29/04/07 (B393) AFP / Somalie : fin des combats à Mogadiscio, les Ethiopiens traquent les insurgés

Par
Mustafa HAJI ABDINUR

MOGADISCIO (AFP) – L’armée éthiopienne a patrouillé
vendredi dans les rues à la recherche d’insurgés dans la capitale
somalienne Mogadiscio, où les combats ont totalement cessé au
lendemain du succès militaire majeur des troupes d’Addis Abeba, engagées
aux côtés du gouvernement somalien.

« Le temps de la violence est révolu », a jugé le porte-parole
du gouvernement somalien, Hussein Mohamed Mohamud, alors qu’aucun tir n’était
entendu dans la ville. « Le gouvernement somalien fera tout ce qu’il peut
pour promouvoir la réconciliation et la paix », dans ce pays en
guerre civile depuis 1991, a-t-il ajouté.

Harassés après neuf jours de combats ininterrompus qui ont dévasté
plusieurs quartiers, des habitants ont commencé de leur côté
à ramasser les cadavres abandonnés dans la capitale.

Dans certains quartiers, des pillards portant des uniformes des forces gouvernementales
somaliennes ont volé des voitures et mis à sac des entrepôts
et des maisons, provoquant l’exaspération de la population.

Selon le vice-ministre somalien de la Défense, Salad Ali Jelle, ces
pillards « sont des civils portant des uniformes de l’armée (…)
Ce sont des escrocs qui ont volé nos uniformes ».

Dans d’autres quartiers du nord et du sud, des camions de soldats éthiopiens
circulaient. Des soldats patrouillaient à pied dans les rues, cherchant
dans les maisons les insurgés, groupe hétéroclite formé
notamment de miliciens islamistes. Ces insurgés ont abandonné
jeudi leurs positions devant la puissance de feu de l’armée éthiopienne.

« Les soldats éthiopiens sont entrés dans notre maison et
ont arrêté trois personnes dont une femme », a raconté
Ibrahim Sheikh Mao, du quartier de Suuqahoola, dans le nord.

« Ils ont regardé mes mains et mes coudes », manière
de déterminer si une personne a utilisé récemment une
arme, a ajouté Ibrahim Sheikh Mao: « Ils m’ont relâché.
Mais ils ont emmené trois autres (personnes) dans un camion qui attendait
dehors. Ils vont de maison en maison pour arrêter des gens ».

« Tous les hommes fuient les maisons à cause des arrestations »,
a témoigné de son côté Shamso Nur, une femme qui
habite Ali Kamin, un des principaux fiefs des insurgés: « J’ai
vu les Ethiopiens emmener trois hommes à côté de chez
moi. Je ne sais pas si c’était des combattants ».

D’autres habitants se sont organisés pour ramasser les cadavres dans
les rues.

« Nous avons ramassé sept corps, dont celui d’une femme. Ils étaient
en état de décomposition et nous les avons emmenés dans
une mosquée pour préparer l’inhumation », a expliqué
Haji Mukhtar Hassan, qui réside dans le nord de la ville.

Selon un bilan partiel de l’ONG somalienne Elman Peace and Human Rights Organisation,
près de 400 personnes – en majorité des civils – ont été
tuées dans la ville depuis le déclenchement de l’offensive éthiopienne,
le 17 avril.

Jeudi, après un intense pilonnage d’artillerie, les soldats d’Addis
Abeba avaient pris l’essentiel des positions des insurgés.

Le même jour, le Premier ministre somalien Ali Mohamed Gedi avait affirmé
avoir « pratiquement terminé le combat contre les insurgés
d’Al-Qaïda à Mogadiscio ». « Les forces du gouvernement
ont pris le contrôle de leurs principaux bastions dans le nord de la
ville », a-t-il déclaré.

Environ 400.000 personnes ont fui ces combats à Mogadiscio (qui compte
un million d’habitants) depuis début février, selon le responsable
de l’ONU pour les questions humanitaires, John Holmes.

L’armée éthiopienne est intervenue en Somalie fin 2006 pour
déloger les tribunaux islamiques, qui avaient appelé à
la guerre sainte contre le régime d’Addis Abeba et rejetaient l’autorité
du gouvernement somalien de transition, mis en place en 2004 pour stabiliser
le pays.