11/05/07 (B395) ALERTE ROUGE / ARDHD Lettre ouverte à la représentation du HCR à Addis Abeba, pour demander des informations sur la position du HCR à l’égard des réfugiés djiboutiens exilés en Ethiopie après avoir combattu dans les rangs de la résistance (FRUD)

Attention
de Louise Aubin,

Madame,

Notre association a été alertée sur le sort de nombreux
Djiboutiens exilés en Ethiopie, après avoir participé
au mouvement de résistance (FRUD) dans les années 91-93.

Ces personnes vivent actuellement en Ethiopie et une vingtaine de familles
bénéficient d’une aide qui leur est accordée par le HCR,
sous forme d’un petit revenu mensuel et de la prise en charge des soins.

Il nous a été rapporté que le HCR leur avait proposé
un retour à Djibouti et que ces familles ont rejeté à
l’unanimité cette proposition. Les arguments opposés (et que
notre association confirme totalement) sont les risques pour leur vie et celles
de leurs familles sur le territoire djiboutien.

Deux menaces péseraient sur leur tête :

1 – Le régime du Président Guelleh, qui n’est
pas connu pour sa mansuétude et qui a la rancune tenace. Tous les jours,
ce sont des arrestations, des emprisonnements. On cite aussi le cas d’exécutions
judiciaires.

– Le représentant de la Ligue djiboutienne des D.H. a été
arrêté et récemment condamné sur la base de fausses
affirmations et de motifs fallacieux…

– Les journalistes de l’un des seuls media indépendants sont harcelés
en permanence : deux d’entre eux sont de nouveau à Gabode ..

Sous un tel système (que l’on ne peut pas qualifier ni de calme, ni
de stabilisé) des anciens combattants de la résistance, de retour
au pays, seraient harcelés.

De toutes les façons, l’accès à tous les services (sans
parler de l’emploi) leur serait refusé : santé, éducation,
papier d’identité, … sans parler des sévices possibles …

2 – Nombreux parmi les combattants exilés sont ceux qui ont eu à
connaître la trahison d’une fraction du FRUD, sous
la direction d’Ougoureh Kifleh, devenu Ministre des armées après
son ralliement au pouvoir. Certains ont même été attaqués
par derrière par leurs anciens frères d’armes, lors des combats
entre le FRUD et l’AND (Armée nationale djiboutienne).

On peut craindre que cette faction n’accepte pas la présence sur le
territoire de la République djiboutienne, d’anciens compagnons d’armes
qui pourraient témoigner de la traitrise. Là aussi les risques
sont sérieux …. d’autant que cette faction ralliée détient
de nombreux postes dans l’Armée, la Police et la Police spéciale
(SDS).

Considérant ces risques et connaissant la situation qui prévaut
à Djibouti, nous ne pouvons que confirmer les arguments développés
par ces Djiboutiens exilés.

Selon eux, si le maintien en Ethiopie n’était plus possible, ils n’auraient
d’autre choix que de s’établir dans un autre pays, car le retour à
Djibouti signifirait le début de l’enfer pour eux.

Notre association se mobilise en leur faveur et nous serions très heureux
de connaître votre position et celle du HCR sur le sujet et les différentes
options qui pourraient leur être proposées.

A l’avance, je vous remercie de votre réponse.

Bien cordialement

Jean-Loup
SCHAAL