02/04/07 (B389) REUTERS .Accalmie à Mogadiscio, les habitants enterrent les morts. Les Ethiopiens envoient des renforts. Le Président Ougandais tentent de convaincre les Erythréens de cesser leur aide aux islamistes somaliens. (Info lectrice)

Par
Sahal Abdulle

MOGADISCIO (Reuters) – A la faveur de la première accalmie en quatre
jours de violents combats, les habitants de Mogadiscio se sont aventurés
lundi matin dans les rues de la capitale et ont entrepris d’inhumer à
la va-vite les centaines de cadavres qui les jonchent.

Une mine a explosé en début de matinée dans le quartier
du Kilomètre Quatre, à la sortie sud de la capitale, au passage
d’un convoi dans lequel se trouvait le chef d’état-major de l’armée
somalienne, sans faire de victime, rapporte un témoin.

Considérés par le Comité international de la Croix-Rouge
(CICR) comme les pires depuis 15 ans, les affrontements qui ont opposé
ces derniers jours troupes somaliennes et éthiopiennes, d’une part,
combattants islamistes et claniques de l’autre, avaient toutefois cessé.

Les chefs du puissant clan Hawiye ont annoncé avoir conclu dimanche
un cessez-le-feu avec les troupes éthiopiennes. "Nous avons stoppé
les combats de notre côté et ils ont commencé à
respecter le cessez-le-feu pour leur part hier soir", a déclaré
à Reuters un notable du clan.

Il était quasiment impossible lundi de dresser un bilan précis
des derniers affrontements. Mais ils ont fait plusieurs centaines de morts,
principalement des civils, selon les habitants de la capitale. L’armée
éthiopienne a pour sa part annoncé avoir tué 200 insurgés.

"Cette nuit c’est la première fois que j’ai pu dormir depuis le
début de la guerre", a confié à Reuters un milicien
clanique entendant conserver l’anonymat. "Les gens voient dans cette
accalmie l’occasion de ramasser leurs affaires et de partir", a-t-il
ajouté.

Quarante-sept mille civils pris dans les combats ont quitté Mogadiscio
depuis dix jours, portant à 96.000 le nombre de réfugiés
qui ont fui la capitale ces deux derniers mois, a estimé le Haut commissariat
de l’Onu pour les réfugiés (HCR).

RENFORTS ÉTHIOPIENS À MOGADISCIO

L’accalmie actuelle pourrait bien être précaire.
Pareilles trêves s’étaient révélées éphémères
par le passé et, durant le week-end, les habitants de la capitale ont
vu affluer des centaines de nouvelles militaires éthiopiens.

Le gouvernement d’Addis-Abeba paraît déterminé
à venir à bout de l’insurrection, mais nombre d’experts estiment
que son interventionnisme n’aura pas les effets escomptés et que les
Somaliens vont se dresser contre leurs voisins ou venir grossir les rangs
islamistes.

Le groupe de contact international sur la Somalie, qui réunit
Etats-Unis, Union européenne et pays africains de la région,
doit se réunir mardi au Caire mais les analystes n’en attendent rien
tant la communauté internationale paraît avoir peu de prise sur
la situation dans l’ex-colonie italienne.

Le groupe appuie le déploiement en Somalie d’une force de l’Union africaine
(UA), qui n’est constituée pour le moment que de 1.200 soldats ougandais
pris entre deux feux et réduits à camper au port et à
l’aéroport, constituant ainsi une cible idéale pour les insurgés
islamistes.

La communauté internationale place désormais ses espoirs dans
la réunion de réconciliation prévue le 16 avril et censée
rassembler chefs de clans, chefs de guerre et autres notables somaliens, mais
"elle semble morte-née", estime un diplomate.

Pour sa part, le président ougandais Yoweri Museveni, dont
le contingent a perdu dimanche son premier soldat en Somalie, s’est rendu
lundi en Erythrée pour dissuader le gouvernement d’Asmara d’aider les
combattants islamistes somaliens.

Rival régional de l’Ethiopie, celui-ci dément fournir une aide
aux insurgés mais réclame que leur Union des tribunaux islamiques
(UTI) chassée de Mogadiscio en décembre par les troupes d’Addis-Abeba,
soit reconnu comme seul gouvernement légitime de la Somalie.

Pour leur part, les autres pays de la région ainsi que la communauté
internationale ne reconnaissent que le gouvernement fédéral
transitoire (TFG) installé par l’armée éthiopienne à
Mogadiscio, à la place de l’UTI, qui en avait chassé il y a
un an les chefs de guerre qui faisaient régner depuis 15 ans leur loi
sanglante.