07/05/07 (B394) AFP : Perquisition à l’Elysée : les juges « cantonnées » dans « un local poubelles »

PARIS
(AFP) – Les juges d’instruction qui se sont vu interdire l’accès de
l’Elysée pour une perquisition dans le cadre d’une enquête sur
d’éventuelles pressions politiques sur la justice dans l’affaire Borrel,
ont été « cantonnées » dans « un local poubelles »,
écrivent-elles dans leur procès-verbal.

Selon le PV de Fabienne Pous et Michèle Ganascia, dont une partie est
publiée dans le Journal du Dimanche et authentifiée de sources
proches du dossier, « l’accès au bâtiment » leur « est
refusé et une résistance physique » leur « est opposée »
par les gardes républicains.

« Nous sommes bousculées par les gardes républicains
et nous ne parvenons à pénétrer sous le porche d’entrée
avec nos deux greffières (…) qu’au prix de notre détermination
à ne pas demeurer sur la voie publique », mentionnent les deux
juges.

MMes Pous et Ganascia réclament un « bureau » pour « s’asseoir »
et compléter leurs réquisitions nécessaires à
la perquisition. Elle se voient opposer un refus, d’abord par l’officier de
la garde républicaine, le lieutenant-colonel Pierre Sauvegrain, puis
par le directeur de cabinet de Jacques Chirac, Michel Blangy.

« Les capots de voiture, c’est aussi très bien pour faire
office de table », leur rétorque le gradé.

Les magistrates concluent : « outre les injonctions réitérées
de quitter les lieux, nous avons été cantonnées sous
le porche servant de local poubelles, à proximité des containers
servant à cet effet, sur lesquels ont été rédigés,
par nos soins » les réquisitions.

Selon une source proche du dossier, les juges ont « rappelé aux
gardes républicains » qu’elles n’étaient pas des « voyous »
mais des « magistrats », une déclaration qu’elles n’ont cependant
pas consigné.

L’Elysée s’est opposé à la perquisition en invoquant
l’article 67 introduit en février dans la Constitution et qui garantit
une immunité pénale au chef de l’Etat.

Les magistrates visaient en fait la « cellule Afrique » de
l’Elysée et plus particulièrement les bureaux de son chef, Michel
de Bonnecorse.

Le juge Bernard Borrel avait été retrouvé mort en 1995
à Djibouti. Djibouti a conclu à un suicide mais l’enquête
française privilégie la thèse d’un assassinat.

Outre l’enquête sur la mort du juge, une autre instruction, confiée
aux juges Pous et Ganascia, a été ouverte sur d’éventuelles
pressions exercées sur la justice à la suite d’une plainte de
la veuve du magistrat