13/07/07 (B403) NOUVEL OBS / AFFAIRE BORREL : Djibouti réfute l’idée d’une d’enquête confiée au juge (Info lectrice)

Le procureur général de Djibouti juge "inconcevable" que l’ancien ministre djiboutien de la Justice ait demandé au juge Borrel d’enquêter sur Ismaël Omar Guelleh, l’actuel président.

En 2005, Jacques Chirac s’entretient avec Ismaël Omar Guelleh (AP) Après le témoignage d’un ancien militaire français affirmant que le juge Bernard Borrel s’était vu confier une enquête sur l’actuel président de Djibouti, le procureur général de Djibouti a jugé jeudi 12 juillet "inconcevable" une telle démarche. Dans un communiqué, le procureur Djama Souleiman Al a qualifié cette information "d’étape supplémentaire dans l’intoxication et la manipulation de l’opinion publique". Il voit "une contradiction insurmontable" dans cette version des faits.

"Les nombreux témoignages de l’entourage de Bernard Borrel et notamment celui de sa veuve ont toujours corroboré les relations conflictuelles entre le ministre djiboutien de la justice et son conseiller technique", a-t-il expliqué. Le magistrat français travaillait, au titre de la coopération, auprès du ministre de la Justice de Djibouti à la réforme du code pénal. Son corps en partie carbonisé a été retrouvé le 19 octobre 1995 en contrebas d’un ravin à 80 km de Djibouti.

"Luttes de pouvoir pour la présidence"

Un ancien membre du renseignement militaire, qui s’est exprimé le 27 juin dans le bureau de la juge chargée de l’enquête sur la mort du juge Borrel, a affirmé que "le ministre de la Justice de Djibouti, Moumin Badon Farah, avait chargé Bernard Borrel de constituer un dossier sur l’ensemble des trafics auxquels Ismaël Omar Guelleh était mêlé".

Selon son témoignage, la mission confiée au juge Borrel visait les agissements d’Ismaël Omar Guelleh (IOG), qui était alors chef de cabinet du chef de l’Etat Hassan Gouled Aptidon, son oncle, mais aussi l’un des candidats au pouvoir. "Il y avait des menaces graves du fait de luttes de pouvoir pour la présidence. C’était des batailles de clans", a déclaré l’ancien membre du deuxième bureau.

Selon "mes sources", a-t-il ajouté et celle d’un autre officier dont il cite le nom, "le ministre de la Justice Moumin Badon Farah avait chargé Bernard Borrel de constituer un dossier sur l’ensemble des trafics auxquels Ismaël Omar Guelleh était mêlé."

Il ajoute qu’"il s’agissait d’avoir des arguments pour écarter IOG de la course au pouvoir. Je précise que lorsque je parle de mes sources, cela représente des informations venant d’environ 80 personnes. Cette diversité permet de recouper les informations."