04/04/07 (B389) LeFASO.NET / Somalie : Au nom de la lutte contre le terrorisme !

Stipendiée
par l’administration Bush, l’armée éthiopienne est
en train de se livrer depuis deux mois, à une véritable boucherie
en Somalie sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Un «
nième » holocauste à mettre au compte de la politique
néoconservatrice de Bush qui aura échoué sur toute la
ligne au plan international.

Si les somaliens sont aujourd’hui victimes de tueries aveugles et barbares,
c’est en raison de leur passé mais aussi et surtout de l’échec
de l’administration américaine dans sa tentative de remodelage
du Proche et Moyen-Orient, avec l’étirement du front «
anti impérialiste » qui s’étend désormais
jusqu’à la corne de l’Afrique.

La Somalie victime de son passé, cela s’explique par le fait
que Ben Laden y a fait ses classes et y dispose d’un solide réseau
relationnel en raison de la proximité de ce pays avec le Yemen, terre
natale de l’ennemi public numéro un de l’administration
Bush.

Au début de la décennie 90 et après avoir été
un collaborateur de premier rang des américains, Ben Laden a décidé
de donner une tournure plus patriotique à son combat avec la cause
palestinienne et la « préservation » de la terre sainte
d’Arabie comme porte-étendards. « Les infidèles
envahissent l’Arabie Saoudite pour piller les ressources du pays ce
qui est contraire ceux préceptes du Coran ».

Voilà le premier alibi du nouveau croisé de l’Islam la
« martyrisation » de ses frères palestiniens par les «
sionistes » israéliens en étant le second.

Et comme il lui fallait trouver une « base » d’entraînement
pour ses moujahidines, la Somalie qu’il connaissait bien et plus tard
l’Afghanistan (avant la chute des Talibans) serviront de « tanières
» pour le lion. Les attentats de 1993 qui avaient frappé des
intérêts américains et israéliens au Kenya ont
été perpétrés par la branche somalienne des «
soldats de Dieu ».

En riposte, l’administration Clinton avait lancé l’opération
« Restor Hope » (rétablir l’espoir) avec des marines
débarquant à Mogadiscio, pour mater cette ville rebelle, fiefs
de chefs de guerre indépendants et repaire de tous les malfrats en
quête d’un havre de paix. Un cocktail explosif et détonnant
qui brûlera les pieds de l’armée américaine qui
se retirera sans gloire du pays.

Cette victoire aura le don de fortifier cette base-arrière du «
général » Ben Laden, qui deviendra le principal camp d’entraînement,
après la chute du régime taliban ou début de la décennie
2000. C’est qu’entre temps, le cow-boy du Texas, George Walker
Bush était parvenu au pourvoir et avait opté pour des méthodes
plus musclées pour vider ce vieux contentieux.

Après avoir, pensait-il, frappé la nébuleuse terroriste
au coeur, avec la chute des Talibans en Afghanistan, il ne restait plus qu’à
« nettoyer » cette base-arrière que constituait la Somalie.
Mais, Al Qaïda n’était pas « mort » avec le
régime taliban, en témoigne la résistance farouche opposée
aux Américains en Afghanistan même et plus loin en Irak.

Une nouvelle option avec les démocrates ?

Pire, le front somalien s’était structuré, avec
la naissance des tribunaux islamiques, nouvelle version des talibans, qui
ne tarderont pas à contrôler le pays.

C’est que contrairement aux « thèses » véhiculées
par une certaine presse occidentale, ces tribunaux islamiques sont populaires,
la plupart des somaliens se reconnaissant en eux. Il n’y a donc pas
les civils d’un côté et les tribunaux islamiques de l’autre,
les seconds puisant leur force des premiers.

On comprend pourquoi l’actuel président somalien a débarqué
à Mogadiscio, entouré d’une escouade de soldats éthiopiens
et pourquoi il se terre depuis dans son palais. On comprend aussi pourquoi
les Américains se sont mis cette fois en réserve, préférant
envoyer les éthiopiens en première ligne contre quelques prébendes
et la garantie de l’impunité.

Pour autant, l’affaire n’est pas dans le sac, avec ces combats
acharnés auxquels on assiste et dont le bilan est plus catastrophique
qu’on ne le présente. Réfractaires à tout joug
extérieur, farouches et fiers, les somaliens sont prêts à
se battre « jusqu’au dernier » pour conserver leur liberté.

C’est
dire que l’on s’achemine vers un drame humain, à moins
que la nouvelle majorité démocrate ne mette le holà.

On s’est aperçu que celle-ci parle de moins en moins le même
discours que George Bush sur le dossier proche-oriental et ses effets collatéraux.
Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants
s’apprête à effectuer une tournée en Israël
et en Palestine pour apporter une « nouvelle vision » dans la
recherche de la paix. Une vision qui, on s’en doute, va demander d’importantes
concessions aux israéliens en vue de sortir de l’impasse actuelle.
Qu’on le veuille ou pas, le Hamas a été légitimé
par les urnes et il a accepté de s’ouvrir au Fatah pour contenter
les occidentaux.

Lesquels n’ont
donc plus de prétextes pour ostraciser les palestiniens. On a vu que
lors de sa dernière visite en Israël, Condoleezza Rice et Ehud
Olmert se sont séparés en queue de poisson, les divergences
de vues étant très marquées.

L’héritage Bush devient de plus en plus lourd, d’autant
que la plupart des croisades entreprises avaient un « soubassement »
économique. Des guerres de rapine et de prédation savamment
enrobées dans un attrayant emballage magnifiant la démocratie
et la défense des droits humains.

Le mensonge
a beau courir, la vérité le rattrape toujours. On est arrivé
à ce point d’inflexion où l’Amérique devra
lâcher du lest si elle veut continuer à diriger les affaires
du monde. Le plus fort n’est jamais assez fort pour rester le maître,
et les foyers de contestation sont de plus en plus nombreux. Rien à
dire, la prochaine décennie va apporter de nombreux bouleversements
à l’échelle internationale.

Boubacar
SY
Sidwaya