12/06/07 (B399) RSF : ETHIOPIE / Reconnus « coupables » par la Haute Cour fédérale, quatre journalistes risquent des peines allant de 3 ans de prison à la peine de mort.

Reporters
sans frontières est scandalisée par le grave retour en arrière
que constitue l’arrêt de la Haute Cour fédérale, le
11 juin 2007, déclarant coupables d’avoir tenté de « renverser
l’ordre constitutionnel » quatre journalistes et trois groupes de
presse, parmi les 38 membres de l’opposition incarcérés
depuis les rafles de novembre 2005. Deux d’entre eux risquent la peine
de mort ou l’emprisonnement à vie.

D’autre part, l’organisation exprime sa désapprobation
de la nouvelle arrestation de Dawit Fassil, rédacteur en chef adjoint
de l’hebdomadaire disparu Satenaw, qui avait été relâché
sous caution en avril 2007, après 17 mois de prison.

« Le gouvernement éthiopien n’est-il pas encore épuisé
de harceler l’opposition et les journalistes? Près de deux ans
après les arrestations en masse de novembre 2005, il continue de
prétendre rendre la justice, alors qu’il ne fait qu’offrir la caricature
d’une démocratie défaillante et d’un gouvernement revanchard.
Pour ceux qui estimaient que les acquittements d’avril constituaient le
signe que le gouvernement était prêt à des compromis,
c’est à la fois décevant et très inquiétant.
Les Etats-Unis, qui entretiennent des relations privilégiées
avec l’Ethiopie, doivent faire comprendre au Premier ministre Meles Zenawi
que ce procès-fleuve a assez duré. Cette affaire devient
de plus en plus dangereuse pour la stabilité du pays et il est
temps de lui trouver une issue honorable », a déclaré
Reporters sans frontières.

La Haute Cour a décidé de considérer le refus de
présenter leur défense de 38 membres de la Coalition pour
l’unité et la démocratie (CUD, opposition), dont quatre
journalistes, comme un aveu de culpabilité. Parmi les accusés,
elle a déclaré coupables de « conspiration en vue de
renverser l’ordre constitutionnel » et « incitation à
la révolte » Mesfin Tesfaye, rédacteur en chef de Abay,
Andualem Ayele, rédacteur en chef d’Ethiop et Wonakseged
Zeleke, rédacteur en chef de Asqual. Les deux premiers journalistes
encourent la peine de mort ou l’emprisonnement à vie, tandis que
Wonakseged Zeleke risque dix ans de prison. Dawit Fassil, inculpé
de « propagation de fausses nouvelles », risque pour sa part trois
ans de prison. Les sentences doivent être prononcées le 8
juillet. Par ailleurs, les groupes de presse Serkalem, Sisay et Fassil
ont également été condamnés et risquent la
dissolution ou d’importantes amendes.

En revanche, Wosonseged Gebrekidan, rédacteur en chef d’Addis Zena,
et Dawit Kebede, rédacteur en chef de Hadar, ont accepté
de présenter leur défense et devraient commencer leur plaidoirie
le 18 juin.