14/08/07 (B408) NEW YORK (AFP) – Somalie : l’ONU pas encore prête à remplacer la force de paix africaine (Info lectrice)

Le Conseil de sécurité de l’ONU va réaffirmer son soutien à l’Amisom, la force de l’Union africaine (UA) en Somalie, mais attendra des circonstances plus favorables pour y substituer éventuellement une force de l’ONU, ont indiqué lundi des diplomates.

La Grande-Bretagne déposera cette semaine un projet de résolution approuvant le renouvellement pour six mois du mandat de l’Amisom décidé le 18 juillet par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, ont-ils précisé à l’issue de consultations sur la Somalie, pays de la Corne de l’Afrique ravagé par seize ans de guerre civile.

L’Amisom est déployée depuis mars 2007 à Mogadiscio, la capitale, mais est en sous-effectif et sous-financée.

Sur un effectif autorisé de 8.000 hommes, cette force ne compte aujourd’hui que 1.700 hommes, en provenance d’Ouganda, a indiqué à la presse François Fall, représentant spécial de l’ONU en Somalie. Elle attend prochainement 1.500 hommes du Burundi et devrait recevoir aussi des contributions -non chiffrées- du Nigeria et du Ghana, a-t-il ajouté.

L’UA souhaite que l’ONU prenne le relais de l’Amisom à la fin de son mandat, fin 2007. Mais selon un diplomate occidental, la hiérarchie de l’ONU est réticente à cette idée, tant que la paix ne règne pas dans le pays.

L’ONU est déjà intervenue en Somalie, au début des années 90, et en garde un douloureux souvenir: l’opération s’était soldée par un fiasco avec la mort de 151 Casques bleus.

« Nous ne sommes pas encore prêts à prendre le relais » de l’Amisom, a déclaré le représentant adjoint de la Chine à l’ONU, Liu Zhenmin. Selon lui, le Conseil de sécurité pourrait demander au secrétaire général, Ban Ki-moon, de lui proposer un plan de soutien à l’Amisom, « quelque chose d’intermédiaire entre le déploiement d’une force de l’ONU et ne rien faire ».

« L’objectif serait d’adopter une résolution permettant aux Nations unies d’être beaucoup plus présentes en Somalie », a confirmé l’ambassadeur du Congo Pascal Gayama, qui préside le Conseil en août.

« En Somalie, nous devons passer de l’unilatéralisme à un soutien multilatéral de manière beaucoup plus vigoureuse et cohérente », a-t-il ajouté, estimant que « la communauté internationale ne doit pas donner l’impression qu’elle se désintéresse de la Somalie ».

L’ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert, a indiqué à l’AFP qu’en séance, la France avait fait valoir que « la question d’une implication de l’ONU en Somalie devait rester ouverte ».

M. Ripert a également souligné la gravité de la situation humanitaire en Somalie. Le 27 juillet à Addis Abeba, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s’était dit favorable à une intervention de l’ONU en Somalie, la jugeant « plus facile » qu’au Darfour.

« L’urgence est grande (…) En Somalie, on pourrait intervenir et rétablir un peu la situation », avait-il déclaré.

Mogadiscio est le théâtre d’attaques meurtrières depuis la débâcle, il y a sept mois, des islamistes, qui ont perdu les régions qu’ils contrôlaient depuis la mi-2006. Les combats ont fait fuir près d’un tiers des habitants de la capitale depuis le début de l’année et quelque 400.000 Somaliens seraient également déplacés à l’intérieur du pays, estime l’ONU.

Mercredi, plusieurs attaques ont fait au moins quatre morts et plusieurs blessés, à la veille de la reprise prévue de la conférence de réconciliation nationale, destinée à tenter de ramener la paix en Somalie.