21/04/07 (B392-A) Pas de trève à Mogadiscio. Ce samedi matin, les violences ont reprises. (2 dépêches – Info lectrice)

__________________________________
1 – AFP

Somalie
: reprise des combats entre armée éthiopienne et insurgés
à Mogadiscio

Par Mustafa HAJI ABDINUR

MOGADISCIO (AFP) – Des combats au mortier ont opposé l’armée
éthiopienne et des insurgés samedi pour le quatrième
jour de la semaine dans la capitale somalienne Mogadiscio, où plusieurs
dizaines de civils ont été tués depuis la reprise des
affrontements entre les deux camps.

Selon des témoins, au moins quatre civils d’une même famille
ont été tués et deux autres blessés samedi dans
ces combats entre l’armée éthiopienne, alliée au gouvernement
somalien, et des insurgés, parmi lesquels figurent des miliciens islamistes.

« Un père de famille et ses trois fils ont été tués
lorsque deux obus de mortier sont tombés sur leur maison », a rapporté
Ali Hassan Aden, un voisin résidant près du marché de
Bakara (sud de la capitale).

« Deux autres personnes ont été blessées », a-t-il
ajouté.

Les deux camps, qui se faisaient face dans un climat très tendu depuis
le début du mois, s’étaient déjà affrontés
violemment mardi, jeudi et vendredi dans la capitale.

Vendredi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon
a estimé que la recherche d’une solution militaire aux problèmes
de sécurité à Mogadiscio sera « vraisemblablement
contreproductive et suscitera des rancoeurs à long terme parmi certains
clans et communautés, compromettant les perspectives de réconciliation »
en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.

« Il est impératif d’obtenir la fin immédiate des combats »,
a-t-il martelé.

Utilisant des chars, les soldats éthiopiens
en position près du palais présidentiel (sud de Mogadiscio),
ont tiré samedi à la roquette et au mortier en direction de
plusieurs refuges présumés d’insurgés dans l’ensemble
de la capitale, provoquant une riposte à l’arme lourde des insurgés.

Ces combats ont notamment lieu dans le quartier de Fagah (nord)
et dans celui du marché de Bakara, principal marché de Mogadiscio.

« Les forces éthiopiennes tirent
au mortier sur le marché de Bakara, des obus tombent partout en ce
moment, nous ne savons pas quoi faire », a déclaré un témoin,
Hashim Ali Mohamed.

Au moins 40 civils ont été tués et plus de 200 blessés
depuis la reprise de ces affrontements, selon un bilan établi auprès
de témoins et d’un décompte présenté par le porte-parole
des chefs traditionnels du puissant clan Hawiye, Hussein Aden Korgab.

Selon une ONG somalienne de défense des droits de l’Homme, citant des
chiffres obtenus auprès d’hôpitaux, d’organisations humanitaires
et de témoins, au moins 113 civils ont été tués
dans les combats de mardi, jeudi et vendredi à Mogadiscio. 229 autres
personnes ont été blessées, a également affirmé
Sudan Ali Ahmed, directeur de Elman Peace and Human Rights Organisation.

L’armée éthiopienne était intervenue en Somalie, officiellement
fin décembre 2006, pour déloger les tribunaux islamiques, qui
avaient appelé à la guerre sainte contre le régime d’Addis
Abeba.

Du 29 mars au 1er avril, des combats extrêmement intenses ont opposé
à Mogadiscio l’armée éthiopienne et les insurgés.
Selon les chefs traditionnels Hawiye, ces affrontements ont fait 1.086 morts.

Selon des experts, les insurgés sont un groupe hétéroclite
de miliciens islamistes, de chefs de guerre et de chefs traditionnels, Hawiye
notamment.

Depuis la chute des tribunaux islamiques, Mogadiscio est secouée par
des attaques quasi quotidiennes.

L’Ouganda a déployé au moins 1.500 soldats à Mogadiscio
dans le cadre de la force de paix de l’UA en Somalie (Amisom) qui doit à
terme compter 8.000 hommes. Le 31 mars, un soldat ougandais de cette force
de paix a été tué par un tir d’artillerie.

_____________________________________ 2
– REUTERS

Les combats se poursuivent dans la capitale
somalienne

MOGADISCIO (Reuters) – Les bombardements se sont poursuivis dans la
nuit et samedi matin à Mogadiscio, faisant de nombreuses victimes et
forçant des centaines de personnes à fuir la capitale somalienne,
le plus grave exode depuis la chute de Siad Barré en 1991.

« Il y a de nombreux morts. Moi-même, je transporte dans ma voiture
les corps de deux membres d’une même famille », a raconté
à Reuters un habitant de la ville.

Vendredi soir, l’ONG somalienne Elman avait fait état de 131 morts
depuis le début de cette nouvelle flambée de violence mercredi
dernier.

A la fin mars, quatre jours de violents affrontements entre forces gouvernementales
et leurs alliés éthiopiens d’un côté, insurgés
islamistes et miliciens tribaux de l’autre, avaient fait un millier de morts.

Selon les Nations unies, 321.000 personnes, près du tiers de la population
de la capitale, ont fui la ville depuis février et la situation devient
pour elles catastrophique.

Le président somalien Abdoullahi Youssouf
a cependant minimisé vendredi la signification de cette nouvelle flambée
de violence.

Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon,
a déclaré dans un nouveau rapport au Conseil de sécurité
qu’une « coalition de bonne volonté » pourrait être nécessaire
pour imposer la paix en Somalie.

Il a invité le Conseil de sécurité à examiner
en juin si une force conventionnelle de maintien de la paix pourrait réussir
en Somalie ou s’il fallait rechercher une autre solution.

Le rapport, rendu public vendredi, fera l’objet de discussions au Conseil
de sécurité mardi prochain.

« CATASTROPHE HUMANITAIRE IMMINENTE »

« Je ne partage pas l’opinion que la situation à Mogadiscio ou
en Somalie s’aggrave. Je dirais plutôt que le problème de la
Somalie se règle lentement mais sûrement », a pourtant affirmé
le président somalien Abdoullahi Youssouf à l’occasion d’une
visite à Addis-Abeba.

Youssouf et son allié Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien,
ont toutefois estimé nécessaire d' »intensifier les opérations
de ratissage antiterroristes à Mogadiscio ».

Youssouf a promis de traquer les quelque 3.000 combattants anti-gouvernementaux
– selon une évaluation de l’Onu – qui tentent d’empêcher son
gouvernement d’asseoir son autorité dans la capitale, où l’armée
éthiopienne l’a installé en décembre.

Les derniers combats ont entraîné un nouvel exode de centaines
de civils qui risque de prendre de l’ampleur. A pied, à dos d’âne,
en charrette ou en voiture, des centaines de réfugiés ont fui
le chaos de la capitale.

Des dizaines de milliers d’entre eux vivent dehors, manquant de vivres et
d’eau. Les Nations unies ont prédit une catastrophe humanitaire imminente
car une épidémie de diarrhée a déjà emporté
plus de 400 personnes et une autre de choléra frappe des centaines
d’autres.

L’Ethiopie a récusé vendredi des propos tenus par le
coordinateur humanitaire de l’Onu sur place, Eric Laroche, qui avait estimé
que ses troupes et celles du gouvernement transitoire somalien ne facilitaient
pas l’acheminement de l’aide d’urgence.

« La déclaration de Laroche dénote un absence surprenante
de connaissance de la situation à Mogadiscio et autour, ainsi que des
entraves causées aux opérations de secours par les voitures
piégées, mines et des tirs de roquette aveugles des extrémistes
et des terroristes », a dit un porte-parole d’Addis-Abeba.