10/08/07 (B407) AFP / MOGADISCIO : Somalie : 4 morts dans de violents affrontements à Mogadiscio (Info lectrice)

Des combats à l’arme lourde, les plus intenses depuis avril, ont opposé à Mogadiscio dans la nuit de jeudi à vendredi des insurgés aux soldats somaliens et éthiopiens, faisant 4 tués et mettant encore plus en doute l’utilité de la réunion de paix qui a débuté mi-juillet.

Ces affrontements sont les plus intenses depuis les très violents combats d’avril à Mogadiscio entre les forces somaliennes alliées à l’armée éthiopienne et les insurgés, parmi lesquels figurent des miliciens islamistes. La bataille d’avril avait fait des centaines de morts.

Les violences, qui ont éclaté jeudi peu avant minuit (21h00 GMT) et ont duré jusqu’à environ 01h30 (22h30 GMT), se sont déroulées dans le sud de Mogadiscio et ont fait au moins quatre morts et plusieurs blessés, selon un bilan compilé auprès de la police, de l’armée somalienne et de témoins. La situation était calme vendredi à la mi-journée.

Selon des témoins, les plus intenses combats se sont produits près du poste de police Holwadag. Les insurgés "nous ont attaqués avec des mitraillettes et des lance-roquettes, mais nous les avons défaits", a raconté Hussein Mohamed Farah, policier en poste à Holwadag au moment de l’attaque, qui a fait état d’un civil tué dans une maison.

Utilisant des lance-roquettes et des obus de mortier, les insurgés ont attaqué les forces gouvernementales stationnées près d’une ancienne usine, faisant deux morts parmi les soldats somaliens, selon un officier militaire sous couvert d’anonymat. Le corps d’un civil abattu d’une balle dans la tête a en outre été retrouvé près du carrefour d’Ali Kamin, théâtre de coups de feu et où sont stationnés des militaires éthiopiens.

Cette éruption de violence intervient alors que Mogadiscio accueille depuis le 15 juillet et sous très haute sécurité une conférence de "réconciliation nationale", qui ambitionne de ramener la paix dans un pays dévasté par 16 ans de guerre civile. Cette énième conférence de paix, convoquée sur pression de la communauté internationale, a été suspendue jeudi après-midi et pour cinq jours, pour des raisons techniques.

Des doutes sur l’utilité de cette réunion planent depuis son ouverture, car elle est boycottée par le mouvement islamiste qui représente la principale opposition au gouvernement somalien. Les délégués à la conférence représentent leur clan respectif, alors que les principales violences qui endeuillent aujourd’hui la Somalie ne sont pas le résultat de conflits entre clans, mais de cette opposition entre gouvernement et islamistes.

Fin décembre 2006-début janvier 2007, les tribunaux islamiques ont été défaits par l’armée éthiopienne alliée aux forces somaliennes, et ont perdu les régions somaliennes qu’ils contrôlaient depuis plusieurs mois.

L’armée éthiopienne est intervenue en Somalie voisine officiellement fin 2006, prétextant que les tribunaux islamiques représentaient une menace contre le régime d’Addis Abeba. Depuis la défaite des islamistes, Mogadiscio est le théâtre d’attaques très fréquentes.

En marge des dernières violences, la police somalienne a fait fermer vendredi la radio Shabelle, une des principales radios à Mogadiscio, et a arrêté sept de ses employés, selon un journaliste de ce média local.

On ignorait dans l’immédiat les raisons de la fermeture de la radio. Depuis fin décembre 2006, Shabelle a été fermée au total à trois reprises, les autorités somaliennes lui ayant notamment reproché d’avoir une "couverture qui incite à la violence".