16/07/07 (B404) L’HUMANITE – Borrel aurait enquêté sur le président djiboutien Justice. Un nouveau témoignage pourrait expliquer l’assassinat du juge.

Pourquoi Bernard Borrel est-il mort ?

Depuis le 19 juin, à la suite de la rencontre entre sa veuve et le président de la République, on sait avec certitude que le magistrat retrouvé mort à Djibouti en 1995 a été assassiné. Mais si les autorités judiciaires ont finalement abandonné la thèse longtemps défendue du suicide, elles n’ont en revanche que peu d’éléments pour trouver le motif et l’auteur du crime. Le témoignage d’un ex-membre du renseignement militaire, recueilli le 27 juin par la juge Sophie Clément, pourrait éclairer ce mystère.

Selon ce témoin, le ministre djiboutien de la Justice de l’époque, Moumin Badon Farah, auprès duquel Borrel travaillait comme coopérant, « avait chargé M. Borrel de constituer un dossier sur l’ensemble des trafics auxquels Ismaël Omar Guelleh était mêlé ». Ce dernier, dit IOG, devenu en 1999 président de Djibouti, « participait à un certain nombre de trafics qui incluaient des coopérants français ». Et agir contre lui « dérangeait par conséquent tant la communauté djiboutienne que la communauté française ». Ces enquêtes contre IOG auraient été menées, toujours selon cet ex-homme des renseignements, dans un contexte de « lutte de pouvoir pour la présidence ».

Moumin Badon Farah, qui prétendait accéder à la fonction présidentielle, aurait cherché des arguments pour discréditer IOG, alors dauphin désigné du président Aptidon. Si cette hypothèse – infirmée par l’avocat de Djibouti – était confirmée, elle ouvrirait la porte à d’autres interrogations sur ce que les autorités françaises savaient des enquêtes de Borrel.

Camille Bauer