19/04/07 (B391) AFP : Affaire Borrel: perquisition au ministère des Affaires étrangères (Info lectrice)

PARIS
(AFP) – Une perquisition était en cours jeudi au ministère des
Affaires étrangères dans le cadre d’une enquête judiciaire
sur d’éventuelles pressions sur la justice dans l’affaire du juge Borrel,
retrouvé mort en 1995 à Djibouti, a-t-on appris auprès
du ministère.

"Les juges d’instruction chargés d’examiner la plainte déposée
par la partie civile dans cette affaire, relative à un communiqué
de presse diffusé par le ministère des Affaires étrangères,
se trouvent actuellement au Quai d’Orsay", a déclaré à
la presse le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi.

"Je n’ai aucun commentaire à faire sur une procédure judiciaire
en cours", a-t-il ajouté.

Cette plainte visait une déclaration officielle du Quai d’Orsay du
29 janvier 2005 qui avait assuré qu’une copie du dossier d’instruction
français relatif au décès du juge Borrel serait "prochainement
transmise à la justice djiboutienne", qui en avait fait la demande.

Or, quelques jours plus tard, la juge chargée du dossier, Sophie Clément,
refusera cette transmission estimant notamment que la demande de Djibouti
avait "pour unique but de prendre connaissance (…) de pièces
mettant en cause le procureur de la République de Djibouti".

Le juge Borrel, détaché comme conseiller du ministre djiboutien
de la Justice, avait été retrouvé mort en 1995, le corps
à demi-calciné, au pied d’un ravin. Djibouti a conclu à
un suicide mais l’enquête française privilégie la thèse
d’un assassinat.

La responsabilité présumée
du président djiboutien et de membres de son entourage dans la mort
du juge a été évoquée lors de l’instruction par
plusieurs témoins.

La juge Clément a délivré, en octobre 2006, des mandats
d’arrêt contre le procureur et le chef des services secrets de Djibouti
pour une éventuelle "subornation de témoins" dans
l’enquête.

L’ex-porte-parole du Quai d’Orsay Hervé Ladsous, visé par une
information judiciaire pour des supposées pressions sur la justice
dans cette affaire et aujourd’hui ambassadeur de France en Chine, a de son
côté récemment mis en cause le cabinet de l’ancien garde
des Sceaux Dominique Perben.

M. Ladsous a été entendu le 21 mars en tant que témoin
assisté par les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia, qui
instruisent la plainte d’Elisabeth Borrel, veuve du juge Bernard Borrel.

Interrogé sur la déclaration du Quai d’Orsay, assimilée
par les plaignants à une pression sur la justice, l’ambassadeur a affirmé
s’être borné à publier un communiqué préparé
par le cabinet du ministre de la justice.

"Il y a visiblement quelqu’un qui a fait une grosse boulette à
la chancellerie", a déclaré M. Ladsous aux juges, selon
l’hebdomadaire Le Canard enchaîné.

A l’époque, le cabinet du ministre était dirigé
par l’actuel procureur général de Paris, Laurent Le Mesle. Interrogé,
ce dernier n’a pas souhaité commenter les déclarations de M.
Ladsous.