récents comme la destruction d’un avion au
service d’une mission de maintien de la paix africaine, ou des embuscades
dans lesquelles sont tombés des soldats.

L’Ethiopie espère écraser les rebelles, mais l’offensive pourrait
mécontenter la population et attirer des djihadistes musulmans étrangers,
notent des spécialistes de la région.

La Maison blanche a présenté jeudi au Congrès américain
un rapport soulignant que des activistes étrangers continuent à
trouver refuge en Somalie.

L’ambassadeur de Somalie en Ethiopie, Abdikarin Farah, a déclaré
que les attaques étaient limitées à un bastion des insurgés
et visaient à déloger des « terroristes internationaux ».

« Cela vise un petit secteur de la ville où les terroristes sont
retranchés », a-t-il dit aux journalistes à Addis-Abeba.
« Beaucoup de terroristes et d’islamistes ont été capturés,
beaucoup ont été tués », a-t-il dit sans avancer
de chiffres.

Certains des combats les plus violents de vendredi avaient lieu autour du
principal stade de football, où des médias locaux signalent
des tranchées creusées par des soldats éthiopiens et
des insurgés à quelques mètres les unes des autres.

Selon les Nations unies, 12.000 habitants ont fui Mogadiscio depuis
une semaine.

Malgré ce chaos, le Premier ministre
Ali Mohamed Gedi a estimé qu’une conférence sur la réconciliation
prévue à la mi-avril serait maintenue. Des islamistes modérés
y seront invités, a-t-il dit.

« Ceux qui renoncent à la violence et reconnaissent
la charte fédérale de transition peuvent y participer »,
a-t-il dit à la BBC à Ryad en faisant allusion à la charte
en vertu de laquelle son gouvernement a été mis sur pied au
Kenya en 2004.

Niant que la situation échappe à
tout contrôle, Gedi a ajouté: « C’est ce que répandent
les mass médias, mais la réalité est différente. »