11/04/07 (B390) AFFAIRE BORREL : Rebondissement dans le Canard Enchaîné sous la plume L-M.H. (Info lectrice)

Quand
un ambassadeur balance un procureur

Un
ambassadeur de France en exercice interrogé comme « témoin
assisté » par deux juges d’instruction, le fait n’est
déjà pas banal. Mais quand l’Excellence met en cause l’ancien
directeur de cabinet du garde de Sceaux, devenu procureur général
de Paris, l’imbroglio judiciaire promet d’être réjouissant.

Le début
de l’histoire remonte au 31 janvier 2005. Ce jour-là, le Quai
d’Orsay, par la voix de son porte-parole Hervé Ladsous, publie
un communiqué sur l’affaire Borrel, du nom du juge assassiné
à Djibouti en 1995. Il affirme que rien ne permet d’accuser les
autorités djiboutiennes, et qu’une copie du dossier judiciaire
leur sera « prochainement transmise ».

Une énorme bévue puisque, au même moment, la juge d’instruction
Sophie Clément s’apprête à mettre en cause plusieurs
personnalités proches du pouvoir à Djibouti, voire le chef de
l’Etat, Omar Guelleh, en personne. Et qu’elle refuse de transmettre
le dossier à la justice djiboutienne, dont le procureur lui-même
est soupçonné d’avoir exercé des pressions sur
les témoins ;

Du coup,
les avocats de la veuve du juge Borrel décident de porter plainte pour
pression sur la justice, contre le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères.

Devenu ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous a répondu,
le 21 mars, à la convocation des juges. Et
il a accusé, sans ménagement, le cabinet du garde des Sceaux
: « Il y a visiblement boulette à la Chancellerie » déclare
le « témoin assisté » qui affirme s’être
borné à publier un communiqué préparé par
le cabinet du ministre de la Justice, Pascal Clément.

Et il ajoute :

« Quelqu’un
qui aurait dû connaitre la bonne procédure. Ce n’était
pas notre métier. C’était celui du ministère de
la Justice ! »

Problème
: le directeur de cabinet du garde des sceaux était, à l’époque,
Laurent Le Mesle, magistrat devenu procureur général à
Paris. Et les deux juges qui instruisent la plainte exercent, elles aussi,
à Paris.

Vont-elles convoquer leur procureur général ? Le mettre en examen
? L’embastiller ?

Et même si elles n’en font rien, le haut magistrat est
désormais sur la sellette pour « pression sur la justice »
dans une procédure qui est traitée à Paris, et dans laquelle
il peut être conduit à prendre des réquisitions. Pourvu
qu’il ne soit pas trop sévère…

L
– M. H.