03/07/07 (B402) LE TEMPS: INTERNATIONAL : Le fils du président tchadien retrouvé mort à Paris

Auteur: Sylvain Besson

MYSTERE. Brahim Déby avait été condamné pour trafic de drogue.

Courte vie que celle de Brahim Déby. Le fils du président tchadien Idriss Déby, âgé de 27 ans, a été retrouvé mort lundi dans le sous-sol de sa résidence de Courbevoie, près de Paris. Selon le parquet, il est décédé «par asphyxie», «probablement par la poudre blanche» provenant de l’extincteur trouvé à proximité de son corps. La cause de son décès pourrait être plus crapuleuse que politique.

En juin 2006, Brahim Déby avait été arrêté après une bagarre à la sortie d’une discothèque des beaux quartiers de Paris. Il était en possession d’une arme. La police avait ensuite perquisitionné son domicile et trouvé une valise contenant deux paquets de cannabis et deux grammes de cocaïne.

Un avocat qui a assisté au procès organisé dans la foulée en a livré un récit pittoresque, publié sur Internet sous le pseudonyme de Maître Eolas. Brahim Déby aurait expliqué avoir introduit un pistolet de calibre 9 mm en France grâce à la valise diplomatique. L’arme aurait appartenu à l’un de ses gardes du corps, auparavant décédé dans des circonstances mal éclaircies. Les paquets de cannabis découverts durant la perquisition pesaient 375 grammes.

Mansuétude de la justice

La cour a constaté que le fils du président et ses complices avaient sans doute fait disparaître de la drogue et autres éléments compromettants avant l’arrivée de la police. Le jeune Tchadien a cependant bénéficié d’une mansuétude rare: il a été condamné à seulement 6 mois de prison avec sursis.

A la suite de cet incident, les Déby père et fils se sont brouillés. Le 3 juin, un décret signé par Idriss avait démis Brahim de ses minces responsabilités officielles en ces termes: «Il est mis fin aux fonctions de Monsieur Brahim Deby Itno, conseiller technique à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à l’habitat à la présidence de la République.»

Cette mort intervient dans une phase délicate des relations entre Paris et certains de ses clients africains : les présidents du Gabon, du Congo et de Djibouti sont actuellement visés par des enquêtes françaises concernant des affaires de recel ou, dans le dernier cas, de meurtre.