04/05/99 (LIB 001) Maître R-V CALATAYUDmembre du Conseil National des Barreaux, Président de l’AFADD adresse une lettre ouverte à M. Ismaël Omar GUELLEH Futur Président de la République de Djibouti

Monsieur
le Président de la République,

J’interviens
auprès de vous en ma qualité d’avocat et d’ami de Me AREF mais également au
titre de mes fonctions de président de l’Association Française des Amis des
Démocrates de Djibouti qui comptent de nombreuses personnalités françaises
et djiboutiennes.

Comme vous
le savez, les conditions dans lesquelles Me AREF a été jugé et condamné ont
fait l’objet d’une mobilisation de toutes les personnes à travers le monde
attachées à la liberté, au progrès et à la démocratie.
De
nombreux messages de soutien nous ont été adressés et transmis à votre ambassade
en France.

Je
vous ai personnellement écrit à plusieurs reprises, via votre ambassade à
Paris, pour solliciter une mesure de clémence à l’occasion de votre investiture,
qui constituerait un signe clair de votre volonté de rétablir la paix et la
République.
Vous n’avez
pas cru devoir me répondre et je le regrette, car je suis très attaché à mes
amitiés fraternelles djiboutiennes et à ce pays que j’aime mais qui n’est
pas le mien.

Or,
je viens d’apprendre que Me AREF avait été averti, ce matin, que son procès
sera évoqué demain matin, le 5 mai, devant la cour d’appel de Djibouti: aucun
délai pour préparer sa défense, aucune possibilité pour moi de me rendre sur
place – ce d’autant que mon visa m’est toujours refusé sur votre ordre – aucune
défense libre et indépendante.

Oserais-je
espérer que cette audience de demain sera la dernière qui permettra le rétablissement
de la vérité et la restitution des droits de Me AREF.
Monsieur le Président
de la République, j’espère qu’un jour, tous les démocrates d’ici et d’ailleurs
pourront se retrouver dans votre pays pour célébrer un grand événement: la
restauration de l’Etat de Droit.

Je suis sûr
qu’un jour, je serai présent à leur côté pour fêter ce moment de joie et de
félicité. Bien sûr, en attendant je renouvelle ma demande d’autorisation de
me rendre à Djibouti, la libération de Me AREF, le plus glorieux porte drapeau
de votre pays et attend avec impatience l’engagement de votre politique nouvelle
dans la voie de la démocratie et de la liberté, de la dignité de l’homme et
de son honneur, conformément aux prescriptions des normes internationales.

Dans l’attente
de vous lire ou de vous rencontrer, je vous prie d’ agréer, Monsieur le Président
de la République, l’expression de ma parfaite considération.

Roger-Vincent
Calatayud