12/07/07 (B403) REUTERS : Un ex-conseiller de Chirac perquisitionné dans l’affaire Borrel (Info lectrice)

PARIS (Reuters) – Deux juges d’instruction ont perquisitionné mardi dans deux résidences de l’ancien conseiller de Jacques Chirac à l’Elysée pour l’Afrique, Michel de Bonnecorse, dans un dossier lié à l’enquête sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, apprend-on de source judiciaire.

Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia ont fouillé le domicile parisien de l’ex-conseiller présidentiel, dans le XIVe arrondissement, et des enquêteurs ont perquisitionné simultanément dans sa résidence secondaire, située dans les Bouches-du-Rhône, a-t-on précisé de source proche du dossier.

Les magistrates ont saisi notamment un carnet personnel de Michel de Bonnecorse, qui pourrait être prochainement interrogé. Le 2 mai, ces dernières avaient vainement tenté de perquisitionner son bureau à l’Elysée et la cellule "Afrique", mais la présidence leur en avait refusé l’accès en invoquant la séparation des pouvoirs.

Ce dossier visant de supposées "pressions sur la justice" de la part du pouvoir politique a été ouvert en mars 2007 en marge de l’enquête sur la mort de Bernard Borrel, dont le corps a été retrouvé à demi-calciné à Djibouti en 1995.

L’information concerne un communiqué publié le 29 janvier 2005 par l’ancien porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, aujourd’hui ambassadeur de France en Chine. Il annonçait la transmission d’une copie du dossier Borrel à Djibouti, dont les autorités sont pourtant soupçonnées du crime.

Cette transmission a été refusée par la juge chargée de l’enquête sur la mort du juge, et la veuve de Bernard Borrel a porté plainte.

Hervé Ladsous et d’autres témoins ont indiqué que le communiqué litigieux, censé constituer en lui-même une pression sur la justice, avait été élaboré après consultation de Laurent Le Mesle, alors conseiller à l’Elysée (il est aujourd’hui procureur général de Paris) et de la cellule "Afrique" de l’Elysée.

"Ces perquisitions sont dans la logique des investigations des magistrats instructeurs, M. de Bonnecorse a été mis en cause", a dit Me Olivier Morice, avocat de la veuve Borrel, à Reuters.

Les 19 et 20 avril derniers, les magistrates avaient perquisitionné les ministères des Affaires étrangères et de la Justice dans la même affaire, emportant de nombreux documents.

Ils ont montré que la France avait voulu faire remettre à Djibouti le dossier Borrel et qu’après le refus de transmission, l’Elysée aurait même suggéré à Djibouti de poursuivre la France devant la Cour internationale de justice.

Sur le fond de l’affaire Borrel, la présidence Sarkozy a marqué un tournant dans la position de l’Etat, puisque la veuve du magistrat a été reçue pour la première à l’Elysée, par Nicolas Sarkozy, le 18 juin.

Le soir même, le parquet de Paris a publié un communiqué déclarant officiellement que la thèse de l’assassinat était désormais retenue.