16/06/07 (B400) Les anciens combattants dans la résistance (FRUD) réfugiés en Ethiopie lancent un appel solennel et ils demandent à l’ARDHD de le relayer auprès des organismes internationaux.

(L’ARDHD
a aussitôt transmis la lettre à Amnesty International, au HCR
et à l’Union européenne – Que toutes celles et tous ceux qui
peuvent aussi transmettre une copie à des organisations internationales
ou à des Gouvernements, le fassent sans retard – Merci pour eux, à
l’avance)

A
Monsieur Jean-Loup SCHAAL

Président de l’ARDHD
84 rue Saint-Louis en l’île
75004 PARIS


Addis Abeba, le 16 juin 2007

Cher Monsieur,

En tant
que réfugiés djiboutiens en Ethiopie, nous vous adressons cette
lettre officielle signée par chacun d’entre nous, pour vous demander
d’intervenir auprès de la communauté internationale, des
Associations concernées et du HCR, pour que notre statut soit reconnue
et que nos positions soient comprises et acceptées par les différentes
autorités concernées.

Le HCR
nous a convoqués à Addis Abeba début mai 2007 pour nous
informer du fait qu’il envisageait de cesser de nous accorder le statut
de réfugié en Ethiopie avec les versements mensuels et la couverture
sociale correspondante.

Nous contestons
l’analyse du HCR qui estimerait que la situation intérieure de
la République de Djibouti serait stabilisée et que notre retour
au pays pourrait avoir lieu dans des conditions de sécurité
plus que satisfaisantes.

Notre
analyse, confortée par les informations récentes dont nous disposons,
est totalement différente. De retour à Djibouti, nous serions
confrontés à deux types de risque.

________________________________________________________

1°) Le régime n’a pas changé

Le régime en place est la continuité du régime qui a
commis des massacres et probablement un génocide dans le nord du pays.
La découverte récente dans le Day (District de Tadjourah) d’un
premier charnier avec les corps de sept civils abattus froidement en 1994,
confirme ce point.

Nous savons que les intimidations, les harcèlements, les tortures et
les arrestations arbitraires continuent : récemment on peut citer l’emprisonnement
et la condamnation de Jean-Paul Noël Abdi, l’arrestation de membres
du MRD qui travaillaient pour le dernier journal libre d’opposition
: Le Renouveau, etc..

Ceux qui ont massacré nos proches circulent librement à
Djibouti et nombreux sont ceux qui occupent des postes à responsabilité
dans la Police, dans l’Armée et dans les corps spéciaux
: FNS, SDS, …

Nous rappelons que Djibouti est un petit pays. Tout le monde se connaît.
Chacun connaît la vie des autres, son passé et ses engagements,
jusque souvent aux secrets de famille.

Comment pourrions-nous vivre, dans ces conditions ?

Les criminels sauraient immédiatement où nous habitons et nos
familles et nous-mêmes serions confrontés en permanence à
la peur d’une exécution sommaire …

2)
Le groupe d’Ougoureh Kifleh (le qagaba), qui a trahi autrefois le FRUD
pour se rallier au régime, ne nous acceptera pas aujourd’hui
sur le sol djiboutien.

Ougoureh Kifleh, actuellement Ministre de la Défense nationale, et
ses proches ont trahi l’opposition avant de se rallier au régime.
Ils occupent aussi des postes importants dans les Services secrets, la Police
et l’Armée.

Nous avons tous été témoins de leur forfaiture. Ils nous
ont tirés dans le dos au cours des affrontements avec l’Armée
nationale djiboutienne. Personne ne pourrait imaginer aujourd’hui qu’ils
puissent nous accueillir à bras ouverts en République de Djibouti.
Nous représentons leur mauvaise conscience.

Nous avons reçu des informations précises sur leurs intentions
possibles en cas de retour au pays : ils n’hésiteront pas à
nous arrêter, à nous torturer et probablement à nous éliminer
au final, sans aucun état d’âme, comme ils ont trahi leur
idéal et leurs frères autrefois.

_____________________________________________________

Pour ces deux raisons, nous ne pouvons pas envisager de retourner
nous installer à Djibouti et nous demandons qu’il nous soit proposé,
si le maintien en Ethiopie s’avérait impossible, une installation
dans un pays neutre, par exemple : Nouvelle Zélande, USA, Canada, Australie
ou tout autre pays susceptible de nous accueillir et de nous reconnaître
nos droits.

Nous remercions particulièrement l’ARDHD et son Président
pour leurs actions en notre faveur et nous leurs donnons mandat pour qu’ils
interviennent auprès de toutes les institutions qui pourraient contribuer
à régler la délicate situation à laquelle nous
sommes confrontés bien involontairement.