01/06/07 (B398) Le Renouveau Djiboutien subit les foudres du régime autocratique par Mohamed Qayaad

«
Si on ne dit pas la vérité, on dégoûte. Si on la
dit, on est lapidé. Que faire ? » Voltaire

Le
régime ioguiste ferait mieux de commencer par donner la parole à
tous sans aucune censure avant de parler de démocratie et de liberté
d’expression.

Il
faut indexer le mal, puis proposer des remèdes. La République
De Djibouti avancera certainement avec cette stratégie. Le silence
n’est pas un mot que l’on peut utiliser pour décrire le
régime détestable djiboutien.

Quiconque
a le malheur de critiquer IOG ou l’un de ses proches, en paye irrémédiablement
les conséquences et est fusillé à vue ! Comment peut-on
avoir encore du respect à une conception de la politique qui ne dépasse
pas l’aspiration de gérer la médiocrité dont on
veut se débarrasser ?

De quoi
accuse-t-on le Renouveau ? Les chefs d’inculpation sont « publication
et diffusion de fausses nouvelles. Cependant, le chef d’inculpation
est délit d’opinion, délit de contestation, délit
d’empêcher de tourner en rond, délit de ne pas penser comme
IOG, délit de ne pas parler comme IOG, délit de … A chacun
de compléter cette liste qui peut s’allonger sans fin tant les
atteintes aux droits fondamentaux de l’Homme sont fréquentes
et répétées.

«
La censure à l’haleine immonde, aux ongles noirs

Cette
chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs… » (1)

Dans cette
affaire mal engagée sur le plan des procédures où les
lois n’ont été respectées à aucune étape.
Cette justice instrumentalisée à souhait n’a même
pas cherché à préserver un semblant d’indépendance.
Le procès présidé par la juge a été entaché
par des innombrables irrégularités qui disent long sur l’état
de délabrement de la justice djiboutienne.

Ils ont
été arrêtés vers 23 heures par des policiers en
civil, sans qu’aucun mandat d’arrêt n’ait été
lancé contre eux, ni qu’aucune convocation à comparaître
devant un magistrat ou devant la police ne leur ait été signifiée.
Les autorités ordinales n’ont pas été informées
malgré l’obligation légale de le faire. Quelque soit la
qualification juridique que l’on puisse attribuer à l’article
incriminé, l’arrestation brutale des deux membres du MRD, constituent
une atteinte inacceptable à la liberté d’expression.

Il s’agit
d’une atteinte flagrante à la liberté d’opinion et d’expression
de Houssein Ahmed Farah garantie par l’article 19 de la Déclaration
universelle des droits de l’homme et l’article 9 du Pacte International
Relatif aux droits civils et politiques de 1966.

Dans un
pays où la liberté d’expression est totalement bâillonnée,
cet hebdomadaire s’est illustré par la couverture des violations
systématiques des libertés fondamentales.

De toute
façon, comment pourrait-il exister une presse libre dans un pays sans
Etat de droit ?
Comment en finir avec ce régime aussi répressif, aussi corrompu
et surtout aussi incompétent ? Car c’est bien là la question
essentielle. L’Histoire nous apprend qu’une dictature ne peut
en aucun cas envisager sa propre désintégration toutes les manœuvres
qu’elle envisage ne cherche qu’à prolonger voire renforcer
ses positions toute en affaiblissant les positions de l’adversaire qu’il
soit exogène (opposition) ou endogène (les clans).

DAF qui
était destiné au sacerdoce a fait preuve de courage de bonne
volonté dans ce pays où la critique sur le régime est
sacrilège de sa majesté.

L’argument
fait sourire, certes. Au moins essaie-t-il (Maki), même maladroitement,
de ne pas nier cet aspect incontestable des indices. Ah ! Ce mépris
du djiboutien, à qui on raconte des sornettes qu’on ne prend surtout
pas le temps de vérifier !

Par ce
rapprochement, quelle idée a-t-il voulu transmettre ? Un dogmatisme
aveugle en a décidé autrement. La démonstration de cette
fameuse similitude thématique tourne à l’insupportable
pêle-mêle quand, elle désinforme délibérément.
Notre procureur en est l’illustration parfaite.

Certains
diront un sadique vicieux et cruel, d’autres avanceront un fanatique froid
qui se mue volontiers, pour la galerie, en orateur hystérique, mais
sans être dupe pour autant de son personnage gesticulatoire qu’il
incarne ainsi à l’usage des djiboutiens. Il ne reconnaît
jamais ses tords, quand il est pris sur le fait, il ne regrette rien, ne s’excuse
pas et n’éprouve aucun sentiment pour les personnes à
qui il a causé du tort.

Bienvenue
dans le monde de Maki : où le mensonge est la norme, où le dogme
est le crétinisme. Eh oui ! Votre seule stratégie est de vivre
dans l’instant, et d’ériger le mensonge social comme idéologie
dominante devant imprégner tous les niveaux du corps social, pour fétichiser
des valeurs dépourvues de contenu comme la « transparence »,
l’« éthique », le « contrôle citoyen »
ou la « vérité ». Pire, vous êtes l’as-sa-sin
de la liberté, de la démocratie et de la conscience.

Mensonge
que des crimes nous commettons à ton nom ! Maki, soyez le favori du
dictateur ; servez-le, j’y consens, quoique votre talent pusse être
plus dignement employé ; mais ne soyez son apologiste ni de bouche,
ni d´esprit, ni de cœur.

Comment
lui faire comprendre l’obstination, le refus de compréhension
des lyncheurs d’hier, aujourd’hui sous le coup des lapidations
des autres, d’assumer les principes dont le procureur Maki se targue
être le dépositaire ? Pourquoi semble t-il si difficile aux uns
de comprendre qu’au nom de la chère liberté, le peuple
djiboutien a le droit aussi de défendre ses valeurs lorsqu’elles
sont bafouées par le dictateur ? Pardon son guide providentiel devrais-je
dire ! Descartes disait « le bon sens est la chose du monde la mieux
partagée ». Et au nom de ses valeurs, IOG n’a-t- il pas
violenté son peuple sous prétexte qu’il veut faire partager
son « bon sens » ?

Népotisme, déprédations multiples, exterminations,
génocide, sont-ce pas là des exemples des conséquences
de cette défense des valeurs de liberté si chères à
Maki ?

Quelle hypocrisie ! Maki, ce faisant le chantre de la dictature, vient encore
de donner une preuve de son manque de maturité qu’il cache sous
des grands principes de liberté d’expression et autres concepts
pompeux pour sa bonne conscience, mais qu’il est incapable d’assumer.
Oui ! Cette incapacité à respecter sur son propre sol, les valeurs
qu’il prétend incarner et qu’il va imposer de force à
d’autres. Maître dans l’art de transformer en fiction des réalités
ou le contraire, dont l’empire n’a de limites que celles de l’imaginaire,
ne comptez pas sur lui pour vous révéler  » les secrets
 » du régime despotique.

C’est
son adhésion totale au Ioguisme, corps et âme, c’est l’énorme
profit personnel qu’il en a tiré en termes de prestige et de
puissance (lui, parti de si bas), c’est aussi la logique de l’idéologie,
qui a anéanti en lui tout ou du moins presque tout de ce qui devrait
constituer le système des valeurs, normales ou normatives, d’un
djiboutien du XXIe siècles. Je dis presque tout, car la diabolisation
totale d’un individu, même celui-là, confine comme toujours
à une certaine absurdité.

Si la
liberté d’expression n’est pas donc un vain mot dans cette
société dont l’hypocrisie et les contradictions sont les
caractéristiques essentielles, pourquoi toute cette bronca orchestrée
par Maki sur les membres du MRD. Le versatile -Maki – comme tous les adeptes
du flou, de la mauvaise foi et du mensonge nous en donne une explication fort
intéressante et révélatrice ; ce n’est pas pareil,
ce que le journal du Renouveau a fait est odieux, abominable bref inqualifiable,
d’ailleurs nul comparable à ce qui se passe. On croirait entendre
Jacob Neusner lorsqu’il affirmait  » L’holocauste mal unique
n’a pas seulement pour conséquence de donner aux juifs un statut
à part, il leur donne un droit sur les autres».

La manipulation
est plus subtile, elle tient dans la description d’une réalité
volontairement tronquée et parcellaire qui nie singulièrement
l’information. Il use de méthodes inadmissibles à l’encontre
de tous ceux qui critiquent un tant soit peu le régime dictatorial.
Je dois dire que cette méthode de l’humiliation personnelle est une
méthode déplorable, même quand elle est utilisée
contre des éléments politiques qui méritent d’être
durement combattus.

Mais j’ai
beau avoir du mal à comprendre cet acharnement du procureur Maki, l’entreprise
de diabolisation dont le journal « le Renouveau Djiboutien » fait
l’objet me soulève le cœur, car elle surfe sur les fantasmes d’invasion
les plus malsains et les plus délirants .Car, pour démontrer
sa thèse, tous les moyens sont bons, y compris la mauvaise foi, l’approximation,
qu’il est en passe d’élever au rang des beaux-arts.

Mais qu’importe
: la cause est entendue. Il faut bien constater que, de plus en plus, pour
les agitateurs enragés de l’épouvantail ethnico-tribal, la vérité
et les faits n’ont strictement aucune importance.

Aucune critique, aucun commentaire, pour réclamer par les mots la tête
d’un régime despotique et tyrannique. Bien au contraire, il a
développé presque systématiquement une réaction
de refus des faits naturels qui sont survennus. À croire qu’il en est
vraiment convaincu lui-même. Cette réaction de refus peut être
mêlée de doute, de rejet et/ou de peur. C’est un peu comme
si le recours au mensonge n’était fait que pour attirer l’attention
sur un mensonge plus essentiel et compromettant pour la vie.

Ainsi
s’ajoute à l’idée nauséabonde à la
base de son projet une audace remarquable qui se vautre avec délectation
dans la démesure et l’outrance aussi bien par sa forme que son
fond. Les jolis cœurs adeptes du langage châtié de Shakespeare
deviennent des psychopathes, nymphomanes, zombies, tueurs sanguinaires.

Un tel
paradoxe n’émeut guère le procureur Maki : « Faîtes
ce que je dis, pas ce que je fais », voilà qui résume
son attitude. Les menteurs invétérés existent. Les gens
mentent pour mille et une raisons. Mais il y en a qui mentent pour mentir,
sans aucun but précis, sans intention consciente. C’est comme une façon
bien à eux de se donner de l’importance, une façon de se valoriser,
de se rendre intéressant, de dire n’importe quoi, sur n’importe quoi
ou n’importe qui, même si ça peut blesser, simplement pour le
plaisir d’inventer. Pour attirer l’attention sur leur valeur personnelle.
Un vice animiste de l’esprit.

Il ne
sait plus. Il a du mal à s’imaginer ailleurs que sur un piédestal.
Alors, il se surdimensionné, s’invente des exploits, des aventures.Loin
de véhiculer une réalité objective, son acharnement sur
le Renouveau est avant tout un espace d’exorcisme de fantasmes et d’obsessions
intimes.

Le
procureur Maki se transforme en mercenaire médiatique volontaire, en
créant une atmosphère de méfiance, de soupçon,
de haine sur l’opposant DAF.

Toute
tentative de modifier l’ordre dictatorial djiboutien existant est récusée
au nom de trois types d’arguments : le risque d’engendrer des
effets contraires au but recherché (effet pervers) ; l’inutilité
de l’action entreprise, supposée impuissante à modifier
le statu quo (inanité) ; le risque de bouleverser une organisation
fragile, représentant de précieux acquis (mise en péril).

La saisie
du journal dont le seul crime est d’avoir osé accomplir sa mission
d’informer et de faire réfléchir s’est vu interdire, l’emprisonnement
des membres du MRD – cela est évidemment inacceptable, ne peut être
toléré d’aucune façon -, le procureur Maki ne s’aperçoit
même plus que le journaliste n’avait nullement atteinte à
la vie privée de l’émirati Abdallah Hamiri. Son passage
sous silence du scandale, mais le scandale est toujours indicible pour les
lâches. Clamant aux atteintes à la liberté quand celle-ci
n’est en rien menacée, pratiquant le mensonge, la manipulation,
et la désinformation pour propager la peur, la suspicion et l’exclusion
des citoyens toujours trop anti-ioguistes, toujours trop opposants. Donc,
la terreur, dont l’origine reste floue, incertaine, la peur qu’elle
provoque, sert à manipuler l’opinion. N’assiste-t-on pas
aujourd’hui aux mêmes procédés ?

Le procureur
Maki s’évertue à créditer la thèse selon
laquelle, l’article était diffamatoire. Quel grossier mensonge
! Où est la diffamation, l’insulte primitive dans l’article?
Aurais-je mal lu?

Accuser
l’article sans aucune preuve est un mensonge que personne ne pourrait
croire. C’est d’ailleurs par ce mensonge que les 2 membres du MRD Hared Abdallah
Barreh et Houssein Ahmed Farah ont été incarcérés
au secret pendant plusieurs heures.
Cette attitude montre à quel point le Régime Ioguiste n’est
nullement disposé à rompre avec une conception autocratique
du pouvoir qui dénie aux citoyens toute liberté et tout droit,
hormis celui de mourir.

Quel crédit
accorder aux dires du procureur -le-menteur? Comment se défendre contre
les pieux menteurs, les fabulateurs, les mystificateurs, les mythomanes, ceux
qui mentent parce qu’ils ont menti, ceux que Jean-Michel Rabaté appelle
les «menteurs en série»?

O combien
prétentieux serait celui qui affirmerait qu’il ne ment jamais
ou, du moins, qu’il n’a jamais menti…

Sa désinformation
consiste à déformer suffisamment un fait pour lui faire signifier
autre chose. Cela démontre s’il en est encore besoin, que le
régime ioguiste ne souffre aucune opposition.
On peut rapidement se rendre compte que la Liberté d’expression
est donc en fait clairement inexistante. La Liberté d’expression est
souvent l’ennemi premier des dictatures et IOG en a bien conscience.

En politique,
pour abattre un adversaire, on a tout vu ou presque, (l’imagination
des hommes est telle qu’on reste confondus de tant de techniques, directes
ou retorses, destinées à faire vider les étriers à
l’adversaire le plus convaincu et le plus déterminé.
D’abord le dénigrement de l’adversaire est-il le corollaire
juste et inévitable, nécessaire et suffisant de l’affirmation
et de la justification de ses propres idées ?

Le bon
sens (mais il n’y a pas de bon sens là dedans, les initiés
doivent éclater de rire) pousserait à dire : tant mieux ! Nos
idées sont donc si bonnes qu’elles tentent les autres, qu’ils
se les approprient ! La justice sociale, l’égalité, la
répartition des richesses, le travail pour tous et toutes, le service
public etc. etc.

Qu’est
ce qui est prioritaire, la fidélité au parti à tout prix,
ou la concrétisation des idées bonnes ? Là encore le
bon sens répondra, c’est la mise en œuvre concrète
!

N’est-ce
pas comique de voir des défenseurs d’IOG se mettre en contradiction
avec leurs propres principes ?

À
prétendre représenter le seul bon produit, la lassitude, le
doute s’installent, puis naît la curiosité, on va voir
ailleurs derrière cette masse de gens fort connus et fort importants
.

Mohamed
Qayaad


1- Victor Hugo, Les chants du crépuscule.