24/04/07 (B392-B) AFP MOGADISCIO (AFP) – Somalie : l’armée éthiopienne pilonne les positions des insurgés à Mogadiscio (Info lectrice)

L’armée
éthiopienne, alliée au gouvernement somalien, a continué
lundi son pilonnage méthodique des positions des insurgés à
Mogadiscio, dont la population se trouve prise au piège des violents
échanges d’artillerie entre les deux camps.

Au moins 37 personnes – dont 19 insurgés
– ont été tuées lundi dans ces combats, portant à
au moins 256 le nombre de morts – en très grande majorité des
civils – en six jours de combats, selon un bilan établi par l’ONG somalienne
Elman Peace and Human Rights Organisation.

« Aujourd’hui
(lundi), les combats les plus violents (depuis la semaine dernière)
ont eu lieu à Mogadiscio »,

a commenté à la presse le Premier ministre de transition, Ali
Mohamed Gedi, selon qui « les forces gouvernementales et éthiopiennes
ont le desssus ».

Qualifiant une nouvelle fois les insurgés d’éléments
(du réseau terroriste) d’Al-Qaïda, M. Gedi a affirmé qu’ils
ne conservent plus que « quelques petites positions » dans la ville,
après six jours de bombardements intenses.

Lundi, les affrontements se sont concentrés dans le nord de la capitale.
« J’ai vu des chars éthiopiens prendre position et pilonner lourdement
les positions des insurgés », a témoigné auprès
de l’AFP Mukhtar Mohamed, un résident du quartier de Fagah (nord).

« Les deux camps se battent à la mitrailleuse, au mortier et à
l’armement anti-aérien », a-t-il décrit.

Depuis la défaite des tribunaux islamiques fin décembre-début
janvier face à l’offensive conjuguée de l’armée éthiopienne
et des forces gouvernementales somaliennes, les miliciens islamistes, membres
de la coalition hétéroclite composant les insurgés, ont
conservé des positions dans certains parties du nord de la capitale.

Après avoir notamment concentré ses bombardements la semaine
dernière sur le quartier du stade, principal fief des insurgés
situé dans le sud de la ville, l’armée d’Addis Abeba semble
avoir entrepris lundi de tenter de réduire les « poches » des
insurgés dans le nord.

Les tirs d’artillerie n’ont épargné ni les médias, ni
les infrastructures médicales. Reporters sans frontières a dénoncé
« la vague de violence ayant frappé les médias », tandis
que Médecins sans frontières a protesté lundi contre
la chute d’un obus de mortier, vendredi, sur l’une de ses cliniques. L’explosion
n’a pas fait de victimes, selon MSF.

Depuis début février, près d’un tiers du million d’habitants
de la capitale ont déserté la ville en raison des violences,
selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Lundi, de nombreux habitants du sud de Mogadiscio profitaient d’une relative
accalmie dans cette partie de la ville pour fuir à leur tour.

« Nous n’avons aucun endroit où rester en ville, nous fuyons jusqu’à
ce que nous trouvions un lieu plus sûr. C’est la même chose partout
à Mogadiscio: la mort », a confié à l’AFP Saadia
Bur Dheere, mère de trois enfants.

Selon Hussein Said Korgab, porte-parole des chefs du puissant clan Hawiye,
« au moins 70.000 personnes ont évacué leurs maisons »
depuis la reprise des combats la semaine dernière. « Les Ethiopiens
et le gouvernement somalien seront tenus responsables de tout ce gâchis »,
a-t-il affirmé.

L’armée éthiopienne a lancé fin mars une première
offensive dans la capitale contre les insurgés qui attaquaient quasi-quotidiennement
les forces loyalistes depuis le début de l’année.

Du 29 mars au 1er avril, l’artillerie éthiopienne avait violemment
bombardé le quartier du stade. Selon les autorités traditionnelles
Hawiye, 1.086 civils avaient péri dans ces combats, les pires à
Mogadiscio depuis 15 ans selon le Comité international de la Croix-rouge
(CICR).