02/04/07 (B389) LE FIGARO L’armée d’Addis-Abeba a déploré hier la perte d’un hélicoptère.

L’HÉLICOPTÈRE
est tombé à la mi-journée. Touché de plein fouet
par un missile, le Mi-24 de l’armée éthiopienne s’est écrasé
sur le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio. Il n’y aurait pas de survivants.


Fidèle à son mutisme, l’état-major de l’armée
d’Addis-Abeba s’est contenté de confirmer qu’« un hélicoptère
est hors service » promettant de « publier un rapport une fois
l’enquête terminée ».

Pour les militaires éthiopiens, qui en décembre dernier ont
largement contribué à la chute des Tribunaux islamiques en Somalie
et à l’installation du Gouvernement fédéral de transition
(GFT) dans la capitale, la perte de cet appareil est une mauvaise nouvelle
de plus. Elle démontre que la guerre redoutée contre les factions
qui depuis 1991 ravagent Mogadiscio a cette fois éclaté. Depuis
jeudi, les violents combats ont fait au moins 46 morts, dont sept soldats
éthiopiens.

L’insurrection, qui contrôle presque tout le sud de Mogadiscio, apparaît
de plus en plus déterminée et redoutablement bien armée.
Selon le GFT, le mouvement ne serait qu’une lutte d’arrière-garde d’anciens
miliciens islamistes tentant de reconquérir le pouvoir perdu. De fait,
l’ossature du mouvement est composée de Chebabs, l’aile la plus extrémistes
des Tribunaux. Mais ces miliciens ont été rejoints par certains
chefs de clans Hayiwe, le principal groupe de Mogadiscio hostile au gouvernement
perçu comme dominé par le clan rival des Darods.

Au fil des semaines, cette insurrection a gagné du terrain. Les attaques
contre les soldats éthiopiens et les hommes du GFT sont plus régulières.
Conscients des risques, les Éthiopiens ont lancé jeudi une vaste
offensive destinée à « vider » la capitale des miliciens.
À l’aube, les troupes d’Addis-Abeba ont envahi les quartiers sud de
la ville, bastion des insurgés. Ces derniers, repartis en petits groupes,
ont réagi, ouvrant le feu à l’aide d’armes légères
mais aussi de lance-roquettes, bloquant l’avancée des Éthiopiens.
Dès lors, les Éthiopiens ont déployé toutes leurs
forces, engageants chars et hélicoptères sans parvenir pour
autant à se rendre maître du quartier. Et les pertes de part
et d’autre s’accumulent.

Sept soldats éthiopiens au- raient été tués avant
que leurs corps ne soient traînés dans la rue par une foule ivre
de colère. Toute la journée d’hier, d’intenses combats à
l’arme lourde se déroulaient autour du stade causant des ravages dans
la population civile.

La panique gagne

« Un obus a éventré la maison à côté
de chez moi. Il y a beaucoup de blessés, mais il est impossible de
les conduire à l’hôpital à cause des combats »,
affirme Faisal Jamal un habitant cité par Reuter. Selon le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR), 229 blessés ont été
admis dans les deux principaux centres médicaux de la ville. Sur son
site Internet, Radio Shabelle, un média local, affirme que la panique
gagne. L’ONU a recensé 12 000 personnes qui auraient fui la ville la
seule semaine dernière. De leur côté, les 1 200 hommes
déployés par l’Union africaine ont gardé une neutralité
gênée.

Le premier ministre, Ali Mohammed Gedi, se dit malgré tout confiant
sur la capacité de son gouvernement à rétablir l’ordre.
« La situation est sous contrôle », a-t-il assuré,
en maintenant la tenue d’une conférence nationale de réconciliation
à Mogadiscio à la mi-avril. « Les attaques sont limitées
à une petite zone et ne visent que des terroristes », a martelé
Abdikarin Farah, l’ambassadeur somalien en Éthiopie. Mais beaucoup
redoutent que l’attaque éthiopienne n’aggrave encore l’impopularité
du gouvernement et légitime un peu plus encore l’insurrection.