23/04/07 (B392-B) AFP – Somalie : l’armée éthiopienne pilonne les positions des insurgés à Mogadiscio (Info lectrice)

Par
Mustafa HAJI ABDINUR

MOGADISCIO (AFP) – L’armée éthiopienne, alliée
au gouvernement somalien, a continué lundi son pilonnage méthodique
des positions des insurgés à Mogadiscio, dont la population
se trouve prise au piège des violents échanges d’artillerie
entre les deux camps.

Au sixième jour de combats à l’arme lourde, qui ont fait plus
de 200 morts selon une association somalienne de défense des droits
de l’Homme, les affrontements se sont concentrés dans le nord de la
ville.

« J’ai vu des chars éthiopiens prendre position et pilonner
lourdement à l’artillerie les positions des insurgés »,
a témoigné auprès de l’AFP Mukhtar Mohamed, un résident
du quartier de Fagah (nord).

« Les deux camps se battent à la mitrailleuse,
au mortier et à l’armement anti-aérien », a-t-il décrit.

Selon des témoins et des sources hospitalières, cinq
personnes ont été tuées lundi, et 15 blessées.

Selon un chef traditionnel, les corps de quatre personnes tuées
par la chute d’un obus sur une échoppe ont été retrouvés
lundi matin près du quartier de Tawfiq, où un homme a également
été tué par une balle perdue.

Des médecins de Medina, le principal hôpital de la capitale,
ont indiqué avoir pris en charge 15 blessés dans la matinée.

Depuis la défaite des tribunaux islamiques fin décembre-début
janvier face à l’offensive conjuguée de l’armée éthiopienne
et des forces gouvernementales somaliennes, les miliciens islamistes, membres
de la coalition hétéroclite composant les insurgés, ont
conservé des positions dans certains parties du nord de la capitale.

Après avoir notamment concentré ses bombardements la
semaine dernière sur le quartier du stade, principal fief des insurgés
situé dans le sud de la ville, l’armée d’Addis Abeba semble
avoir entrepris lundi de tenter de réduire les « poches » des
insurgés dans le nord.

Aucun bilan émanant des belligérants n’a été fourni,
les deux camps se gardant de toute déclaration sur l’issue des combats.

Hussein Said Korgab, l’un des porte-parole du puissant clan local des Hawiye,
a précisé à l’AFP que « les combats sont acharnés »
et que « le nombre de victimes augmente tous les jours ». Le porte-parole
accuse les soldats éthiopiens « de frapper les civils ».

Depuis début février, près d’un tiers du million d’habitants
de la capitale ont déserté la ville en raison des violences,
selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Lundi, de nombreux habitants du sud de Mogadiscio profitaient d’une
relative accalmie dans cette partie de la ville pour fuir à leur tour.

« Nous n’avons aucun endroit où rester en ville, nous
fuyons jusqu’à ce que nous trouvions un lieu plus sûr. C’est
la même chose partout à Mogadiscio: la mort », a confié
à l’AFP Saadia Bur Dheere, mère de trois enfants.

Selon le porte-parole des chefs Hawiye, « au moins 70.000 personnes ont
évacué leurs maisons » depuis la reprise des combats la
semaine dernière. « Les Ethiopiens et le gouvernement somalien
seront tenus responsables de tout ce gâchis », a-t-il affirmé.

L’armée éthiopienne a lancé fin mars une première
offensive dans la capitale contre les insurgés qui attaquaient quasi-quotidiennement
les forces loyalistes depuis le début de l’année.

Du 29 mars au 1er avril, l’artillerie éthiopienne
avait violement bombardé le quartier du stade. Selon les autorités
traditionnelles Hawiye, 1.086 civils avaient péri dans ces combats,
les pires à Mogadiscio depuis 15 ans selon le Comité international
de la Croix-rouge (CICR).

L’armée éthiopienne était intervenue en Somalie, officiellement
fin décembre 2006, pour déloger les tribunaux islamiques, qui
avaient appelé à la guerre sainte contre le régime d’Addis
Abeba.