17/06/07 (B400) Jacques Chirac sera-t-il appelé à comparaître devant la Justice dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du Juge Borrel ? L’AFP liste toutes les affaires qui pourraient conduire l’ancien Président à « témoigner » avec ou sans assistance, puisque son immunité est tombée hier soir. (Info lecteur)

Samedi
à minuit, Chirac perd définitivement son immunité

Par Emmanuel PARISSE

PARIS (AFP) – Samedi à minuit, un mois après son départ
de l’Elysée, l’ex-président Jacques Chirac perdra définitivement
l’immunité qui le protégeait d’éventuelles poursuites
judiciaires dans plusieurs affaires.

Interrogé vendredi par l’AFP, son avocat, Me Jean Veil, s’est refusé
à tout « commentaire » sur la situation de son client. Jamais
auparavant un ancien président français n’avait suscité
autant l’intérêt de la justice et par ricochet des médias.

Preuve de l’intérêt marqué pour les démêlés
judiciaires de M. Chirac, dont le nom est cité dans une demi-douzaine
d’affaires, le Canard Enchaîné a anticipé cette semaine
en annonçant sa convocation comme témoin dans l’affaire Clearstream
dès lundi.

Le parquet de Paris a démenti cette information.

Toutefois, les juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, en charge du dossier
peuvent solliciter le témoin à tout moment. En effet, selon
un magistrat, toute convocation comme témoin dans une instruction « peut
se faire sans formalisme, sans délai imposé et même parfois
par téléphone ». Dans Clearstream, une affaire de « dénonciation
calomnieuse », le nom de M. Chirac est cité comme ayant pu donner
des « instructions ».

Toutefois, selon un juriste, « on peut s’interroger sur la légitimité
à le convoquer comme témoin dès lors qu’il s’agit de
l’interroger sur ce qui a touché à sa fonction présidentielle ».

En revanche, il pourrait être convoqué comme témoin assisté,
dans le dossier des chargés de missions de la Ville de Paris. Ce statut
est à mi-chemin entre celui de simple témoin, c’est-à-dire
sans charges, et celui de mis en examen, contre lequel pèsent « des
indices graves et concordants ». Il s’agit d’une affaire d’emplois de
complaisance présumés payés par le cabinet du maire de
Paris entre 1983 et 1998, principalement au bénéfice de proches
du RPR. Cette enquête ouverte en 1998 est instruite par la juge Xavière
Simeoni. Une vingtaine de personnes sont mises en examen.

Selon des sources proches du dossier, Mme Simeoni pourrait entendre M. Chirac
après l’arrêt de la cour de cassation qui doit être rendu
le 26 juin sur les recours de quelques mis en examen.

Mais, l’affaire la plus menaçante pour lui pourrait être celle
des emplois fictifs du RPR payés par la mairie de Paris. Instruit à
Nanterre, ce dossier a fait l’objet d’une disjonction pour les faits concernant
le président.

En 2004, le reste du dossier s’était soldé notamment par la
condamnation d’Alain Juppé. Le cas personnel de M. Chirac reste en
attente dans le cabinet du juge de Nanterre Alain Philibeaux. « Personne
ne sait rien, à part Philibeaux, à propos d’une éventuelle
convocation de Chirac » à Nanterre, a-t-on assuré mardi
de source proche du dossier.

Par ailleurs, le juge Jean-Marie d’Huy reste saisi de l’affaire sur la Société
d’économie mixte parisienne de prestations (SEMPAP), une imprimerie
dissoute en 1996. Cette société est notamment soupçonnée
d’avoir financé le RPR via le cabinet du maire de Paris.

L’instruction concernant l’ancienne compagnie aérienne Euralair ouverte
en septembre 2006 à Paris et confiée à Mme Simeoni, pourrait
également viser M. Chirac. L’ancien chef de l’Etat et surtout son épouse
Bernadette auraient bénéficié de billets d’avion gratuits
avant 1995.

Enfin, M. Chirac, est également cité
dans l’affaire de la mort du juge Bernard Borrel à Djibouti en 1996,
dans laquelle des documents suggèrent une connivence avec le pouvoir
djiboutien.