07/06/07 (B398) RSF / Erythrée ERYTHRÉE – Un journaliste de la radio publique arrêté alors qu’il tentait de fuir le pays.

Reporters
sans frontières est très inquiète du sort réservé
par les autorités érythréennes à Eyob Kessete,
journaliste du service en amharique de la radio publique Dimtsi Hafash,
arrêté alors qu’il tentait de fuir vers l’Ethiopie et incarcéré
depuis dans le centre de détention de May Srwa (nord d’Asmara).

"Le gouvernement érythréen ne change pas et continue
de traiter avec une extrême brutalité ceux qui ne sont pas
dans la ligne du parti unique. Nous attendons avec impatience de voir
quelle sera la réaction de la Commission européenne, nouveau
partenaire stratégique et économique assumé du président
Issaias Afeworki. Les protestations d’usage seront révélatrices
de l’échec de cette politique. La preuve sera faite que les engagements
de l’Erythrée en matière de liberté de la presse
et de droits de l’homme sont des écrans de fumée, uniquement
destinés à relâcher la pression qui pèse sur
les démocraties qui traitent avec elle", a déclaré
l’organisation.

Eyob Kessete a été arrêté à une date
inconnue par des gardes-frontière érythréens, alors
qu’il tentait de gagner l’Ethiopie, comme le font chaque année
de nombreux concitoyens cherchant à fuir l’un des pays les plus
fermés du monde. La tentative de fuite hors du pays étant
la plupart du temps considérée comme un acte de trahison
par le gouvernement, le journaliste a été incarcéré
dans un container en métal, dans le centre de détention
de May Srwa, a proximité de la prison militaire d’Adi Abeyto, à
la sortie nord de la capitale, Asmara.

D’anciens prisonniers qui sont parvenus à fuir le pays ont témoigné
auprès de Reporters sans frontières des conditions de détention
effroyables et des tortures pratiquées dans ce centre de détention.

Aucune visite ni contact avec l’extérieur n’est toléré.
Aucune procédure légale n’est engagée contre les
détenus, dont la durée d’incarcération dépend
du bon vouloir du gouvernement. Leurs familles craignent de demander de
leurs nouvelles, par peur de représailles. Des membres des familles
de ceux qui sont parvenus à fuir le pays ont été
arrêtés et sont également détenus à
Adi Abeyto. D’autres ont été expulsés de leur domicile.

Par ailleurs, les arrestations du personnel du ministère de
l’Information, commencées en novembre 2006, ont continué.
Ibrahim Abdella, employé du service des archives musicales de la
chaîne publique Eri-TV, et un employé des archives des informations
dont on ignore le nom, ont été interpellés à
leur domicile, dans la semaine du 12 au 16 mars 2007, et conduits dans
un lieu de détention inconnu. On est sans nouvelles d’eux depuis
leur arrestation.

Une dizaine de journalistes des médias gouvernementaux avait été
pris dans une vague d’arrestations lancée le 12 novembre 2006,
suite à la défection de plusieurs journalistes célèbres.
Les autorités, singulièrement irritées par ces défections,
les avaient arrêtés parce qu’ils étaient suspectés
d’être restés en contact avec les fugitifs ou de chercher
à fuir eux-mêmes. Tous, sauf Daniel Musie, du service en
oromo de Radio Dimtsi Hafash, ont été relâchés
sous caution et vivent aujourd’hui en liberté surveillée
à Asmara.

L’Erythrée est l’un des rares pays du monde sans
presse privée.

Depuis septembre 2001, parmi les centaines de prisonniers politiques,
au moins treize journalistes sont détenus au secret, sans procès
et sans contact avec l’extérieur. Selon les informations de
Reporters sans frontières, au moins quatre d’entre eux ont
trouvé la mort en prison, suite aux conditions de détention
épouvantables dans lesquelles ils sont maintenus.